

Février 2019
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AGEFI Luxembourg
Economie
La crise entre le Qatar et les autres pays
du Conseil de Coopération du Golfe
(GCC) apparaît extraordinairement
compliquée : hacking, division du
monde arabe, volte-face du prési-
dent américain, exigences irréalistes
du GCC, etc. Comment voyez-vous
cette crise se terminer ?
Nous avons affirmé, dès le pre-
mier jour de cet embargo injuste
sur le Qatar, que cette crise est une
crise provoquée et dont les raisons
ont été fabriquées de toutes pièces.
Cette crise a commencé par le piratage
du site de l’agence de presse Qatarie
et la diffusion de fausses décla-
rations attribuées à Son
Altesse Sheikh
Tamim
bin
Hamad
Al
Thani, l’Émir du
Qatar, afin de justi-
fier cet embargo et de
dresser une liste de 13
demandes irréalisables.
Les pays du blocus visaient
à travers cette crise le contrô-
le de la souveraineté du Qatar et
la liberté d’expression dont il
jouit. Ces objectifs sont apparus très
clairement avec la liste des demandes. Ceci est
inacceptable et la souveraineté de mon pays est
une ligne rouge à ne pas dépasser.
Nous avons appelé depuis le départ au dialogue
comme solution pour cette crise, un dialogue
basé sur le respect mutuel. De plus, nous avons
exprimé notre soutien à la médiation koweitien-
ne et nous demeurons convaincu que seul le dia-
logue peut mettre fin à la crise.
Quel est le rôle politique que le Qatar veut
mener dans le Golfe ?
Le Qatar continuera à jouer un rôle significatif
pour la régiondugolfe, lemonde arabe et ailleurs
surtout lorsqu’il est question de sécurité, de paix
et de stabilité. Nous estimons que
l’unité des pays du Conseil de
CoopérationduGolfe est crucia-
le pour la stabilité de la région
et dans lutte contre le terroris-
me, et cette crise a eu sans
aucun doute des effets néga-
tifs sur ces efforts.
Quel a été l’effet de cette
crise sur l’économie ? Les
chiffres sont toujours excel-
lents.
LeQatar a réussi àdépasser les effets
de la crise. Les institutions finan-
cières et les marchés sont
o p t i m i s t e s
quant à la
situation au
Qatar.
La
Banque
mondiale estime
que le taux de
croissance attein-
dra les 3% en 2019.
Notre économie
est plus solide, nous
sommes aussi plus auto-
nomes et nos relations avec nos
partenaires se sont intensifiées.
Les exportations ont augmenté de 18% ce qui a eu
un effet positif sur la balance commerciale.
Les données de la banque centrale duQatar illus-
trent la bonne performance financière de Doha.
Les réserves internationales et la liquidité en
devises du Qatar, qui avaient chuté de 20% au
cours des premiers mois suivant le blocus, sont
maintenant revenues à la normale et se chiffraient
à 46,5milliards de dollars à la fin dumois de sep-
tembre 2018.
Les réserves totales des banques commerciales au
Qatar ont augmenté de 5% au cours des neuf pre-
miersmois de 2018, signe que lesmesures préven-
tivesprisespar lesbanquesqatariesont amélioré la
résilience du système bancaire.
L’État a continué à financer les projets de la
coupe dumonde sans que cela n’impacte les pro-
jets de la vision nationale 2030.
La crise a-t-elle permis au Qatar d’élargir ses
relations économiques avec d’autres pays,
comme la Turquie ?
Les relations entre le Qatar et la Turquie sont très
importantes et historiques. Elles ont connu une
grande évolutiondurant lesdernières annéesdans
plusieurs domaines sous le commandement de
S.A. l’Émir et le président Recep Tayyip Erdogan.
Les relations du Qatar avec de nombreux autres
pays sont en constante évolution grâce au res-
pect mutuel et la volonté de coopérer pour le
bien commun.
La crise a-t-elle permis au Qatar de diversifier
son économie ? Comment ?
Le Qatar a choisi depuis des années les principes
de l’autonomie et de l’ouverture économique
afin de faire face auxmultiples défis aux niveaux
régional et international. Ce choix a permis de
promouvoir l’industrie et la place du Qatar
comme axe commercial essentiel dans la région.
L’État a encouragé les investisseurs, les hommes
d’affaires et les industriels afin d’identifier les
besoins nationaux et surtout au niveau alimentai-
re et sanitaire. Le secteur privé joue aussi un rôle
prépondérant dans le renforcement des relations
commerciales avec les pays partenaires.
L’État planifie de développer ses relations com-
merciales afin de devenir un axe important reliant
la région aux grands centres commerciaux, de
diversifier les sources de ses importations pour
faciliter le flux des marchandises de bonne qualité
et avec des prix adéquats vers le marché local.
L’État accorde aussi une importance particulière
au développement durable garant de l’évolution
de la société qatarie et du bien-être de ses enfants.
Quelles sont aujourd’hui les relations duQatar
avec le Grand-Duché ?
Le Qatar entretient d’excellentes relations avec le
Grand-Duché du Luxembourg. Ces relations ont
connu une croissance soutenue en raison de l’é-
change de visites officielles et de la signature
d’accords bilatéraux dans divers domaines,
notamment dans les domaines économique,
financier, scientifique et culturel.
Nous continuons à œuvrer au renforcement des
liens de coopération dans divers domaines, y
compris l’innovation et la technologie. Le Qatar
considère l’innovation comme une priorité abso-
lue afin de créer une économie diversifiée et
compétitive.
Dans son allocution lors du 2
ème
forum écono-
mique entre le Qatar et le Luxembourg, en mai
2016, le ministre de l’Économie du Qatar a indi-
qué que de telles initiatives contribuent à
accroître le volume des échanges commerciaux
entre les deux pays et à établir des partenariats
efficaces et de nouvelles opportunités d’investis-
sement entre les hommes d’affaires qataris et
leurs homologues luxembourgeois. Le ministre
des Finances du Luxembourg, Pierre Gramegna,
a salué les développements intervenus au Qatar
dans tous les domaines et a souligné le souci de
de resserrer les liens entre les deux pays.
Mais nos relations ne s’arrêtent pas au domaine
économique, Le Qatar a aussi été fêté au Grand-
Duché à l’occasion de l’organisation des journées
culturelles du Qatar au Luxembourg en 2014.
Les festivités ont été aussi l’occasion de la signa-
ture d’unmémoire d’entente dans le domaine de
la coopération culturelle, signe du renforcement
des relations entre les deux pays, d’ouverture et
de rapprochement des peuples.
LaPlaced’Armes a revêtu les couleursdudrapeau
qatari deux jours durant et a offert un spectacle de
première qualité aux ministres, ambassadeurs et
hauts fonctionnaires présents. Tout au long de ces
deux journées, les visiteurs et les passants ont pu
découvrir un pan de la culture et des traditions
qataries grâce aux multiples stands installés sur la
Place d’Armes et aux spectacles de musique.
Interview avec S.E. M. Abdulrahman Mohammed Al-KHULAIFI, Ambassadeur du Qatar :
Un rôle significatif pour la sécurité, la paix et la stabilité
Dates
prévisionnelles
d’application
Nouvelles publications
Janvier 2019
N/A
Entreprises d’investissement : Le Conseil arrête sa position sur le nouveau cadre
réglementaire et de surveillance
Les ambassadeurs auprès de l’UE ont approuvé la position du Conseil concernant un
ensemble de mesures, comprenant un règlement et une directive, établissant un nouveau
cadre réglementaire pour les entreprises d’investissement. Les textes définissent des
exigences prudentielles et des mesures de surveillance adaptées au profil de risque et au
modèle d’entreprise des entreprises d’investissement, tout en assurant la stabilité financière.
Jusqu’à présent, toutes les entreprises d’investissement étaient soumises aux mêmes règles
en matière de capital, de liquidité et de gestion du risque simplifiées par rapport à celles des
banques.
Sur la base du texte approuvé, les entreprises d’investissement devraient être soumises à
de nouvelles mesures clés, notamment en ce qui concerne les participations au capital, les
déclarations, la gouvernance d’entreprise et la rémunération, mais les exigences qu’elles
seraient tenues d’appliquer varieraient en fonction de leur taille, de leur nature et de leur
complexité allant jusqu’à l’application complète des règles bancaires.
Le texte du Conseil renforce également le régime d’équivalence, tel qu’il est exposé dans la
MIFID II/le MIFIR, qui serait applicable aux entreprises d’investissement de pays tiers.
N/A
Rapport de l’Autorité européenne des marchés financiers sur le cadre réglementaire
s’appliquant aux crypto-actifs
L’Autorité européenne des marchés financiers a publié un rapport sur le cadre réglementaire
s’appliquant aux crypto-actifs. L’ESMA prône de nouveaux textes pour protéger les
investisseurs, la législation actuelle étant insuffisante.
L’ESMA souligne le potentiel des technologies de registre distribué (DLT) et ne voit pas de
risques significatifs pour la stabilité financière. Mais elle met en garde contre les risques
associés à ces actifs aux cours volatils et souvent peu liquides : risques de fraude, de cyber-
attaque, de blanchiment, de manipulations de marchés, auxquels il faut répondre « de
manière proportionnée. »
Le rapport de l’ESMA précise qu’un certain nombre d’actifs cryptographiques ne relèvent pas
du cadre réglementaire financier actuel. Cela pose des risques substantiels aux investisseurs
qui disposent d’une protection limitée ou inexistante lorsqu’ils investissent dans ces actifs.
Dans ses recommandations, l’autorité de régulation souligne qu’il faudrait s’assurer que tous
les crypto-actifs et les activités liées soient « au minimum » soumis aux obligations de la
directive anti-blanchiment – notamment les plateformes d’échanges de « crypto à crypto ».
03/01/2019
Loi du 13 janvier 2019 instituant un Registre des bénéficiaires effectifs
La Loi du 13 janvier 2019 instituant un Registre des bénéficiaires effectifs au Luxembourg,
transposant l’article 30 de la 4
ème
directive AML, a été publiée le 15 janvier 2019 au Memorial A.
La Loi RBE entrera en vigueur le 1
er
mars 2019. A partir de cette date, toute entité concernée
disposera d’un délai de six mois pour se mettre en règle avec ses nouvelles obligations légales
d’identification. Un Règlement Grand-Ducal détaillant le processus de dépôt et d’inscription
doit encore être adopté.
Le RBE sera tenu par les Luxembourg Business Registers. Toute entité inscrite aura
l’obligation de fournir certaines informations, à l’exception de celles dont les titres sont admis
à la négociation sur un marché règlementé au Luxembourg, dans un Etat membre de l’UE
ou dans un pays assimilé. Dans ce cas les entités devront uniquement inscrire le nom du
marché réglementé sur lequel leurs titres sont admis à la négociation.
REGULATORY
COMPLIANCE
SENTINEL
Tous les textes originaux sont disponibles en intégralité
sur
www.deloitte.com/lu/regulatory-newsou en scannant ce QR code :
E
n date du 11 février 2019, le Premier
ministre, ministre d’État, Xavier
Bettel, a accueilli à l’Hôtel de
BourgogneMichel Barnier, négociateur en
chef responsable du groupe de travail de la
Commission européenne chargé de la pré-
paration et de la conduite des négociations
avec le Royaume-Uni au titre de l'article 50
du traité sur l’Union européenne.
Les discussions ont permis d’aborder en profon-
deur la situation actuelle en rapport avec le Brexit.
"Nous sommes à 46 jours de la date du 29 mars
2019 qui, si rienne change, sera ladate de sortie du
Royaume-Uni de l‘Union européenne", a souligné
le Premier ministre lors de l’entretien en précisant
queleLuxembourgaintensifiélesprécautionspour
le Brexit, avec ou sans accord.
XavierBetteladéploréqu’iln’yaitaucunvainqueur
à l’issue du processus du Brexit : "Le Brexit ne pro-
duira que des perdants, et en cas d’un No-Deal,
nous serons tous encore davantage perdants, des
deux côtés de laManche."
LePremierministreaparailleursrappeléqueles27
et la Grande-Bretagne s’étaient mis d’accord en
novembre sur l’accord de sortie avec le gouverne-
ment britannique, y inclus le Back-Stop. Il s’est
cependant dit prêt à écouter les doléances du gou-
vernement britannique et à aider à trouver des cla-
rifications. "Il est tout aussi clair que la situation
actuelle expose les carences fondamentales de
l‘argumentaire des Brexiteers", a constaté Xavier
Bettel."Peuimportel’issuedespourparlersàvenir",
a souligné Xavier Bettel, "le Luxembourg attachera
une haute importance à l’intégrité dumarché inté-
rieur et du level playing field.
Finalement le Premier ministre a rappelé que le
peuple britannique a toujours été un partenaire
importantetamidepremierchoixduLuxembourg:
"Nous sommes reconnaissants au peuple britan-
niquepoursoncouragelorsdelaDeuxièmeGuerre
mondiale, qui a permis de préserver la démocratie
en Europe et au Luxembourg et j‘éprouve beau-
coupderespectetd‘amitiépourlaGrande-Bretagne
et ses citoyens."
Source : ministère d'État
Xavier B
ETTEL
reçoit Michel B
ARNIER
:
«Le Brexit ne produira
que des perdants »
Michel B
ARNIER ET
Xavier B
ETTEL
lors de la conférence de presse
©METAT