Agefi Luxembourg - septembre 2024
AGEFI Luxembourg 28 Septembre 2024 Fonds d’investissement ParHarryGOODACRE, stratège chez Schroders E n raisondes taux d'intérêt élevés, l'épargne a attiré l'attentionde nombreux investisseurs ces der- nières années. Des taux de 5%aux États- Unis et auRoyaume-Uni et jusqu'à 4%en Europemarquent un changement no- toire par rapport aux taux ultra-bas qui ont prévalupendant lamajeure partie de la dernière décennie. Le cash offre désormais aux investisseurs non seule- ment les avantages de la préservationde la valeur nominale et de la liquidité, mais il a aussi récemment gé- néré un rendement réel positif. Bien que l'attractivité des liquidités ait augmenté, le risque d'un investissement dans des liquidités n'est pasaussifaiblequ'ilyparaîtàpremièrevue.Enoutre, bienque leur rendement soit actuellement plus élevé que l'inflation, l'incertitude règne quant à la durée de cettesituation.Etcelaengendreégalementdesrisques en termes de réinvestissement. Pour les investisseurs à la recherche de revenus de leurs investissements, il estutiledesetournerversd'autresinvestissementsat- ténuantlesinconvénientsdel'épargne,toutenn'aug- mentant pas le risque de manière proportionnelle (comme on le pense souvent). Risque d'inflation Untauxde5%surlesliquiditéspeutparaîtreattractif, mais en cas d'inflation supérieure, la valeur réelle du montant épargné baisse. Et plus l'horizon d'investis- sementestlong,pluscetimpactestprononcé.Undol- lar américain détenu en 2014 en liquidités vaudrait 1,12 $ en termes nominaux dix ans plus tard, mais seulement 0,85 $ en termes réels.Danslepassé,lestauxd'épargneont souventétésupérieursàl'inflation,mais cela n'est plus le cas depuis longtemps. Sur un horizon de dix ans, les liquidités ontsurperformél'inflation55%dutemps depuis 1926.Mais laplupart de cette per- formance est due aux données d'un passé plus lointain ; la dernière période récente de dix ans durant laquelle les liquidités ont surperformé l'inflation s'étend de 2000 à 2010. Depuis la crise financière mon- diale, les taux sur les liquidités dans les marchés développés ont été inférieurs à l'inflation, y com- pris au cours des quelques der- nières années marquées par un net relèvement des tauxdirecteurs par les banques centrales. Le taux d'intérêt sur les liquidités est supérieur à l'inflation - mais pour combiende temps encore ? Aveclesrécentesbaissesdel'inflation,lesliquiditésof- frent actuellement un taux d'intérêt qui la compense. Cephénomènen'ariendesurprenant,maisilpourrait très bien être de nature temporaire. Les banques cen- trales ont attendu, pour baisser leurs taux, d'avoir la confirmationdelamaîtrisedel'inflation.Unefoiscette confirmation obtenue, le taux d'intérêt des liquidités pourrait de nouveau suivre la baisse de l'inflation. Pour les investisseurs à long terme, les liquidités ne constituentpasunesourcederevenusstableoumême prévisible. Le taux d'intérêt des liquidités n'est pas constant dans le temps. Les obligations procurent, en revanche, un rendement sur le plus long terme. Par exemple,lesobligationsd'entreprisesdequalitéinves- tissement offrent actuellement environ 5 à 6%, pour une maturité moyenne de neuf ans. Et compte tenu despertespourdéfautdepaiementextrêmementfai- bles, ces obligations peuvent représenter une option attrayantepour les investisseurs sur le long termequi ont dès lors moins à se soucier des fluctuations de cours à court terme. Historiquement, les défauts dans les obligations de qualitéinvestissementsonttrèsrares,avecuntauxde défaut moyen annuel de 0,1%des émetteurs. Même dans le high-yield, où les tauxde défaut peuvent être beaucoupplusélevés,letauxdedéfautmoyenannuel surlelongtermeaucoursdesquatredernièresdécen- nies s'est situé à environ 4% (2,9% depuis 1920). Et même en cas de défaut, tout n'est pas encore perdu, carlestauxderecouvrementdesobligationsendéfaut se situent à environ 40%sur le long terme. Les actions ontmieux performé que les obligations et les liquidités... Sur le long terme, les actionsont surperformé tant en termesde rendements supérieurs à l'inflationquede probabilité de surpasser l'inflation, par rapport aux obligations qui, à leur tour, ontmieux performé que les liquidités. À plus court terme, les performances peuvent évidemment varier. Les actions ont généré un rendement supérieur à l'inflation durant plu- sieurs périodes, que ce soit au cours des cinq der- nières années (environ 12%) ou des cinquante dernières (environ 7%). Sur deplus longuespériodes, telles que 20ou50 ans, lesobligationsontégalementgénérédesrendements supérieurs à l'inflation. Mais c'est moins le cas pour despériodespluscourtes,carlesobligationsontsouf- fert ces dernières années de la hausse de l'inflation et destauxd'intérêtplusélevésallantdepair.Enfait,les obligationsd'Étatontsous-performéparrapportaux liquidités au cours des cinq dernières années en tant que protection contre l'inflation. Au sein des obliga- tions,cellesd'entrepriseontgénéralementdavantage surpassél'inflationquelesobligationsd'État.Lesana- lysesmontrentégalementquedepuis1926,lesactions ont produit des rendements supérieurs à l'inflation lors de chaque période de vingt ans. Bien que les in- vestissements enactions puissent donc être risqués à court terme, ils ont, par rapport à l'inflation, mieux performé que les liquidités sur le long terme. Celane signifie pas que les actions n'ont jamais rencontré de difficultés pendant des périodes de très haute infla- tionettouslessecteursnesesontpasaussibiencom- portés face à l'inflation. Investir dans les actions est volatile Lesactionssontplusvolatilesquelesobligations,qui sont à leur tour plus volatiles que les liquidités.Mais les investisseurs à long termedoivent veiller ànepas réagir dans laprécipitation face àdes accroissements de la volatilité des actions. Les investisseurs qui per- çoiventdesrevenusdedividendessemontrentpeut- êtremoinspréoccupésparlesbaissestemporairesde cours des actions. Les sociétés ayant tendance à être très réticentes à réduire leurs dividendes, il est possi- ble que les investisseurs ne ressentent pas immédia- tement des performances d'entreprise temporaire- mentfaiblesaussilongtempsqu'ilscontinuentdeper- cevoir des dividendes. Conclusion Commepourtouslesinvestissements,ilfautsoupeser risque et rendement. Les taux d'intérêt actuels élevés desliquiditéspeuventsemblerattrayants,maisinves- tir tropmassivement en liquidités peut présenter des inconvénients sur le long terme. Malgré la sécurité qu'ellesprocurentquantàleurvaleurnominale,lesli- quiditéssontexposéesàunrisquederéinvestissement plus grand que des actifs comme les obligations, qui peuvent conserver plus longtemps les taux d'intérêt élevés actuels. Et bien que les performances passées nesoientpasindicativesdesperformancesfutures,les actionsonthistoriquementmieuxperforméquelesli- quiditéssurlepluslongtermeentermesdeprotection contre le risque d'inflation. L'épargne toujours intéressante pour les revenus des investissements ? L a canicule n'est pas la seule responsa- ble de la flambée de la demande d'électricité. Plusieurs tendances de fond, telles que l'essor de l'intelligence artifi- cielle (IA) et les besoins énergétiques consi- dérables qu'il implique, décuplent le potentiel de bénéfices des sociétés de ser- vices aux collectivités (ou «utilities»). Pour les investisseurs, le secteurdes services auxcol- lectivités pourrait dès lors être le prochain secteur à connaître une forte croissance. Comme l'explique CarolineRandall,gérantedeportefeuilleactionschez Capital Group, «ces entreprises, qui sont les géants silencieux de la transition énergétique, pourraient également en être les grands gagnants : le réseau électrique américain doit être modernisé, et les lourds investissements nécessaires à cette fin de- vraient stimuler leur potentiel de génération de bé- néfices et de dividendes». En dépit de ses attributs «value», voici trois raisons pour lesquelles les investisseurs «growth» devraient s'intéresseràcesecteurparailleursréputépoursesdi- videndes réguliers. Sociétés de services aux collectivités : des bénéfices attendus en forte hausse 1. Le réseau électrique américaindoit être rénové Les infrastructures électriques américaines, dont les derniers aménagements significatifs remontent aux années 1950 et 1960, ont cruellement besoin d'être mises à niveau. «Aux États-Unis, l'électricité est pro- duite majoritairement à partir de gaz naturel et de charbon,dessourcesd'énergiequidevrontsansdoute êtreabandonnéesd'iciunetrentained'années»,précise Taylor Hinshaw, gérant de portefeuille actions chez Capital Group. Lesfeuxdeforêtetlesinondationsmettentégalement lesinfrastructuresexistantesàrudeépreuve.Pours'en prémunir,lesopérateursPacificGas&ElectricetSou- thernCaliforniaEdison,parexemple,ontdûrenforcer ces infrastructures, un coût qui vient s'ajouter aux in- vestissements dans l'électricité décarbonée qu'ils doi- vent déployer en parallèle pour rester en conformité avec les nouvelles normes d'émissions. Ainsi,quellequesoitl'évolutiondelademanded'élec- tricité, une augmentation des investissements est in- dispensable et devra atteindre 3,5% par an ces dix prochaines années, contre seulement 1,0% actuelle- ment,selonlescalculsréalisésparTaylorHinshaw.La bonne nouvelle, c'est que les opérateurs énergétiques étant légalement habilités à relever leurs tarifs en contrepartie de leurs dépenses demodernisation, il y a tout lieu d'espérer que cela stimule la croissance de leurs bénéfices. En parallèle, malgré le désaccord entre partisans des combustibles fossiles et défenseurs des énergies re- nouvelables, la transition énergétique est bel et bien engagée. Pour preuve, les mesures incitatives mises en place dans le cadre de la loi américaine Inflation Reduction Act de 2022 ont déjà profité à plusieurs États américains, démocrates comme républicains. «Mêmesicertainesdispositionsdecetteloipourraient être invalidées en cas de changement de parti poli- tique à la tête du pays, il est peu probable que les en- treprises cessent d'investir dans la décarbonation», ajoute Andre Meade, analyste spécialiste du secteur des services aux collectivités chez Capital Group. Et en attendant, avec la flambée de la demande d'élec- tricité, les énergies fossiles seront encore présentes pendant unmoment. 2. Le secteur vient en soutien des besoins liés à l'IA Une étude publiée en juillet 2024 par le cabinet de re- cherche Allen Institute révèle qu'une requête sur ChatGPTconsommeautantqu'uneampouleallumée pendant 20minutes. C'est considérable. Les centres de données, principal facteur de demande d’électricité Pour garantir la meilleure qualité de service possi- ble, les sociétés technologiques investissent dans leur propre approvisionnement en énergie. Ama- zon a ainsi récemment acquis, pour 650 millions USD, un campus sur le site d'une centrale nucléaire de Talen Energy, qui alimentera à hauteur de 960 mégawatts l'immense centre de données qui y sera prochainement construit. En conséquence, les ac- tions des entreprises du nucléaire se sont envolées, comme celle de Constellation Energy, qui a gagné près de 50%entre début janvier et fin juillet, tandis que le S&P 500 engrangeait une hausse de seule- ment 14 %. Autre signe des temps, l'opérateur Dominion Energy est en train de construire un parc éolien au large de l'État de Virginie, un projet estimé à envi- ron 10 milliards USD qui permettra de satisfaire une partie de la demande d'énergie des centres de données de la région et de respecter la législation sur les émissions. Il faut savoir que laVirginie est le premier territoire d'implantation des centres de données aux États-Unis, loin devant la Californie, et que d'autres États prévoient d'accueillir eux aussi ce type d'infrastructure, selon l'agence de notation Standard & Poor's. D'après Taylor Hinshaw, tout comme dans le cas du projet d'éolien enmer de Dominion Energy, les autorités américaines feront en sorte d'inciter les opérateurs à déployer des capacités supplémen- taires, pour faire face à lamultiplicationdes centres de données qui risque d'engendrer un manque d'électricité. La fiabilité du réseau pose en effet question, car aujourd'hui, les pics de consommation nécessitent d'utiliser les infrastructures critiques plus souvent que par le passé. Même si la construction de nouvelles capacités comporte également des risques (comme celui d'une chute de la demande), la concurrence à la- quelle les sociétés technologiques se livrent pour sé- curiser l'approvisionnement en énergie de leurs nouveaux centres de données est telle que les opé- rateurs sont en position de force pour négocier les modalités de tels contrats : ils peuvent en effet exi- ger un acompte, voire un remboursement en cas d'aléa et d'imprévu. EtAndreMeaded'ajouter:«Unénergéticienrefusera d'investir dans la fourniture d'électricité d'un centre de données de 1.000 mégawatts si la demande s'avère finalement de seulement 200mégawatts». 3. «Made inAmerica» ou comment la relocalisation relance la demande d'énergie Pour contourner les difficultés d'approvisionne- ment engendrées par la crise sanitaire et les tensions géopolitiques, de nombreuses entreprises ont fait le choixde relocaliser leur production à proximité des États-Unis (une pratique communément appelée «reshoring»), voire directement sur lemarché amé- ricain. «Cette tendance est sans doute vouée à durer, notamment parce qu'elle crée des emplois industriels qualifiés, ce qui a un impact positif sur l'économie locale», précise Taylor Hinshaw. Et contrairement à des tendances – comme la transi- tion énergétique – dont l'essor risque d'être freiné par l'élection d'un président républicain, toutes les stratégies de relocalisation sont saluées par les deux grands partis politiques américains. La vague de «reshoring» concerne notamment les industries très gourmandes en énergie (semi- conducteurs, pharmaceutique, automobile, etc.). Dans le secteur des semi-conducteurs, par exem- ple, la nouvelle fonderie d'Intel aux États-Unis sera normalement financée à l'aide de subventions ac- cordées dans le cadre de la loi CHIPS and Science Act (CreatingHelpful Incentives to Produce Semi- conductors). Rappelons que les entreprises se montrent désor- mais plus stratégiques et tiennent compte de risques tels que lamise à l'arrêt temporaire de leurs usines ou la pénurie de main-d'œuvre. Pour s'en prémunir, elles multiplient les chaînes d'approvi- sionnement et veulent globalement éviter de faire fabriquer leurs produits dans des pays appliquant des droits de douane à l'importation, dont laChine fait partie. Secteur des services aux collectivités : à la fois «value» et «growth» ? Comme nous venons de le voir, le secteur des ser- vices aux collectivités pourrait bénéficier de diffé- rents relais de croissance au cours de la prochaine décennie. «Outre l'IA, des tendances telles que la relocalisation de l'appareil industriel et la décarbo- nation de l'économie devraient suffire à stimuler nettement la demande d'énergie», résume Taylor Hinshaw. Précisons enfin que le secteur des services aux col- lectivités présente les caractéristiques rassurantes d'un investissement obligataire. D'une part, il a ten- dance à générer un revenufiable, puisque le rende- ment dudividende des énergéticiens présents dans l'indice S&P 500 est situé entre 3% et 5%, D'autre part, il peut apporter de la stabilité en cas de ralen- tissement économique et de volatilité des marchés actions, puisqu'il résiste globalementmieux que les autres secteurs représentés au sein du S&P 500. En conclusion, le secteur des services aux collecti- vités devrait donc continuer à verser des divi- dendes attrayants, mais il pourrait devenir plus volatil àmesure que les investisseurs axés sur les ti- tres «growth» s'y intéresseront. Services aux collectivités : le prochain secteur de croissance ? Sources :CapitalGroup,FactSet,Standard&Poor’s. Sources :GoldmanSachs,agenceaméricained’informationsur l’énergie(EIA) Secteurs contribuant le plus auxprévisionsdecroissancede lademanded’électricité Secteurs contribuant à la croissance de la demande d’électricité (CAGR en%), estimations sur la période 2022-2030 Immobilier résidentiel Immobilier d’entreprise Industrie Transport Centresde données Autres Total IndiceS&P500 S&P500 Secteurdes servicesaux collectivités S&P500Utilities Rendementdudividendeàterme CroissanceannualiséeduBPA 10dernièresannées2024-2026(estimation)
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk5MDI=