Agefi Luxembourg - octobre 2024
Octobre 2024 13 AGEFI Luxembourg Economie C omment envisager la paix dans les conflits enUkraine, à Gaza ou au Liban ? Comment éta- blir la paix comme un authentique but à atteindre pour résoudre un conflit ? C’est lamission du diplo- mate que de pouvoir penser plus loin que le présent et tout mettre enœuvre pour établir ou rétablir la paix. La tradition chrétienne offre également des ensei- gnements et des exem- ples utiles à cet égard. Mais la paix nécessite avant tout un changement dementalité et un engage- ment sincère pour les parties impliquées dans un conflit (1) . Petit guide dudiplomate comme promoteur de la paix La paix est fragile. Pour Kant, la paix ne peut exis- ter qu’à partir dumoment où les hommes ont pris la résolutionde ne plus faire la guerre. La paix peut être comprise dans son étymologie latine - pax - qui est la paix imposée par l’empire romain formalisée par unpacte juridique. Elle peut également se com- prendre à partir de sa racine sémitique - shalom - une paix fondée sur l’hospitalité dans le but de nouer une alliance. Que la paix soit une alliance ou un pacte, croire en la paix nécessite un véritable projet et un réel engagement de la part des parties intéressées. Pour mener une diplomatie de paix, le premier rôle du diplomate est de construire un dialogue. Pour l’ambassadeur honorairedeBelgique Thomas Antoine (cf. portrait), l’hospitalité diplomatique s’inspire du shalom , du désir de nouer une alliance. Il s’insurge contre la célèbre formule “ a diplomat is an honest gentleman sent abroad to lie for his country” . C’est tout le contraire ! Un diplomate va remettre des lettres de créance au chef d’État du pays d’ac- cueil, c’est-à-dire engager avec sincérité et honnê- teté les relations entre son pays d’origine et celui qui le reçoit. Suivant Thomas Antoine tout métier à ses difficultés propres et peut s’illustrer à travers l’image d’une petite croix «+» avec ces deux dimensions horizontale et verticale. Pour le diplomate, la dimen- sion horizontale est son «savoir-faire» pour réconcilier des volontés opposées. Il s’agit de problématiques dont les va- leurs sont variables et sont soumises à des rapports de force. On est ici dans le do- maine de la realpolitik , de la transaction, et du conditionnel. Dans cette horizontalité, le diplomate peut se reposer sur les vertus antiques de la pru- dence, de la tempérance, de la justice et de la force d’âme (c’est-à-dire la persévérance et la détermination dans son action diplomatique). La dimension verticale de la croix du diplomate est tout autre : on est dans le domaine du non-négociable et de l’inconditionnel. Il s’agit du «savoir-être» du diplomate où ce dernier va pro- mouvoir une idealpolitik . Sa mission repose sur sa capacité à faire alliance en appliquant notamment les principes d’honnêteté, de confiance et de bien- veillance. Il s’agit ici de la défense des droits de l’Homme ou encore de toute union en vue de créer une paix durable entres les hommes. L’essoufflement actuel de l’UE est un des signes montrant que l’Europe a oublié son principe verti- cal non-négociable - la paix - audétriment de ques- tions horizontales d’ordre transactionnel, juridique et organisationnel. La «solution» offerte par le Brexit - on ne se retrouve plus dans l’UE donc on la quitte - illustre l’inadéquation entre cette ap- proche horizontale du tout négociable avec la lo- gique d’adhésion à la paix. Que peut apporter la tradition chrétienne à la promotion de la paix ? Depuis plus de deux mille ans, les disciples du Christ ont cherché à apporter des réponses à la question de la guerre et de la paix. Ces réflexions sont-elles encore utiles aujourd’hui ? Sur ce point, il existe une conception de la «guerre juste» qui a été développée par saint Thomas d’Aquin. Il rap- pelle que la guerre est intrinsèquement mauvaise mais que cette dernière estmoins pire qu’une «hor- rible injustice». À partir de ce constat, Thomas d’Aquin a théorisé le concept de «guerre juste» qui suit trois prin- cipes : 1) la violence doit être le monopole des États . Il est nécessaire d’avoir des règles de guerre, des sol- dats en uniforme, des drapeaux identifiables. L’idée est d’avoir un contrôle sur la violence et de rappeler que celui qui commence une guerre peut aussi y mettre fin. 2) la cause juste. La cause juste peut inclure la défense légitime ou empêcher une horrible injustice comme un génocide ou unmas- sacre. 3) la guerre menée en vue de la paix. Il s’agit ici demener la guerre avec l’esprit de paix en limitant les dommages, surtout en ce qui concerne les po- pulations civiles et les infrastructures, et éviter les atrocités qui ne feront que mener à une autre guerre. Le cardinal Robert McElroy a toutefois remis ce concept dans son contexte en rappelant il y a quelques semaines que «les théories de la guerre juste sont un élément secondaire dans l’enseignement catholique ; la première est que nous ne devrions pas nous engager dans la guerre du tout» . Au-delà de la guerre juste, l’Église s’est prononcée plus récemment sur les formes contemporaines de destruction comme l’utilisation du nucléaire à des fins militaires. Sur ce point, le pape Jean-Paul II a défini la dissuasion nucléaire comme un mal né- cessaire - alors que le pape François s’oppose à la possession de telles armes, dénonçant plus géné- ralement la course aux armements, et se rappro- chant d’une visionpacifiste assumée. Le Saint-Père a ainsi souligné lors de son passage au Luxem- bourg «qu’il est très triste qu’aujourd’hui, dans un pays d’Europe, les investissements qui rapportent le plus soient ceux des usines d’armement». Le pacifisme a été professé à travers les siècles par quelques minorités chrétiennes suivant l’écrivain LéonTolstoï. Dans son livre Le Royaume des cieux est en vous (1893), il cite en exemple la communauté protestantedesQuakers qui affirme que lanon-vio- lence est le principal message du Christ. La Société religieuse desAmis (autre nomdes Quakers) est le plus ancien groupe institutionnalisé ayant un en- gagement inaltéré en faveur de la paix. Les pre- miers Quakers ont ainsi été martyrisés au XVII e siècle pour leur refus de prendre les armes. Puis ils ont été des pionniers dans la lutte contre l’esclava- gisme auXVIII e siècle, et ils ontœuvré auXIX e siècle pour la promotiondemécanismes comme la négo- ciation et l’arbitrage pour résoudre les conflits entre nations. Ils se sont ensuite adaptés aux conflitsmondiaux en mettant en place des formes d’activisme alternatifs à la violence. Ils continuent aujourd’hui ce travail avec le Quaker United Nations Office (QUNO) ou avec des ONG spécialisées. Suivant Caroll Ewen, unemembrede la communautéQuaker auLuxem- bourg, le témoignage en faveur de la paix des Qua- kers ( Peace Testimony ) restepluspertinent que jamais face aux tensions croissantes à la fois au sein de nos sociétés et entre les nations. Elle rappelle lanécessité de s’attaquer aux causes profondes de la violence que sont notamment la pauvreté, l’intolérance et la dégradation de l’environnement. Comment se mettre au service de la paix ? Par des actes cohérents et authentiques. Suivant le Quaker SydneyD. Bailey (spécialisé dans les relations inter- nationales):“ Peacebeginswithinourselves.Itistobeim- plementedwithin the family, in ourmeetings, in ourwork and leisure, in our own localities, and internationally. The tasks will never be done. Peace is a process to engage in ”. Alorsquecertainspayseuropéenscontinuentdecla- mer une «politique traditionnelle de neutralitémili- taire» comme l’Irlande ; d’autres agissent comme la Colombie avec son projet de «paix totale» ou l’Afrique du Sud avec sa stratégie d’intervention ju- ridique dans le conflit israélo-palestinien. La taille d’un pays ne l’exclut pas d’agir dans l’arène internationale. L’exemple récent du «com- promis duLiechtenstein»montre comment ce petit pays a réussi à obliger lesmembres permanents du Conseil de sécurité de l’ONUà justifier l’utilisation de leur veto. Une source d’inspiration pour le Grand-Duché ! William Lindsay SIMPSON, Président de la Conférence Saint-Yves - Association luxembourgeoise des juristes catholiques www.csy.lu 1)Cetarticleestbasésurlaconférenceintitulée«Paixetespérance:une paixdurableest-ellepossible?»,organiséele16mai2024àLuxembourg- ville, la communauté Quaker, et la Commission luxembourgeoise «Justice et Paix». La paix : un horizon à redécouvrir L a rentrée parlementaire 2024 resteramarquée dans l’his- toire : pour la première fois, unGrand-DucHéritier a prêté ser- ment en tant que Lieutenant-Re- présentant duGrand-Duc devant laChambre desDéputés en séance publique lemardi 8 octobre 2024. S.A.R. leGrand-DucHéritierGuillaume a prêté serment devant l’ensemble des députés. Il a prononcé le serment prévu par l’article 58de laConstitution. Le pré- sident de la Chambre Claude Wiseler a pris acte de ce serment : «Je jure d’obser- ver la Constitution et les lois et de rem- plir fidèlement mes attributions constitutionnelles.» «La journée d’aujourd’hui est sans précédent» Lors de son intervention, le président de la Chambre a affirmé l’importance de cet acte devant les élus : «La journée d’aujourd’hui est sans précédent. Pour la première fois, le Grand-Duc Héritier prête serment devant la Chambre des Députés en séance publique. C’est ce qu’a souhaité le Parlement, car ce mo- ment revêt d’une profonde signification symbolique et démocratique. Votre futur rôle recevra ainsi la légitimité qu’il mérite» a expliqué Claude Wiseler en s’adressant directement à S.A.R. le Grand-Duc Héritier. ClaudeWiseler a rappelé que la tradition des lieutenances, peu répandues, prend ses origines dans une période où le Grand-Duc était en même temps roi des Pays-Basetavaitbesoind’unreprésentant surleterritoireduGrand-Duché.Lafonc- tion était inscrite dans la Constitution luxembourgeoise pour unepremière fois en 1841. Depuis 1850, on compte cinq lieutenances. Lors de la révision de la Constitutionen2023,laChambreaestimé qu’il était essentiel d’introduire et d’enca- drer la lieutenance par l’article 58, afin de garantir la pérennité de cette tradition. «Aujourd’hui marque la confluence de la tradition et du renouveau» a encore affirmé le président de la Chambre des Députés. Signature d’un arrêté grand-ducal Avant de se rendre à la Chambre des Députés, un arrêté grand-ducal a été signé entre le Grand-Duc Henri, le Grand-DucHéritier et le Premierminis- tre Luc Frieden. Ce dernier a informé la Chambre sur son contenu lors de la cé- rémonie de prestation de serment. Il est important de noter que le Grand-Duc Henri reste chef de l’État. Rencontre avec les citoyens En sortant de l’Hôtel de la Chambre, S.A.R.leGrand-DucHéritier,leprésident de la Chambre Claude Wiseler et le Pre- mier ministre Luc Frieden ont rencontré des citoyens rassemblés sur la place du «Krautmaart». Revoir la vidéo sur https://www.chd.lu/fr/seance/2951 Source : Chambre des Députés Le Lieutenant-Représentant duGrand-Duc prête serment ©SIP /FrédéricSierakowski Cadre d’app l ication Nouve ll es pub l ications Octobre 2024 3 septe mb re 2024 L u x embourg L a CSS F pub l ie un rappe l à l ’industrie concernant l a circu l aire CSS F 22 /811 sur l es administrateurs d’OPC ( OPCA ) /H VHSWHPEUH OD &RPPLVVLRQ GH 6XUYHLOODQFH GX VHFWHXU ȴQDQFLHU &66) D SXEOL« XQ UDSSHO ¢ OȇLQGXVWULH FRQFHUQDQW OD FLUFXODLUH &66) UHODWLYH DX[ DGPLQLVWUDWHXUV Gȇ23& 23&$ /H PDL OD &66) D SXEOL« OD FLUFXODLUH &66) «JDOHPHQW FRQQXH VRXV OH QRP GH FLUFXODLUH 8&Ζ$ TXL G«FULW OȇDJU«PHQW HW OȇRUJDQLVDWLRQ GHV DGPLQLVWUDWHXUV Gȇ23& 23& &H FRPPXQLTX« YLVH ¢ UDSSHOHU DX VHFWHXU GHV IRQGV GȇLQYHVWLVVHPHQW FHUWDLQHV H[LJHQFHV GH OD FLUFXODLUH GH Oȇ8&Ζ$ 7RXW GȇDERUG OD &66) LQVLVWH VXU OD Q«FHVVLW« TXH OHV FRQWUDWV «FULWV HQWUH OHV 23& HW OHV 23& HW RX Ζ)0 VRLHQW FRQIRUPHV DX[ «O«PHQWV VS«FLȴTXHV YLV«V DX[ SRLQWV HW GH 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