Agefi Luxembourg - mai 2024

AGEFI Luxembourg 6 Mai 2024 Banque privée / Economie L emoral des entreprises de services non financiers tend à se redresser au cours des derniersmois, à la fois auLuxem- bourg et dans l’ensemble de la zone euro. Ce regaind’optimisme ne se traduit cependant pas encore sur les intentions d’embauche. Lesperspectivessemblents’améliorerpourlesentre- prises de services non financiers. Au Luxembourg, leur moral avait touché un point bas en septembre dernier et s’est tendanciellement redressé depuis, assez timidement dans un premier temps, mais de manière plus franche à l’entrée duprintemps. Cet indicateur de confiance, qui synthétise les opi- nionsdesdirigeantsquantàlasituationdeleurentre- prise et à la demande (1) , atteint ainsi en avril 2024 son plus haut niveau depuis un an. Ce redressement est principalementperceptibleauniveaudesservicesde transports, de l’hébergement et de la restauration, de l’édition, des activitésdes sièges sociauxet duconseil de gestion, des activités de location, des activités liés àl’emploi (2) ainsiquecellesd’administrationetdesou- tien aux entreprises. Parmi les domaines où la conjoncture demeure moins favorable, on retrouve notamment les activités immobilières, les servicesde posteetcourrier,lesactivitésjuridiquesetcomptables ainsiquelesservicesàlapersonne.Lapartdesentre- prisessignalantquelemanquededemandepèsesur leuractivités’estlégèrementrésorbéeets’élèveà26% au début du 2 e trimestre (après avoir culminé à 30% audernier trimestre de 2023). Malgré le rebond, l’indicateur de confiancedemeure (à3,5pointsenavril2024)bieninférieuràsamoyenne historique (proche de 15 points). De ce fait, l’amélio- rationrécentecorrespondbiendavantageàundébut de convalescence qu’à un rétablissement. Il faut rap- peler que la valeur ajoutée envolume de ces services non financiers a été marquée en 2023 par un fort ralentissement (+0,2%, après +5,5%en 2022), concer- nantprincipalementlesservicesd’informationetune partie des services aux entreprises (activités spéciali- sées, scientifiques et techniques), et même par une baisse (pour la 2 e année consécutive) dans les domaines du commerce et des transports. Les résul- tats relevés pour le Luxembourg s’inscrivent bien en ligne avec ceux relevés enzone euro, où les enquêtes deconjoncturedanslesservicesindiquentégalement un redressement dumoral des entrepreneurs sur les derniers mois, à l’image de l’indice PMI correspon- dant. Pour l’industrie par contre, les enquêtes euro- péennes témoignent d’une activité qui continue à se contracter sur le début de 2024. Un redressement pas encore perceptible auniveaude l’emploi Si l’horizon conjoncturel semble donc s’éclaircir pour lesactivitésdeservices,lesperspectivesdesentreprises du secteur en termes d’emploi demeurent moroses. Au Luxembourg, elles se sont nettement dégradées depuis la mi-2023 et continuent sur cette tendance baissière à l’entrée duprintemps 2024. L’emploi dans les services non financiersmarchands a significative- mentfreinésurl’ensemblede2023,avecuneprogres- siondeseulement2,4%(contre+4%en2022).Ceralen- tissement, renvoyant partiellement à ce que l’on observe au niveau de la valeur ajoutée, résulte prin- cipalementdesmoindrescréationsd’emploidansles domaines des services aux entreprises, de l’informa- tion et communication, des activités immobilières ainsi que du commerce. Les entreprises, bien que plus optimistes sur la tenue de leur activité, nemon- trentdoncpasencoredesignesd’améliorationquant à leurs décisions de recrutements, ce qui rend plus queprobableunnouveauralentissementdel’emploi sur l’ensemble de 2024. Chine : de la croissance et des déséquilibres L’économie chinoise a fait preuve d’un certain dyna- misme sur le début de 2024.Au 1 er trimestre, le PIB y a progressé de 1,6% sur un trimestre (+5,3% sur un an), après +1,2%audernier trimestre2023. L’activitéa été largement soutenue par l’industrie, à la fois en termes de production et d’investissements. Ceux-ci ont notamment bénéficié du soutien du gouverne- mentenmatièredetransitionénergétique.Ladépense publique est également venue dynamiser les inves- tissements dans d’autres types d’infrastructures. La Chinedemeurecependantconfrontéeàcertainsdéfis d’ampleur.A commencer par la situation du secteur immobilier, qui continueàdonnerdes signesdevul- nérabilité (la valeur ajoutée en volume des activités immobilières est en repli de plus de 5%sur un an au 1 er trimestre, les investissements immobiliers de presque 10%). Les consommateurs chinois, dont l’épargne est massivement dirigée vers l’immobilier, voient leur moral stagner à des niveaux historique- ment faibles et les dépenses de consommation demeurent peu dynamiques. Les prix à la consom- mation continuent par conséquent à montrer des signaux d’atonie (l’inflation ne devrait pas dépasser les 1%sur l’ensemble de 2024). La baisse des prix immobiliers atteint déjà plus de 15%auLuxembourg Enzoneeuro,lesprixdeventeimmobiliersontdimi- nué de 0,7% sur un trimestre au 4 e trimestre 2023, aprèsunetrèslégèrehausselestrimestresprécédents, notamment en raison d’évolutions plus négatives dans certains grands pays (France, Allemagne et Espagne).Au Luxembourg, les prix immobiliers ont continué leur baisse pour le 5 e trimestre consécutif, reculant de 2,1%au 4 e trimestre 2023. La diminution depuis le dernier pic y atteint ainsi -15,7%, la plus forte de la zone euro (-2,9% pour l’ensemble de la zone), avec l’Allemagne (-12,6%). Sur l’année 2023, les prix de vente ont reculé de 9,1% au Luxembourg, bien au-delà de la dernière baisse observée en 2009 lors de la crise financière (-1,1%). Lespriximmobiliersontbaisséen2023danslespays scandinavesetdel’Ouestdel’Europe,alorsqu’ilsont seulement marqué un ralentissement dans les pays du Sud et de l’Est du continent. Le Luxembourg affiche aussi en 2023 la plus forte baisse (-43% sur un an) des transactions immobilières (parmi les pays européens dont les données sont disponibles). Le nombredetransactionsauLuxembourgesttrèsfaible depuisledébutde2023etnemontrepasdesignesde redressement. Les transactions d’appartements en construction, déjà en net recul en 2022, sont particu- lièrement touchées : leur nombre atteint seulement 571 en 2023, soit environ un cinquième du niveau relevé sur les années 2015 à 2019. La demande de crédits demeure faible Selon les banques interrogées en avril dans l’enquête sur la distribution du crédit bancaire, la demande de prêtsdes entreprises auLuxembourget enzone euro aencorediminuéau1 er trimestre2024etdevraitrester faible au 2 e trimestre. Les principales raisons invo- quées sont la baisse des investissements et le niveau élevé des taux d’intérêt. La demande de crédits à la consommation serait plutôt repartie à la hausse en zone euromais pas auLuxembourg. Pour les crédits immobiliers, davantage de banques observent une reprise de la demande et anticipent une progression au2 e trimestreauLuxembourgetenzoneeuro.Dans les faits, lemontant denouveaux crédits octroyés aux entreprises sur les deuxpremiersmois de 2024 conti- nue de baisser (-42%sur un an au Luxembourg, -5% en zone euro). Les nouveaux crédits à la consomma- tion ont diminué de 9% au Luxembourg alors qu’ils ont rebondi de8%enzoneeuro.Concernant lesnou- veaux crédits immobiliers, bienqu’enprogressionde 15%sur un trimestre auLuxembourg, ils demeurent plus faibles que l’année passée (-12% sur un an). De plus, cette remontée est surtout liée àdes restructura- tions de dettes, les encours continuant de baisser (- 0,6%suruntrimestre,-1,3%surunan).Enzoneeuro, les nouveaux crédits et les encours de crédits immo- biliers continuent à se rétracter. Une inflation alimentaire plusmodérée Globalement l’inflationalimentaire continueà freiner enEurope, il n’y a qu’auLuxembourg, enBelgique et aux Pays-Bas où elle s’est encore accrue légèrement sur les derniersmois. Toutefois, sur le début de 2024, les prix de certains biens alimentaires ont commencé à refluer au Luxembourg, dont celui des farines et d’autres produits à base de céréales, du lait, des légumes frais et du miel. D’autres restent par contre fortementorientésàlahausse,notammentlesprixde l’huile d’olive, du chocolat, d’autres produits à base de sucre ou cacao et des vins fortifiés. Les tendances sont similaires en zone euro et s’expliquent notam- ment par une poursuite de la baisse des prix mon- diauxdescéréales(-20%surunanenmars2024après déjà-15%en2023,d’aprèslaFAO)etdesprixdel’éner- gie ainsi que par une forte hausse du prix du cacao (+180%sur un an enmars 2024, selon S&P). Toutefois, malgré cette tendance haussière, le Luxembourg se démarque par une inflation alimen- taireparmi les plus faibles d’Europe : +19%entre jan- vier 2022 etmars 2024, contre +22,3%enzone euro.A côté des mesures étatiques sur les prix de l’énergie, d’autres éléments expliquent cette disparité. L’huile d’olivenotamment avu sonprix fortement augmen- ter,surtoutdanslespaysdusud(suiteauxmauvaises récoltes), contribuant 6 fois plus à l’inflation alimen- taire en zone euro (0,77 point de % sur 2,0) qu’au Luxembourg (0,13 point sur 3,0) enmars 2024. Une stabilisationdu chômage seulement temporaire ? Lechômageétaitnettementrepartiàlahausseàpartir du printemps dernier, mais il tend à se stabiliser depuis la finde 2023, à environ5,6%de lapopulation active (et ce jusqu’en mars 2024). Ce plafonnement risque pourtant d’être temporaire, car rares sont les éléments qui pointent actuellement vers une amélio- ration à court terme du marché du travail. L’augmentation des mesures pour l’emploi (dont les bénéficiaires ne sont plus recensés en tant que chô- meurs,etquiaugmententde6%parrapportànovem- bre dernier, soit environ 250 personnes) devrait notamment avoir contribué à la stabilisation du taux dechômage.Parailleurs,l’évolutiondel’emploiayant poursuiviunetendancedéfavorableaucoursdecette période, il est possible qu’un phénomène de décou- ragement ait freiné les inscriptions à l’ADEM. L’indicateurdetensionsurlemarchédutravail(nou- velles offres d’emplois rapportées aux nouvelles ins- criptions au chômage) dont l’évolution tend à précé- dercelleduchômage(avecuneavancede2trimestres sur la période 2005-2019) continue également à se dégrader. Les nouvelles offres d’emplois ont notam- ment reflué de plus de 10% entre le 3 e trimestre 2023 et le 1 er trimestre 2024, surtout dans les services aux entreprises, le commerce et l’Horeca. La consommationde kérosène en repli en 2023 Malgré un nombre record de près de 5 millions de passagers ayant transité par l’aéroport de Luxembourg l’année dernière, la consommation de kérosèneauLuxembourg(quireprésenteplusde15% delaconsommationd’énergiefinaledupays)adimi- nuéde6%en2023.Cereculestattribuableaufaitque le volume du fret aérien a continué à baisser en 2023 (-18%, après -11% en 2022), loin du niveau record atteint en 2021 lors de la crise pandémique. Cependant, cette tendance à la baisse du fret aérien semble désormais s'atténuer. Si le recul en 2023 était principalement concentré sur les trois premiers tri- mestres, le début de l'année 2024 montre une stabili- sationdu tonnage transporté, avecunebaissede seu- lement1%envariationannuelleaupremiertrimestre. En comparaison internationale, le recul du fret aérien étaitplusprononcéauLuxembourgquedanslamajo- ritédesautrespaysd’Europeen2023,oùlestendances étaientcependantcontrastées.L’Allemagneanotam- ment subi une baisse de seulement 7% et la France a même connuune hausse de 12%. Léger recul des recettes fiscales audébut de 2024 Les impôts encaissés par l’Etat au 1 er trimestre 2024 ont progressé de 8,4% sur un an mais affichent un recul de 2,3% par rapport au dernier trimestre 2023 (surbasedesdonnéesdésaisonnalisées).Cereplipro- vient principalement des droits d’accises sur le tabac (trèsvolatilsenfonctiondesmodificationsdefiscalité) etdesimpôtssurlesrevenusdesménagesetdessocié- tésquiavaientchacunenregistréunecroissanceexcep- tionnelle au dernier trimestre 2023. Par rapport au 1 er trimestre2023,lesprincipalescontributionsàlahausse desrecettessontlesimpôtssurlerevenudesménages (+14,5%surunan), les recettes sur laTVA(+8,3%) qui a été rehaussée au 1 er janvier 2024, les impôts sur les revenus des sociétés (+8,5%) et la taxe d’abonnement (+6,0%) qui profite de la hausse des valorisations des actifs dans les fonds d’investissement. D’un autre côté, les taxes prélevées sur les carburants diminuent de 0,3% sur un an (en lien avec la baisse des ventes de diesel). Les droits d’enregistrement remontent au 1 er trimestre (+45% sur un trimestre) mais restent encorebien inférieurs auniveauobservé un anplus tôt (-25%sur un an). Source : STATEC 1) L’indicateur de confiance des services non financiers est la moyenne arithmétique des soldes d’opinions relatifs à trois questions de l’enquête mensuelle : évolution de la situation de l'entreprise sur les 3 derniers mois, évolution de la demande sur les 3 derniers mois et évolution de la demande sur les trois prochains mois. 2) Celles-ci intègrent notamment les agences de travail intérimaire et les cabinets de recrutement. Publication mensuelle du STATEC sur l’état de la conjoncture luxembourgeoise Du mieux dans les services INDICATEURSDECONFIANCEDANSLESSERVICESNONFINANCIERS Sources: HCOB, S&P Global PMI, STATEC (dernières données : avril2024) ؑ 10 20 30 40 50 60 70 80 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60 janv-19 janv-20 janv-21 janv-22 janv-23 janv-24 En points Luxembourg Zone euro (PMI Services, éch. droite) I nMay, the economic barome- ter declined to -4 primarilydue to the ongoing crisis in the Luxembourgish construction sec- tor. Despite this downturn, busi- ness sentiment inother sectors has shown signs of improvement, no- tably ledby the service sector. The significant downturn in confidence within the construction sector – which experienced a decrease from -15.8 in Marchto-26.3–hassignificantlyimpac- ted the business sentiment in Luxembourg,asillustratedbythe68.2% decline in the number of transactions in theVEFA(newapartments) segment in 2023.The44.6%YoYdeclineinthenum- ber of overall transactions for apart- ments is the steepest decline among European countries in 2023. Due to the weak demand, property prices have been falling for the past five quarters. In Q4 2023, prices decreased by 2.1% comparedtothepreviousquarterandby 9.1%over the entire year – amuchmore significant decline than the 1.1% down- turn experienced during the 2009 finan- cial crisis. On the other hand, business confidence in various non-financial sec- tors has seen an uptick in Luxembourg. The monthly Service Confidence IndicatorcompiledbySTATECincreased to 3.5 in April 2024 from the previous - 4.4 inMarch, despite remaining notably below its historical average of approxi- mately 15 points. Although the service sector’s economic outlook appears pro- mising, concerns about employment prospects linger. In fact, employment growth in non-financial services notably slowed throughout 2023, registering a mere 2.4% uptick compared to the 4% growth observed in 2022. Furthermore, overall unemployment in the country surged since last spring but stabilised at around 5.6% through March 2024. This stabilisation is anticipated to be tempo- rary, given that companies are not yet demonstrating any signs of improve- ment in their hiring decisions. Conse- quently, a further slowdown inemploy- mentin2024appearsincreasinglylikely. IntheEuroArea,theservicesectordrove theeconomicexpansion,benefitingfrom heightened output levels exceeding the historicalaverage.AtthebeginningofQ2 2024, the region experienced a surge in economic activity and reached an 11- month high. This was fueled by increa- sed inflows of new business, leading to accelerated activity and the most rapid job creation in ten months. However, inflationarypressuresintensifiedinApril after a brief slowdown the previous month as both input costs and output charges rose at a faster pace, surpassing their respective series averages. While operating expenses and selling prices continued todecrease in themanufactu- ring sector, they remained historically highinservices,contributingtotheinfla- tionary trend. Nonetheless, the overall economicoutlookfortheregionremains optimistic, with the IMF forecasting growth rates of 0.8% and 1.5% for 2024 and 2025, respectively – a modest in- creasefromthe0.4%experiencedin2023. According to the IMF’s latest Global Economic Outlook, the global economy is poised to maintain its current growth trend, reflecting the pace observed in 2023overthenexttwoyears,withaslight upwardadjustmentto3.2%for2024.The USeconomyisforecasttooutperformthe EuroArea,withgrowthprojectionsrevi- sed upward to 2.7% for 2024 (up from 2.1%) and 1.9% for 2025 (up from1.7%). Global headline inflation is expected to decreasefromanannualaverageof6.8% in 2023 to 5.9% in 2024 and 4.5% in 2025. Within the EuroArea, inflation is antici- patedtodecreasesignificantly,from5.4% in 2023 to 2.4% in 2024, before reaching 2.1%by2025.Asinflationapproachestar- getlevelsandlong-termexpectationssta- bilise,mostcentralbanksarelikelytoini- tiatepolicyratereductionsstartinginlate 2024, whilst the ECB could initiate rate cuts earlier in the summer. Themonthly PwC barometer, in collaborationwith AGEFI Luxembourg, is an economic confidence indicator that is intended to be a simple and prag- matic tool aimed at capturing the economic atmos- phereoftheGrandDuchyeachmonth. The indicator is based on a number of sentiment indices published monthly by Eurostat and Sentix, which are based on surveys (businesses, consumers or investors/analysts). The indicators used are: consumer confidence (EA for euro area and LUX for Luxembourg), industrial confidence (EA and LUX), construction confidence (EA and LUX), financialconfidence(EA),retailconfidence(EA),ser- vices confidence (EA) and the Sentix Index (EA). The evolution of the barometer over the past four years isdisplayedonthegraphbelow . PwCMarketResearchCentre, IHSMarkit,Sentix,STATEC The monthly PwC Barometer

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