Juillet / Août 2019
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AGEFI Luxembourg
Fonds / Bourse
L
orsqu’il devient plus facile de
lever des capitaux que de les
investir, les évaluations des
entreprises-cibles atteignent des
niveaux record et le spectre d’une
bulle spéculative apparaît.
Eclatement de la bulle ou pour-
suite d’une croissance soutenue,
qu’en pensent les sociétés-
cibles ? Conscients des risques à
venir, les petites et moyennes
entreprises prédisent toutefois une
croissance significative. Les pré-
dictions des économistes
quant à un ralentisse-
ment économique
imminent ébranle-
ront peut-être la
confiance de certains
observateurs du mar-
ché, mais les sociétés
non-cotées de taille
moyenne, comme leurs
homologues des marchés
publics, semblent impertur-
bables. Plutôt que de connaître une bais-
se de confiance dans leurs performances
financières futures, les sociétés privées
semblent enhardies, leurs prévisions de
croissance des revenus ayant plus que
doublé par rapport à 2018. Elles misent
en effet sur une amélioration des pers-
pectives de croissance économique mon-
diale et intérieure l’année prochaine.
Les entreprises privées sont parfaitement
conscientes des risques qui se profilent à l’hori-
zon. Cependant, elles ont l’intention de mainte-
nir le cap, réalisant des fusions et acquisitions
réfléchies tout en se concentrant sur les investis-
sements technologiques pour les aider à déve-
lopper leur agilité et leur résilience.
Des perspectives de
croissance à deux chiffres
59%* des dirigeants de sociétés non-cotées affir-
ment s’attendre à une croissance à deux chiffres
en 2019 pour leur entreprise et sont globale-
ment optimistes par rapport aux fondamentaux
macroéconomiques. Près de trois dirigeants de
sociétés non-cotées sur quatre espèrent que leur
optimisme à l’égard des bénéfices des entre-
prises, de la stabilité du marché à court terme,
de la disponibilité du crédit et de la valorisation
des actions s’améliorera aux niveaux mondial
et local au cours de l’année à venir.
Les sociétés privées dont les revenus se situent
entre 100 et 250 millions de dollars sont encore
plus optimistes, 71%* d’entre elles tablant sur
une croissance à deux chiffres. Les projections
de croissance varient selon les géographies. Les
sociétés américaines sont en tête avec 84%
d’entre elles prévoyant une croissance de 11%
ou plus, alors que 41% des dirigeants d’Asie-
Pacifique s’attendent à une telle croissance.
Parmi les petites et moyennes entreprises
européennes, 56% d’entre elles anticipent une
croissance à deux chiffres.
Cette vague de confiance pourrait indiquer que
nous avons atteint un pic et que des temps dif-
ficiles se profilent à l’horizon. Quoi qu’il en soit,
les sociétés privées élaborent des stratégies de
dépenses en capital et de dépenses opération-
nelles pour atteindre leurs objectifs de croissan-
ce à deux chiffres.
Investir dans les technologies pour
parer aux imprévus et être flexible
Un des moyens utilisés par les entreprises
privées pour relever le défi de la croissance et
renforcer leur résilience consiste à investir dans
les technologies. Presque tous les dirigeants de
sociétés privées (96%*) affirment que leurs
organisations vont investir considérablement
dans les technologies au cours de l’année pro-
chaine. Un sur quatre déclare maintenant qu’il
utilisera l’intelligence artificielle et l’automatisa-
tion dans ses stratégies de gestion des talents,
soit quatre fois plus qu’en 2018. Les dirigeants
de sociétés privées exploitent les technologies
pour ajouter de la flexibilité dans leurs pro-
grammes de recrutement et maximiser l’utilisa-
tion de leurs ressources.
Les entreprises privées utiliseront également les
technologies pour accroître la personnalisation
des offres de produits et de services, ainsi que
pour améliorer les services à la clientèle. 70%*
affirment qu’ils vont développer leurs capacités
en interne, en partie pour assurer la compatibi-
lité avec les systèmes existants, et en partie pour
acquérir un avantage concurrentiel. Le pour-
centage d’entreprises privées
investissant dans les techno-
logies pour la gestion des
risques, y compris la
cybersécurité, a également
augmenté de manière
significative, ayant plus
que doublé, passant de
7%* en 2018 à 18%* en
2019.
L’utilisation des nou-
velles technologies
n’est pas sans lien
avec l’augmentation
des évaluations des
entreprises et l’op-
timisme de leurs
dirigeants. La
bulle pour-
rait ainsi
avoir des
fondements
moins légers que
ce que craignent
les observateurs. Les
technologies, vecteurs
de productivité, soutien-
nent en effet la création de valeur des entre-
prises.
Au cours des douze prochains mois, les sociétés
privées devraient donc accorder la priorité au
développement de nouveaux produits ou ser-
vices et à l’expansion de leurs activités sur les
marchés nationaux et les secteurs adjacents,
tout en s’efforçant d’atteindre leurs objectifs de
croissance. Les investissements continus dans
les nouvelles technologies devraient les aider à
rester agiles et à faire face aux principaux
risques organisationnels et mondiaux. Ainsi, en
cas de retournement de l’économie mondiale,
les entreprises tenteront de faire preuve de rési-
lience. Si les évaluations actuelles des sociétés
sont très élevées, il n’en reste pas moins que les
fondamentaux sont solides pour assurer la
croissance, ou tout au moins pour résister à une
éventuelle entrée en récession.
* EY Global Capital Confidence Barometer 2019
Olivier COEKELBERGS
Private Equity Leader, EY Luxembourg
Marie-Laure MOUNGUIA
Senior Manager, Private Equity, EY Luxembourg
Private Equity : de vous àmoi…
Private Equity : le spectre de la bulle spéculative
24-25 September 2019, Luxembourg
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