Agefi Luxembourg - juillet août 2024

AGEFI Luxembourg 28 Juillet / Août 2024 Fonds / ESG D ans leurs perspectives semes- trielles pour les actionsmon- diales,Marc Pinto, Responsable de la gestion actions pour lesAmé- riques, et LucasKlein (portraits), Res- ponsable de la gestion actions pour les zones EMOA et Asie-Pacifique de Janus Henderson, affirment que si les risques de ralentissement écono- mique demeurent, le potentiel de création de valeur pour les nouveaux ac- tionnaires est égale- ment important. À la fin de l'année dernière, les marchés ont prédit plu- sieurs réductions des tauxd'in- térêt d'ici à la mi-2024 en prévi- siond'un ralentissement de l'inflation et dumar- ché du travail. Janus Henderson était un peu plus sceptique à cet égard, estimant que la résistance de la consommation et de la croissance des bénéfices aux États-Unis pourrait soutenir les actions. Il s'avère que les marchés ont dépassé les attentes de Janus Henderson. À tel point que l'on peut se demander où les actions pourraient aller à partir de maintenant. L'IA continue d'évoluer Commeen2023,l'intelligenceartificielle(IA)estl'une des plus grandes histoires dumarché en 2024. Cette année, cependant, le secteur commence à évoluer. Seules cinq des "Magnificent 7" mégacapitalisations technologiques qui ont grimpé dans la stratosphère l'année dernière ont également enregistré des gains en2024.Dans lemême temps, d'autresvaleurs com- mencent également à ressentir le vent de l'IA. Depuis octobre 2023, par exemple, le prix des actions des entreprises de services publics a forte- ment augmenté. L'une des raisons possibles est la reconnaissance croissante de la quantité d'énergie nécessaire à l'IA. On estime que les centres de don- nées qui forment et hébergent des programmes d'IA générative représenteront 8% de la consom- mation d'électricité des États-Unis en 2030, contre 3% en 2022. Cela devrait conduire à des investisse- ments importants dans les infrastructures énergé- tiques, ce qui stimulera le potentiel de croissance à long terme des services publics. JanusHendersonpense que les entreprises techno- logiquesmégacapitales qui continuent d'investir et d'innover dans l'IA peuvent s'attendre à une plus grande croissance de leur chiffre d'affaires et de leur flux de trésorerie disponible. Les cinq principales entreprises du Mag 7 s'em- ploient rapidement à renforcer leur position concurrentielle : au cours des premiers mois de 2024, elles ont annoncé conjointement environ 200 milliards de dollars d'investissements dans l'IA pour cette année. Cette situation, ainsi que d'éven- tuelles baisses des taux d'intérêt - qui pourraient réduire le taux d'actualisation des bénéfices futurs - pourraient permettre à ces actions de réaliser de nouvelles hausses de cours. Parallèlement, Janus Henderson pense que la valeur des entreprises dérivées de l'IAcommencera à augmenter. Cela inclut l'ensemblede l'écosystème des semi-conducteurs (des fabricants de puces avancées aux fabricants d'équipements de semi- conducteurs), les entreprises qui fournissent des systèmes de gestion durable de l'eau pour les cen- tres de données, les fournisseurs d'énergie et de composants électriques, et la liste est encore longue. Ces entreprises ne font peut-être pas les mêmes gros titres que les mégapoles, mais l'impact de l'IA sur leurs bénéfices n'en est pas moins significatif. Différences d'évaluation plus importantes La surperformance continue des valeurs technolo- giques américaines a creusé un fossémondial dans les évaluations des actions. En fait, les actions amé- ricaines ont devancé les marchés développés pen- dant lamajeurepartiedes 16dernières années, l'une des périodes les plus longues depuis des décennies. Par conséquent, alors que les actions américaines ont généralement un ratio cours-bénéfice supérieur à celui des autres marchés dévelop- pés, laprime estmaintenant plus éle- vée que la moyenne. Marchés non-américains Il est toutefois encoura- geant de constater que les fondamen- tauxdeviennent plus positifs sur d'autres marchés non améri- cains. Dans les régions où les valorisations et les fondamentaux convergent, nous pensons qu'il existe un potentiel de hausse plus régulière des actions. Par exemple, auRoyaume-Uni et dans l'Unioneuro- péenne, le produit intérieur brut a augmenté plus rapidement que prévu au premier trimestre 2024. L'inflation a également baissé, la Suisse ayant com- mencé à réduire ses taux d'intérêt en mars et la Suède enmai. Enfin, la croissancedes bénéfices s'est améliorée, unplus grandnombre d'entreprises que lamoyenne ayant dépassé les attentesdes analystes. Jusqu'à présent, les indices européens ont largement suivilesÉtats-Unis,etilyadesraisonsdepenserque la dynamique positive se poursuit : environ 18mois dedéstockagedanslesecteurmanufacturiertouchent à leur fin, et tant la Banque d'Angleterre que la Banque centrale européenne ont indiqué qu'elles réduiraient leurs taux d'intérêt aumoins une fois en 2024.L'Europepossèdeégalementsespropresméga- poles dans les secteurs de la santé, des semi-conduc- teurs et de la vente au détail. Enfin, l'augmentation de 62% des dépenses militaires par rapport à la décennie précédente fait gonfler les carnets de com- mandes des entreprises européennes de défense. Possibilités en dehors duMag 7 Aux États-Unis, des inquiétudes subsistent quant aux surévaluations, mais Janus Henderson voit également des raisons d'être positif. Alors que le S&P 500 pondéré en fonction de la capitalisation boursière a un ratio C/B attendu de 21, le C/B attendu de la version à pondération égale de l'in- dice est - surtout compte tenu des taux d'intérêt actuels - plus raisonnable, à savoir 16. Cette diffé- rence reflète le poids des grandes entreprises tech- nologiques dans l'indice. Pour le reste du S&P 500, la croissance des bénéfices a diminué en moyenne aupremier trimestre, ce qui a contribué àmaintenir les valorisations à un niveau bas. Néanmoins, les prévisions consensuelles tablent sur une nouvelle accélération des bénéfices pour le reste de l'année, ce qui se traduira par une crois- sance des bénéfices pour l'année civile 2024. Janus Henderson partage le même point de vue, mais souligne également l'incertitude entourant les dépenses de consommation, les tensions géopoli- tiques, ainsi que le calendrier et le nombre d'éven- tuelles réductions des taux d'intérêt. Par conséquent, Janus Henderson estime que les investisseurs devraient se concentrer sur les entre- prises de haute qualitédont la croissance nedépend pas du cycle économique, qui peuvent générer des flux de trésorerie disponibles importants et qui ont des niveaux d'endettement raisonnables. Record pharmaceutique Selon Janus Henderson, le secteur des soins de santé présente bon nombre de ces caractéristiques et déborde d'innovation. L'année dernière, la Food and Drug Administration a approuvé un nombre record de 73 nouveauxmédicaments. Ces médica- ments entament maintenant ce qui devrait être un cycle de revenus de 10 ans, y compris sur de nou- veaux marchés finaux avec un potentiel de ventes de plusieursmilliards de dollars. Lesmédicaments récemment approuvés pour le diabète et la perte de poids, par exemple, génèrent déjà plus de 30 milliards de dollars de revenus annualisés et devraient atteindre un chiffre d'affaires d'environ 100 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie. Mettre l'accent sur les fondamentaux En résumé, si le premier semestre 2024 a été sur- prenant à bien des égards, Janus Henderson pense qu'il a permis demettre en lumière des opportuni- tés enmatière de valorisation et de fondamentaux. Ces deux éléments pourraient être mis en exergue au cours des six prochains mois, les investisseurs prenant en compte lesmesures d'inflation en cours, les politiques des banques centrales, les tensions géopolitiques et l'incertitude entourant les élections américaines. Dans l'ensemble, JanusHenderson est positif quant aux perspectives des actions. Le potentiel de valeur pour l'actionnaire est devenu plus attractif dans un certain nombre de régions dumarché mondial. Elargissement des opportunités d'investissement en actions Par Georgina PARKER, CFA, Responsable de la Durabilité, QUAERO CAPITAL* N ous vivons une pé- riode cruciale pour le climat. Les poli- tiques climatiques suscitent des réactions négatives mal- gré une prise de conscience croissante. La réglementa- tionmondiale progresse, mais les émissions conti- nuent d’augmenter, mena- çant les objectifs clima- tiques. Les effets du change- ment climatique sont tels que les assurances refusent de couvrir certains risques. Heureusement, les innova- tions dans les énergies vertes offrent des raisons d’optimisme. Mesures politiques impopulaires Les mesures proposées par les politiques pour lutter contre le changement climatique rencon- trent souvent des levées de bou- cliers : elles sont considérées comme des punitions pour cer- taines industries telles que l’agri- culture ou pour les consom- mateurs,àunmomentoùcesder- niers sont déjà confrontés à une crise du coût de la vie en raison desniveauxélevésd’inflation.Pa- radoxalement, selon une enquête d’Euronews, plusde lamoitiédes électeurs de l’UE estiment que la lutte contre le changement clima- tique devrait être une priorité. Aux États-Unis, cette question est de plus en plus politisée. Selon les sondages, seuls 23% des républicains considèrent le changement climatique comme une menace majeure, une pro- portionpresque identique à celle d’il y a dix ans. Une réglementation qui aide La réglementation va de l’avant à l’échellemondiale pour assurer une plus grande communication des entreprises sur les risques et les impacts climatiques qu’elles génèrent. Des règlements spéci- fiques entrent en vigueur : l’UE impose les chaînes d’approvi- sionnement sans déforestation ; les États-Unis proposent des normes d’émission strictes pour les centrales au charbon et au gaz naturel. Au niveau mondial, la régle- mentation est de plus en plus favorable à la transition. Il est possible que les objectifs à court terme soient repoussés, comme l’interdiction des voitures à moteur thermique ou l’installa- tion de pompes à chaleur, mais dans la plupart des pays, nous nous attendons à ce que les en- gagements à long terme soient maintenus. Des objectifs de plus en plus improbables En 2023, la croissance des émis- sions mondiales était de 1,1%. Même la Chine, où la progres- sion des énergies propres est très rapide, aura du mal à res- pecter ses engagements clima- tiques dans le cadre de l’Accord de Paris. L’Agence in- ternationale de l’énergie (AIE) a publié un outil de suivi qui montre les nombreux objectifs que nous sommes en passe de manquer au niveau mondial. Des effets dévastateurs Entre-temps, les effets du chan- gement climatique sont de plus en plus présents et dévastateurs. L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial, avec 1,4°C de plus que les niveaux préindustriels (pour rappel, l’Accord de Paris entend limiter le réchauffement à 1,5°C). Cette hausse des températures entraîne une “augmentation stu- péfiante” des phénomènes mé- téorologiques extrêmes, comme l’indiquent les Nations unies. La nature imprévisible des conditions météorologiques est devenue un risque que certaines compagnies d’assurance consi- dèrent déjà comme inassurable. Mêmes les investisseurs les plus réticents changent d’avis Alors qu’il y a 8 ans, Warren Buffett insinuait que le climat n’était pas un risque pour ses in- vestissements, il a indiqué dans sa dernière lettre annuelle aux actionnaires, que le changement climatique aggravait les inquié- tudes des investisseurs à l’égard des compagnies d’électricité, à mesure que les coûts des litiges liés aux incendies de forêt s’ac- cumulaient. Et pour cause : au- jourd’hui, la facture des litiges de PacifiCorp, la compagnie d’électricité américaine de Buf- fet, est estimée à plus de 8 mil- liards de dollars. Les raisons d’être optimistes On estime que 1,75 milliard de dollars ont été investis dans les énergies vertes et les technologies d’efficacité énergétique, soit une hausse de 8%par rapport à 2022. Compte tenudes incertitudespo- litiques et réglementaires, ce chif- fre est impressionnant. La capacité en énergies renou- velables a augmenté de 50% en 2023, le taux de croissance le plus important depuis 20 ans, ce qui a conduit l’Agence inter- nationale de l’énergie (AIE) à augmenter de 33% ses prévi- sions pour la capacité en éner- gies renouvelables en 2027. Près d’une voiture sur cinq ven- due en 2023 était électrique, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente ; il y a aujourd’hui 40 millions de vé- hicules électriques sur les routes. Le rythme de l’innovation dans ces domaines est vraiment extra- ordinaire. La prime pour de nombreuses technologies vertes continue de diminuer - des véhi- cules électriques aux batteries - ce qui stimulera l’augmentation de la demande. Le capital humain s’oriente vers les activités vertes - 76% des Eu- ropéens âgés de 20 à 29 ans dé- clarent que l’impact sur le climat des employeurs potentiels est un facteur important lors de la re- cherche d’un emploi. Les éner- gies renouvelables emploient aujourd’hui 36 millions de per- sonnes dans le monde, soit 4 millions de plus que l’industrie pétrolière et gazière. On semble faire trois pas en avant, deux pas en arrière En tant qu’investisseurs, cette situation nous incite à renfor- cer notre engagement auprès des entreprises pour qu’elles s’attaquent au risque clima- tique et qu’elles s’efforcent de réduire leurs émissions. Il nous semble de plus en plus impor- tant de prendre en compte la transition et le risque clima- tique quand nous envisageons un investissement. Les opportunités d’investisse- ment disponibles dans le do- maine de la transition verte sont nombreuses et indispensa- bles si l’on veut ramener le rythme du changement clima- tique sur la bonne voie afin de réaliser l’Accord de Paris. * www.quaerocapital.com Changement climatique : trois pas en avant, deux pas en arrière

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