AGEFI Luxembourg - juillet août 2025

AGEFI Luxembourg 26 Juillet / Août 2025 Fonds d’investissement Par Candice BOCLE, Directrice de l’Investissement Responsable,Mandarine Gestion P orté par une vague de scepticisme venue d’outre-Atlantique, l’ESG traverse une crise de confiance qui rebat les cartes de l’investisse- ment durable. Ce backlash pour- rait néanmoins pousser les entreprises à dépasser la logique de conformité pour faire de l’ESGun véritable levier de transformation stratégique. Les racines du backlash de l’ESG Entre « green fatigue » et retour du réel, l’ESG fait face depuis quelques années à son propre paradoxe. Plus il devient incontournable, plus il suscite du scepticisme. Depuis son origine, l’ESGprétendoffrir uncadreuniversel pour évaluer ladurabilité.Mais en réalité, les critères varient d’un pays à l’autre, d’un secteur à l’autre et même d’un acteur à l’autre. Résultat : deux entreprises peuvent obtenir des scores ESGélevés tout enayant des pra- tiques très différentes, ce qui alimente la confusion et laméfiance. De nombreuses entreprises publient des rapports ESG détaillés sans transformation réelle de leur modèle économique. Ce décalage entre la commu- nication et l’action nourrit l’accusation de greenwas- hingetaffaiblitlacrédibilitéduconcept.Desdiscours simplistes et des preuves insuffisantes ont érodé la confiance dans certaines approches ESG, tandis que la vision manichéenne du Net Zero, de la diversité et de la labellisationdes fonds a créé de nouveaux risques réputationnels. Par ailleurs, face à l’éternel débat de la sur- performance ou non des fonds ESG, beaucoup d’investisseurs peinent à mesurer lamatérialité des critères utili- sés. Il existe des études montrant que certaines questions liées à la dura- bilité génèrent effectivement des rendementsàlongterme,mais cela ne signifie pas nécessai- rement que tout ce qui relèvede l’ESGva amélio- rer les rendements. Si l’ESG est bénéfique sur le long terme, pourquoi son adoption est-elle per- çue comme une contrainte réglementaire coûteuse ? Quand l’Europe régule : l’ESGpiégé par sonpropre arsenal normatif Il ne fait guère de doute que l’UE, dont l’économie stagne, doit réduire les formalités administratives. Lajunglerèglementaireavecsesquelque14.000actes juridiques adoptés entre 2019 et 2024 n’a pas aidé. Le coût de la mise en conformité de la directive sur le reporting extra-financier (CSRD) varie entre 150.000 euros pour les entreprises non cotées et 1,5 million d’euros pour les entreprises cotées. La Commission a proposé de reporter les délais et d’exempter environ 90% des entreprises initiale- ment assujetties à la directive CSRD. La confusion règne et porte atteinte au climat des affaires en Europe. En effet, les grandes entreprises soulignent qu’il est difficile de fournir des données ESG de leurs chaînes d’approvisionnement si leurs fournis- seurs ne jouent pas le jeu. Les petites entreprises ne savent pas si elles doivent poursuivre leurs efforts en matière de collecte de données ou abandonner. Beaucoup craignent que la Commission se précipite pour apaiser – et imiter – les États-Unis, en plein virage pro-business. Mise en perspective nécessaire : impact réel ou relatif sur les flux ? L’environnement géopolitique tendu, notamment avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, a certes affaibli les priorités climatiques et introduit des risques juridiques pour les stratégies ESG. Ces préoccupations ont été plus vives aux États-Unis mais gagnent également du terrain en Europe. En termes de conséquences concrètes sur les flux, il convient de relativiser la décollecte nette enregistrée aupremier trimestre 2025 (-8,6milliards de dollars) pour les fonds ESG (selon les données deMorningstar). En effet, la nouvelle réglementation européenne sur la dénomination des fonds ESG a clairement joué un rôle. Depuis novembre 2024 pour les nouveaux fonds (etmai 2025 pour les fonds existants), l’ESMA imposedescritèresstrictspourl’utilisationdetermes comme « ESG », « durable » ou « impact » dans les noms de fonds. A titre d’exemple, un fonds ne peut utiliser le mot « durable » que s’il investit au moins 50%dans des actifs considérés comme durables. Par ailleurs, les fonds doivent exclure certains sec- teurscontroversés(armes,énergiesfossiles,etc.)pour pouvoir se revendiquer ESG. Certains investisseurs ont interprété ces ajustements comme un aveu de greenwashing passé. Ce climat de prudence a entraînéunebaissedesencoursdesfondsESG,deve- nant moins nombreux sur lemarché. Enfin, cette décollecte représente seulement 0,2% des encours totaux de fonds ESG, ce qui incite à relativiser. L’IA au service de l’ESG : une réponse stratégique au backlash actuel ? A condition d’être utilisée pour renforcer la rigueur et la traçabilité des engagements des sociétés, l’Intelligence Artificielle peut représenter un levier puissant pour un secteur en pleinemutation. L’IA a en effet l’avantage d’accélérer l’analyse de la durabilité en traitant rapidement de grands ensem- bles de données. Cependant, elle ne peut remplacer le jugement humain, en particulier lorsqu’il s’agit de facteursqualitatifstelsquelacultured’entreprise,l’in- tention des dirigeants ou la crédibilité des stratégies deneutralitécarbone.Lesinvestisseursquiréussiront sauront combiner l’IA avec une expertise robuste dans l’intégrationde l’ESG: aller au-delàdes slogans pourprivilégierlanuance,latransparenceetdesdon- nées rigoureuses sur des enjeux matériels. Dans ce contexte, l’IAapparaît comme un outil précieux. En somme, l’ESG est pris entre son ambition de transformationsystémiqueetleslimitesdesonappli- cation concrète. C’est ce tiraillement qui alimente le backlash actuel. Si l’Europe et les gestionnaires de fonds ne renoncent pas à leurs ambitions clima- tiques, le recul des États-Unis sur l’investissement durableoffreune fenêtred’opportunitéauxgestion- naires européens, qui commencent à capterunepart croissante des capitaux redéployés. Pourquoi l’ESG dérange ? Anatomie d’un retournement stratégique E SGUCITS funds in the EU are pro- jected to reach €11 trillion in assets under management (AuM), an esti- mated 80.8%of total UCITSAuM, by 2028, according to a newPwC report ‘EU ESGUCITSMoving Forward’*. This forecast, representing a compound an- nual growth rate (CAGR) of 10.2% for the period 2024-2028, reflects continuedmomentum to- wards sustainable invest- ing across Europe. ‘EU ESG UCITS Moving For- ward’ marks the sixth edition of PwC Luxembourg’s EU ESG UCITS series, offering a compre- hensive overviewof the evolvingESG UCITS ecosystemacross the EU. The report shows that investment flows intoEUESGUCITS strength- ened in 2024, with Article 8 and Article 9 funds reaching €7.4 trillion by year-end, up from€6.2 tril- lion in 2023. Key findings include: - Investors favour active strategies: Active ESG UCITS significantly outpace passive funds inAuM as of end-2024, demonstrating a preference for ac- tive strategies in sustainable investing. - Luxembourg remains the leading domicile: Lux- embourg is the top domicile for EU ESG UCITS by AuM and number of funds as of end-2024, maintaining its central role in the European fund industry. - Strong net inflows into ESG UCITS: Article 8 funds recorded substantial net inflows at end-2024, with mutual funds attracting €238.2 billion and ETFs €43.1 billion. - Equities continue to dominate: When it comes to asset classes, equity investments were the preferred strategy of ESG UCITS, with €2.9 trillion inArticle 8 funds and €225.9 billion inArticle 9 funds, at end- 2024. Bonds followedwith €1.8 trillion classifiedunderArticle 8 and €78.6 bil- lion underArticle 9. - SFDR exclusions widely used: At end- 2024, 45% of Article 8 and 9 UCITS ex- cluded weapons, with many also applying additional criteria such as fossil fuels, to- bacco, and adult enter- tainment, under SFDR disclosure requirements. - BlackRock retains its top position with €542.9 bil- lion in Article 8 UCITS AuM, extending its leadover peers. J.P.Morganheld second place (€412.3 billion), followed by Amundi in third (€345.2 billion). - Handelsbanken emerged as the leading Article 9 UCITS asset manager in 2024 in terms of AuM (€33.4 billion), up from €24.8 billion in 2023. Pictet, last year’s leader, ranked second (€22.7 billion), fol- lowed by Candriam (€20.4 billion). MichaelHorvath (portrait), Sustainability andSus- tainable Finance Leader at PwCLuxembourg said: “Despite a perceived political rollback on sustain- ability in Europe, demonstrated by the European Commission’s proposed Omnibus package, the sustained growth trajectory of EU ESG UCITS, reaching €7.4 trillionAuM in 2024, is a testament to increasing investor confidence and commitment to sustainable strategies. As a revamp to the SFDR is expected to be published inQ4 2025, we firmly an- ticipate that this strong momentum will not only continue but accelerate, withESGUCITS projected to account for 80.8% of total UCITS AuM by 2028. This is more than a market trend: it signals the en- during shift in how capital is allocated across the EU, with ESG considerations now embedded in mainstream investment decisions.” GeoffroyMarcassoli (portrait), EMEAAWMESG Leader at PwCLuxembourg said: “At a timewhen scepticism towards ESG is running high, the find- ings of our report show that in the European asset management industry, funds that align withArti- cles 8 and 9 of the SFDR are holding ground, con- tinuing to attract capital flows. As scrutiny over sustainability credentials grows, aptly demon- strated by the growing number of pension funds terminating their mandates with US-based man- agerswho have backtracked onESG, sustainability assurance comes to mind as an effective tool that assetmanagers canuse todemonstrate the viability and accuracy of their claims.” *Report :https://www.pwc.lu/en/sustainable-finance/esg-ucits-poster.html EU ESG UCITS funds set to reach over €11tnAuM by 2028 A s at 31May 2025, the total net assets of undertakings for collective investment, com- prising UCIs subject to the 2010 Law, specialised in- vestment funds and SI- CARs, amounted to EUR 5,765.403 billion compared to EUR 5,618.885 billion as at 30April 2025, i.e. an in- crease of 2.61%over one month. Over the last twelve months, the volume of net assets increased by 5.35%. The Luxembourg UCI industry thus registered a positive varia- tion amounting to EUR 146.518 billion inMay. This increase rep- resents the sum of positive net capital investments of EUR2.104 billion (0.04%) andof the positive development of financial mar- kets amounting to EUR 144.414 billion (2.57%). The number of undertakings for collective investment taken into consideration totalled 3,107, against 3,112 thepreviousmonth. A total of 2,059 entities adopted an umbrella structure represent- ing12,380 sub-funds.Adding the 1,048 entities with a traditional UCI structure to that figure, a total of 13,428 fund units were active in the financial centre. As regards the impact of finan- cial markets on the main cate- gories of undertakings for collec- tive investment and the net cap- ital investment in theseUCIs, the following can be said for the month of May. Duringthemonth,globalfinancial markets recorded strong gains, driven by positive developments concerningUStradetariffs,partic- ularly the easing of tensions between the US and China. This de-escalation helped reduce fears of a global recession and support- eda rebound inmarket sentiment favourable to risk assets. Equities also benefitted from supportive first-quarter corporate earnings, despite persistent uncertainty on theimpactoftariffsonfutureearn- ings. In that context, all equity cat- egories delivered robust monthly performances, ledby theUS equi- ties category. In May, equity UCI categories registered an overall positive capital investment with wide divergences across categories. During themonth, bondmarkets benefited fromthepositivedevel- opments aroundUS tariffs, lead- ing to a tightening of credit spreads favourable to riskier bonds, notablyHighYieldbonds. In theUS, yields increaseddue to concerns over debt sustainability exacerbated by draft legislation that is expected to substantially increase the fiscal deficit while Moody’s downgraded the US credit rating from AAA to Aa1. In contrast, yields in Europe remained largely unchanged. Against this backdrop, all fixed income categories deliveredpos- itive performances, except for the USD-denominated bonds category. In May, fixed income UCIs reg- istered an overall negative net capital investmentmostlydriven byoutflows in themoneymarket categories while most other cat- egories recorded inflows. Source: CSSF Global situation of undertakings for collective investment May24 June24 July24 Aug.24 Sept.24 Oct.24 Nov.24 Dec.24 Janv.25 Feb.25 Mar.25 Apr.25 May.25 Thedevelopmentofundertakingsforcollectiveinvestmentisasfollows: NetAssets Number of UCI Number ofUCI 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 inbn. EUR 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0

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