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Juillet / Août 2019

III

AGEFI Luxembourg

Assurances

A

u 31 décembre 2018, Cardif Lux Vie

réalise une très bonne année, avec

un chiffre d’affaires

(1)

de 2,8 mil-

liards d’euros. La Compagnie atteint 25,3

milliards d’euros d’actifs sous gestion

(1)

et

affiche un Résultat Net Avant Impôts

(2)

de

48,7 millions d’euros. Dans un contexte

d’instabilité économique et financière,

Cardif Lux Vie a conservé une dynamique

de croissance organique avec le maintien

de son encaissement en Unités de Compte

et une forte progression de sa collecte

nette. La Compagnie consolide ainsi sa

position d’acteur majeur sur le marché de

l’assurance vie luxembourgeoise, avec une

année record au niveau dumarché local

luxembourgeois.

Cette année a également été marquée par l’ac-

quisition d’ABN AMRO Life S.A., renommée

Cardif Life, par l’acquisition de la participation

d’Ageas par BNP Paribas Cardif, ainsi que par la

mise en place d’un nouveau système de gestion

des polices, socle de la transformation digitale de

la Compagnie.

WealthManagement :

hausse de la collecte nette

Cardif Lux Vie confirme la solidité de son posi-

tionnement international, proposant des solu-

tions de structuration patrimoniale pour les rési-

dents de 7 pays européens (France, Italie,

Belgique, Royaume-Uni, Espagne, Portugal et

Luxembourg) et de 11 pays hors de l’Espace

Economique Européen. L’activité Wealth

Management enregistre un chiffre d’affaires

(1)

de

2,6milliards d’euros et la collecte nette

(1)

atteint 1,3

milliard d’euros. Cet encaissement est équilibré,

tant géographiquement avec ses partenaires

internationaux, qu’au niveau de la répartition

entre Fonds Général et Unités de Compte, ces

dernières représentant 64% de la collecte.

Affichant uneprogressionde 14,6%, les actifs sous

gestion

(1)

pour l’activité Wealth Management

atteignent 23,7 milliards d’euros.

Marché local : une année record avec

une collecte de 185,8millions d’euros

Au niveau du marché local luxembourgeois,

Cardif Lux Vie réalise une année record et

confirme ainsi sa position de leader en

Bancassurance. La collecte globale atteint 185,8

millions d’euros, en progression de 10% par

rapport à 2017. L’offre unique en matière d’é-

pargne, à savoir le Fonds Général Cardif Lux

Vie, combinée à une forte demande des clients

particuliers résidents pour des solutions pru-

dentes de protection du capital, permet d’enre-

gistrer une excellente performance en Epargne

qui atteint 157 millions d’euros en 2018.

En termes de Prévoyance, Cardif Lux Vie enre-

gistre une stabilisation de la collecte à 28,6 mil-

lions d’euros. La croissance économique et

démographique du pays ainsi que la belle per-

formance du réseau BGL BNP Paribas (partenai-

re de référence de Cardif Lux Vie) au niveau des

crédits hypothécaires expliquent les résultats

solides de la Compagnie sur le segment de l’as-

surance des emprunteurs. Le marché très

concurrentiel de l’Employee Benefits a légère-

ment impacté la tendance haussière de ces der-

nières années sur cette activité.

1)IntégrationdesrésultatsdeCardifLife,filialeà100%deCardifLuxVie

2) Résultat Net Avant Impôts aux normes locales Lux GAAP, soit un

Résultat Net Avant Impôts de 31,5 millions d’euros aux normes IFRS

Groupe.

3)IntégrationdesrésultatsdeCardifLife,filialeà100%deCardifLuxVie

2018, une belle année

pour Cardif Lux Vie

D

ans un contexte de taux d’intérêts

bas et de rendements à moyen et

long terme faibles, les assureurs

cherchent à proposer à leurs investisseurs

et leurs réseaux de distribution des pro-

duits générant des rendements plus attrac-

tifs. On les voit alors faire bon usage des

évolutions réglementaires pour se tourner

vers le Private Equity et l’immobilier.

Raphaël Bonfiglioli, CEOde OWL

Advisory, nous guide dans cette analyse

des avantages et des risques liés à ce type

d’investissements appliqués à des produits

d’assurance-vie.

Par Isadora PARDO, directeur associée, TechFin

Luxembourg S.A. et Raphaël BONFIGLIOLI (cf. photo),

partenaire fondateur, OWLAdvisory S.A.

Traditionnellement conservateurs et privilégiant

les investissements du type «plain vanilla», les

sociétés d’assurances en Europe, et au

Luxembourg en particulier, ont vu s’essouffler les

investissements dans des titres cotés. En effet, là où

on pouvait raisonnablement espérer des rende-

ments à deux chiffres dans les années 1990, ou

encore avoisinant les 5%audébut des années 2000,

ils ont désormais du mal à proposer des rende-

ments positifs dans le contexte actuel sur la seule

basede leurs investissements traditionnels. Ceci est

sans compter le fait que souvent, les maigres per-

formances sont encore grevées par des frais de ges-

tion difficilement compressibles. Incités par la

menace d’une baisse de la collecte d’une part et la

pression des rendements garantis de certains de

leurs produits d’autre part, ils ont cherché à élargir

la gamme des possibles en matière d’investisse-

ments cibles.

Les investissements dans des actifs de type capital-

investment (privateequityausens large, incluant le

venture capital, les fonds de dette et d’infrastructu-

re) ou encore dans de l’immobilier professionnel

ont présenté, au cours de la dernière décennie, des

rendements attractifs dans le contexte actuel de

tauxbas. Pourpeuque l’investisseur soit prêt à lais-

ser le capital investi sur une durée d’au moins dix

ans, on a pu observer des TRI (taux de rendement

interne) dont il n’était pas rare qu’ils atteignent ou

dépassent les deux chiffres. Cependant, de tels pla-

cements ne sont pas sans risque. Ce niveau de

risque est d’ailleurs l’une des raisons principales

pour laquelle les assureurs, ayant par nature une

faible appétence pour les placements volatiles, s’en

étaient longtemps désintéressés.

L’autre raison de cette frilosité était le manque de

liquidité de ces actifs. Raphaël Bonfiglioli, associé

fondateur de la société OWLAdvisory spécialisée

dans l’accompagnement et le montage de struc-

tures d’investissement à destination des Family

Offices et de la gestion de fortune, nous l’explique

précisément. «Le principal obstacle qui bloquait

jusqu’ici la possibilité de proposer des titres de

PME non cotés dans l’assurance vie était le pro-

blème du besoinde liquidité des titres. Que ce soit

dans des investissements dans le Real-Estate, le

Private-Equity ou dans d’autres investissements

par exemple tels que les œuvres d’art ou les voi-

turesde collections, l’accessibilité à ceux-ci via l’as-

surance-vie était compliquée et demandait un

exercice d’acceptation des dossiers toujours plus

complexe. Alors que l’assurance-vie se présente

d’abord comme un accompagnement sur le long

terme, ce besoin de liquidité peut apparaître para-

doxal puisque c’est bien sur ces longues périodes

que le Private-Equity et le Real-Estate enregistrent

généralement de meilleures performances par

rapport aux autres classes d’actifs.» Pourtant, on

ne peut ignorer les cas où le contrat d’assurance-

vie doit faire l’objet d’un remboursement anticipé,

ne serait-ce que dans l’hypothèse du décès du

souscripteur.

Allier gestion du risque sous-jacent, contrainte de

liquidité partielle et exigence de placement à long

terme tout en facilitant le financement du tissus

des PME et de l’économie et en permettant aux

assureurs de redorer leur blason par des perfor-

mances affichées plus attractives, telle est la pro-

blématique à laquelle les professionnels du secteur

se sont attachés à répondre, aidés dans leur efforts

par le Législateur. Face à l’essoufflement des per-

formances sur les instruments de taux et les titres

cotés et une fois les efforts conjoints de rationalisa-

tion des niveaux de frais effectués, chacun s’est

accordé à admettre que les investissements alter-

natifs étaient la réponseévidenteàuneexigencede

rendement. Dès lors, comment s’absoudre, au

moins en partie, de la contrainte liée à la liquidité ?

EnFrance, le législateur y a répondudès 2015, avec

la Loi Macron qui permet à l’assureur, en cas de

remboursement avant terme du contrat d’assuran-

ce-vie, de verser jusqu’à dix pourcent des avoirs au

bénéficiaire en titres vifs. Une partie du risque de

liquidité est de ce fait transféré sur le bénéficiaire.

Ainsi, dans ce pays, les produits d’assurances en

unités de compte peuvent contenir jusqu’à dix

pourcent de FCPR (fonds communs de placement

àrisque),véhiculesleplussouventmajoritairement

investis dans des actions de Private Equity. Au

Luxembourg, les possibilités sont encore plus

grandes, au travers de véhicules d’investissement

d’assurances dédiés, tels que les FID (fonds

internes dédiés) et, depuis 2015, les FAS (fonds

d’assurance spécialisés). Ces nouvelles solutions

ont permis de donner accès, pour les contrats d’as-

surance-vie luxembourgeois, à la gestion conseillée

telle qu’elle existe dans des pays voisins depuis

quelques années, pour la clientèle haut de gamme

des HNWI (high net worth individuals) et

UHNWI (ultra high net worth individuals).

Raphaël Bonfiglioli, de par son expérience avec sa

clientèle de Family Offices, voit immédiatement

les avantages de ce type de produits investis dans

le tissus des PME, les infrastructures et l’immobi-

lier au travers des fonds alternatifs de Private

Equity et de Real Estate. «Au-delà de l’aspect ren-

dement qui, au cours de la dernière décennie, a

montré son attractivité, ces investissements alter-

natifs permettent de diversifier les placements car

les performances sont peu corrélées à celles des

marchés financiers.Deplus, investirdansdes titres

de sociétés non cotées via un contrat d’assurance

vie permet de bénéficier du cadre réglementaire,

de la fiscalité et de la planification de l’assurance-

vie.» Ces investissements, assortis d’un aspect

risquequi reste incontournable,mêmeentourésde

toute la gouvernance nécessaire, ne sont néan-

moins pas destinés à tous types d’investisseurs.

Ainsi que le précise Raphaël, «le capital-investisse-

ment et le Real Estate nécessitent de mobiliser l’é-

pargne sur de longues périodes : les fonds de

Venture Capital ont souvent une durée de dix ans.

Par ailleurs, la prise de risque est en général signi-

ficative. C’est pourquoi ils sont plutôt réservés à

une clientèle professionnelle ou patrimoniale,

capabled’engager sonplacement sur le long terme

et de supporter un risque de perte en capital.»

Les nouvelles orientations de gestion des produits

d’assurance-vie tels que les FID et les FAS au

Luxembourgapportent denouvelles opportunités

pour des rendements potentiels plus élevés. Les

assureurs voient bien ces derniers attirer une aug-

mentation des volumes de collecte. Néanmoins,

ces mutations ne vont pas sans un enrichissement

adhoc

desprocédures etdesmoyensdegestiondes

risques. Les investissements en fonds de Private

Equity et Real Estate s’accompagnent de contrôles

spécifiques et demandent unemontée en puissan-

ce des qualifications au niveau des fonctions

Risque et Compliance dans les sociétés d’assuran-

ce. Notons, en particulier, l’impact des appels de

fonds différés (« drawdowns ») et du capital

engagé non-appelé au niveau des calculs du ratio

de solvabilité. Le suivi des besoins et des res-

sources en capital requis par Solvabilité II doivent

être revus et adaptés pour inclure ces spécificités

que sont les appels de fonds au fil des besoins en

investissement des fonds alternatifs cibles.

La nouvelle ère des investissements des produits

d’assurance dans un environnement de taux bas

entraîne desmutations de l’industrie, qui s’accom-

pagnent naturellement de besoins en talents,

comme en solutions innovantes pour compléter

ou remplacer certains outils informatiques dans

les systèmes d’informations. C’est une évidence

pour les associés de la société TechFin, partenaire

de fournisseursde solutionspharesdans ledomai-

ne de la gestiond’actifs, de l’assurance et de la ges-

tion de fortune en Europe et au Luxembourg en

particulier.Al’instar des experts d’OWLAdvisory,

les associés de TechFin notent qu’à l’heure actuel-

le, la plupart des projets d’innovations dans le

domaine de la gestiond’actif et de l’assurance tou-

chent, de près ou de loin, au Private Equity et au

Real Estate. Cette tendance qui va en s’accélérant

redessine le paysage de l’industrie de la gestion

d’actifs et de l’assurance vie au Luxembourg.

Quand le Private Equity intéresse les assureurs et leurs investisseurs

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