AGEFI Luxembourg - mai 2023

OPINION- Par JeanMARSIA, président de la Société européenne de défenseAISBL (S€D) L ors de l’assemblée générale de la S€Ddu 14mars dernier, unde nosmembres a incité les partici- pants à lire le dernier livre de Pierre Servent, Lemonde de demain , ce que j’ai fait. Nos opinions convergent, sur la Russie, laChine, laTurquie, et deGaulle. M. Servent a écrit : “de Gaulle (...) reste dans les périodes de ténèbres un extraordinairefanal.(...)Iln’yaau- cune fatalité dans la domination de la barbarie et de la tyrannie. (...) Le renoncement et la lâcheté ne sont pas des options.” (1) Qui dirait mieux ? La fermeté, c’est exactement l’attitude qu’il faut avoir face aux autocrates. Ayant traitélesmoisprécédentsdel’autocraterusse, puis du chinois, ilme reste à envisager le turc. Le «règne» chaotique deM. Erdoğan va-t-il prendre fin enmai 2023 ? M. Erdoğan gouverne la Turquie depuis 2003, car il a remportédixélections.Ilaétédixanspremierministre puisprésidentpendantneufans.Cepopulisteasu,au début, rallier les électeurs pieux et défavorisés, lesmi- lieux d’affaires, les Kurdes et les déçus du Parti répu- blicain du peuple (CHP) fondé par Mustafa Kemal Atatürk, le père de la Turquie moderne. En 2003, les chrétiens démocrates, en particulier les Allemands et les Belges, l’ont considéré commeun«musulman-dé- mocrate». Ils ont envisagé d’accueillir son Parti de la justice et du développement (AKP) au sein du Parti populaire européen (PPE), un des sept groupes poli- tiquesauParlementeuropéen,constituéparlesdépu- tés de quatorze partis de centre-droite, dont six se disent démocrates-chrétiens. Apartirde2013,lesinvestisseursturcsontcommencé à désinvestir. M. Erdoğan s’est montré proche des Frèresmusulmans égyptiens, peu favorables aux va- leurs occidentales. Son régime est devenu de plus en plus intolérant, autoritaire et impérialiste. Les choses sesontaggravéesen2016:uncoupd’état,manquéou feint,apermisl’accroissementdespouvoirsprésiden- tiels, l’affaiblissement du pouvoir judiciaire, de la presse et du parlement, la répression de dizaines de milliers d’opposants, réels ou présumés, notamment lesmembresdelaconfrérieGülen, (2) desmilitaires,des magistrats, des enseignants et des journalistes. Le nombre de personnes détenues a doublé en Turquie depuis 2011, il est le deuxième plus élevé d’Europe par mille habitants après la Russie et il est le triple de lamoyenne européenne. LapopularitédeM.Erdoğanachutédepuisquelques années. La croissance économique est devenue irré- gulière.L’accueildepuis2011de4millionsderéfugiés syriens malgré un taux de chômage de 10% n’a pas plu. La communautékurde s’est détournéede lui, car il l’a fortmal traitée enTurquie, en Irak et en Syrie. En 2019, l’AKP a perdu les élections locales dans les grandes villes. L’inflation s’élevait à 85,5% l’an en no- vembre2022età44%l’anenavril2023.Lalivreturque à perdu 80% de sa valeur face au dollar sous le «règne» deM. Erdoğan. Aucoursdu tremblement de terrede février 2023, des milliers de bâtiments se sont effondrés, causant envi- ron50.000morts.Unmilliond’habitantssontdéplacés. Une zone de la taille de l’Allemagne est en ruines. Un grandnombredeTurcstiennentM.Erdoğanpourres- ponsable de cette situation. Les électeurs sont plus nombreuxàvouloirunegouvernanceplusefficace.A cause de la mauvaise situation politique et écono- mique, le nombre de jeunes turcs éduqués dansl’enseignementsupérieurquideman- dentl’asileenBelgiquepourraisonpoli- tique a triplé en un an, le nombre de demandes pour raison économique a doublé. (3) M. Erdoğan a brouillé son image : il s’estprésentécommelenouveausultan ouchefpolitiquedesturcophones,d’où sonallianceavecl’Azerbaïdjan,pourtant deconfessionchiite,maisaussicommele califeouchefreligieuxdessunnites,négli- geant le fait que les Arabes sunnites n’envisagent pas une domina- tion turque, et que les chiites ne vont pas se soumettre à un sunnite. Pour les élections du 14mai, le candidat de l’opposition, une coalition de six partis, est Kemal Kılıçdaroğlu. C’est un économiste, un ancien fonc- tionnaire de 74 ans, qui dirige de- puis 2010 le CHP. Il semble avoir obtenu le soutien des Kurdes. Il a promis de revenir au système parle- mentaire, qu’un référendum avait remplacé en 2018 par un régime présidentiel. Il veut lutter contre l’in- flation et redresser le cours de la livre turque. Il veut réduire les dépenses publiques. Il s’est engagé à res- taurer l’indépendance de la justice, à cesser d’utiliser le système judiciairepour réprimer lesdissidents et à restaurer la liberté d’expression. Selon un récent sondage, M. Kılıçdaroğlu aurait rallié 48,9% des intentions de vote. (4) M. Erdoğan convain- crait 43,2%des électeurs de voter à nouveau pour lui. Les nationalistes conservateurs obtiendraient 4,8% pourMuharremInceet3,1%pourSinanOğan.Unse- condtourpourraitêtrenécessairefinmai,pourlapre- mière fois depuis 20 ans. La relation aigrie entre la Turquie et l’UE La Turquie est candidate à l’adhésion à l’Union euro- péenne (UE), officieusement depuis les années 1960, officiellementdepuis1987.En1999,l’UEluiareconnu le statut de candidat. Depuis l’arrivée au pouvoir de M.Erdoğanen2003etl’entréedeChypredansl’UEen 2004, les relations entre laTurquie et l’UEse sont dété- riorées. L’aggravationde la répressiondesKurdesde- puisledébutdesannées2010etdesopposantsdepuis 2013, les purges et emprisonnements arbitraires après latentativedecoupd’Étatenjuillet2016,l’intervention militaire en Syrie en 2019, la mauvaise gouvernance, l’envoi vers l’UEdes flux de réfugiés syriens et demi- grants illégaux en 2015 ont considérablement éloigné laperspectived’adhésiondelaTurquieàl’UE.L’accord de 2016, qui permettait de limiter fortement l’arrivée demigrants enGrèce contre le paiement à la Turquie de plusieurs milliards € a été mal appliqué, ce qui a suscité des rancœurs. (5) La négociationde lamoderni- sation de l’union douanièreUE-Turquie et son exten- sionauxservices,ainsiquelesnégociationsd’adhésion, ontétégeléesparl’UE. (6) Néanmoins,l’UErestelepre- mier partenaire commercial de la Turquie, avec 41% des échanges,mais ceux-ci sont enbaisse. M. Erdoğan menace la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bulgarie et de la Grèce. Il cherche à accaparer une partie de la Thrace et des îles de la Mer Égée. (7) LetraitédeSèvresde1920,quiréglaitlesortdel’empire ottoman à la suite de la défaite de l’empire ottoman a été remplacé, à la suite de la déroute grecque de 1922, par le traité de Lausanne du 24 juillet 1923.Celui-ci est très avantageux pour la Turquie et très défavorable à la Grèce et à l’Arménie, mais il a maintenu dans la Grèce la plupart des îles de la mer Égée, restreignant ainsi fortement le domainemaritime turc. C’est pour- quoiM. Erdoğan le conteste. Enmai2022,lePremierministregrecMitsotakisamis engarde,àWashington,lesmembresduSénatetdela Chambre des représentants contre les livraisons d’armes liées à laMéditerranée orientale. Selon lemi- nistèredeladéfenseàAthènes,entrejanvieretoctobre, 8.880 violations de l’espace aérien grec par des avions et drones turcs ont été enregistrées, contre 2.744 en 2021, et à peine quelques centaines les années pré- cédentes. Des deux côtés du fleuve frontière Évros, l’état d’alerte est quasi permanent. Ces tensions sont cycliques : jusqu’enmars,MM.Mitsotakis et Erdoğan voulaient coopérer davantage dans le cadre de la guerre enUkraine. (8) Le3septembre2022,M.Erdoğanamenacédefrapper Athènesaveclemissile“Tayfun” (9) etrappeléladéfaite grecquede1922. (10) LeHautreprésentantdel’UE(HR) s’estbornéàdemanderquelesdifférendssoientréglés demanière pacifique. (11) Avec un budget annuel de 8 milliards €, la Grèce dé- pense pour sa défense 3,6% de son PIB. Ses forces comptent 142.000 militaires d’active et conscrits, sur une population de 10,6 millions d’habitants. Les ar- mées turques disposent d’un budget deux fois plus important et de 425.000 militaires d’active sur 84 mil- lions d’habitants. Les 2pays ont entrepris lamoderni- sationde leurs forcesmais beaucoup reste à faire. (12) En 1974, à la suite d’un coup d’état à Chypre, l’armée turque a envahi le nord de l’île. En 1983, la Turquie a suscité la création de la république turque de Chypre duNord, mais elle n’a pu la faire reconnaître interna- tionalement. M. Erdoğan refuse de reconnaître la Ré- publique deChypre. Il poursuit l’occupationdunord del’île.Ilfaitprocéderàdesforagespétroliersetgaziers dans les eaux chypriotes. Le 17 septembre 2022, il a condamnélalevéedel’embargoaméricainde1987sur l’exportationd’armes vers laRépublique deChypre. Plusgénéralement,M.Erdoğannerespectepasledroit international.Ilveutexploiterunepartiedesressources delazoneéconomiqueexclusivegrecque.En2019,un premier accord énergétique a été conclu entre la Tur- quie et laLibye. Il dressait de nouvelles frontièresma- ritimes du sud-ouest de la Turquie au nord-est de la Libye, à travers une zone revendiquée par la Grèce et Chypre.Ankara,quin’estpassignatairedelaConven- tion des Nations unies sur le droit de lamer, conteste que certaines îles grecques disposent de zones écono- miquesexclusives.Cepointestunesourcedediscorde d’autant plus vive que la Méditerranée orientale est riche enhydrocarbures. (13) En octobre 2022, la Turquie et la Libye ont signé un protocole d’entente pour la prospectiond’hydrocarbures. Alors que les États membres de l’ONU doivent coo- pérerauxinspectionsdecontrôledel’embargosurl’en- voi d’armes vers la Libye décidé par le Conseil de Sécurité,àmaintesreprises,laTurquiearefuséàl’opé- rationde l’UEEUNAVFORMEDIRINI l’autorisation d’arraisonner et d’inspecter des navires suspects de violer l’embargo sur les armes imposé par lesNations unies à la Libye. Sans craindre une confrontation : la marine turque construit actuellement cent patrouil- leurs ; c’est dix fois plus que cedont dispose laMarine nationale française. La Turquie et l’OTAN LaTurquieestdansl’OTANdepuis1952,maissonpo- sitionnementgéostratégiqueaévolué.Longtempsl’al- liée fidèle des États-Unis, elle apparait désormais comme un électron libre. Renforcée par une industrie de défense en plein essor et de plus en plus exporta- trice, symboliséepar sonproduit phare, ledroneBay- raktarTB2,laquêtedepuissancedelaTurquies’expri- me aussi par diverses opérations et déploiementsmi- litaires.EnverslaRussie,Ankaraseposeenrivale,mais a longtemps refusé d’appliquer les sanctions décidées parl’Occident.Toutefois,lesdonnéescommercialesde la Turquie commencent à refléter le fait qu’Ankara a cesséd’autoriserlaréexportationdeproduitsocciden- taux sanctionnés vers la Russie, après des avertisse- ments répétés de Washington. (14) EnAfrique, enAsie centrale,danslesBalkans,le softpower turcdécouledes liens économiques et des affinités culturelles, qu’elles soient linguistiques, historiques ou religieuses. M. Erdoğan affirme son opposition à la fois à l’Occident colonialiste et aux prédateurs russes et chinois. En raisonde l’acquisitionparM. Erdoğan, en2017, du systèmededéfenseantimissilerusseS-400,en2020,les Américainsl’ontsanctionné:ilsontrefusédelivrerles chasseursfurtifsF-35commandésetpayés1,4milliard $ et retiré aux Turcs la production de 900 pièces du F- 35,dontlapartiecentraledufuselage.CommelaChine resserresesliensavecl’Iranetl’ArabieSaoudite,ils’im- posepourWashingtonde consolider unaxepro-occi- dentalcomprenantlespaysduGolfe,l’ÉgypteetIsraël, ainsi que d’y arrimer la Turquie. M. Erdoğan l’a com- pris. Il ademandéauxÉtats-Unisd’Amériquedemo- derniser 80 F-16 et de lui fournir 40 chasseurs F-16 de dernièregénération, (15) cequeM.Bidenaautorisé,sous réserve de l’approbation du Congrès, lequel attend l’entrée de la Suède à l’OTAN. (16) La pusillanimité des dirigeants de l’OTANet de l’UE, face à M. Erdoğan, qui empêche même de porter as- sistance aux Syriens victimes du récent tremblement de terre, est navrante. (17) M. Erdoğan a conditionné, le 29juin2022,laratificationdel’adhésiondelaFinlande etdelaSuèdeàl’OTAN,notammentàl’extraditionpar laSuèdede73KurdesetdepartisansdeM.Gülen.Les dirigeants finlandais et suédois ont promis de ne pas soutenir les mouvements de résistance kurdes, ni les partisans de M. Gülen. Les deux pays nordiques ont levé en octobre 2022 les interdictions d’exporter cer- tainesarmesverslaTurquie,quisanctionnaientl’agres- sion militaire turque contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, en 2019 ; celles-ci furent nos alliées dans la lutte contreDaesh. Comme laSuède refusede se plier aux exigences d’Ankara enmatière d’extradi- tions, seule l’adhésion de la Finlande a été ratifiée par Ankara. La Suède a modifié en vain sa constitution pour durcir ses lois antiterroristes. (18) La questionde la sécurité de la Suède ne se pose pas : elle est garantie par l’article 42.7du traité sur l’UEet indirectement par l’article Vdu traité deWashington, car 23 Étatsmem- bres de l’UE sontmembres de l’OTAN. (19) La Turquie, laRussie et l’Ukraine La Turquie dépend de la Russie pour l’énergie, le blé, l’acier,lestouristes,...Celan’apasempêchéM.Erdoğan d’aider l’Ukraine en interdisant le passage par les dé- troits des navires russes venus des flottes duNord et duPacifiquepourrenforcerlaflottedelamerNoire.Il a fourni de nombreux drones de combat à l’Ukraine. Le fabricant de drones Baykar Technologydispose en Ukrained’uncentrederechercheetd’unechaîned’as- semblage de drones TB2 et du nouveau modèle Akinci, qui est équipé d’un moteur ukrainien. M. Erdoğan a également aidé l’Ukraine à reprendre l’ex- portationde denrées alimentaires. La croisée des chemins Le14mai,lesTurcsvontcommenceràchoisircequ’ils veulentêtre:oubiensoumisàunrégimeunipersonnel agressif, où la dissidence est absente, l’économie en berne et la corruption croissante, ou bien membres d’une démocratie dans laquelle le peuple est souve- rain. Le centenaire de la République turque pourrait coïncider avec un retour aux valeurs qui furent celles deMustafaKemalAtatürk. La Turquie, à la croisée des chemins 1) Pierre Servent, Le monde de demain , Paris, Robert Laffont, 2022, p.282. 2) Charlotte Oberti, “Turquie : la confrérie Gülen, entre secte et franc-maçonnerie”in France24 ,27fécembre2013 https://www.france24.com/fr/20131227-turquie-confrerie-guelen- entre-secte-franc-maconnerie-erdogan 3) Voir Kubra Mayda, «Aantal Turken dat in België asiel aan- vraagt,isverdrievoudigd»in DeStandaard ,9mei2023 https://www.standaard.be/cnt/dmf20230508_95824900 4)VoirJonHenley,“ErdoğanfacesrealchanceoflosingasTurkey getsreadytovote”In TheGuardian 10May2023, https://www.theguardian.com/world/2023/may/10/recep-tayyip- erdogan-facies-real-chance-of-losing-as-turkey-gets-ready-to-vote 5) Voir LeonorHubaut, “Où sont passés les six-milliards promis parl’EuropeàlaTurquie?“in Bruxelles2, 17mars2023, https://www.bruxelles2.eu/2020/03/ou-sont-passes-les-six-milliards- promis-par-leurope-a-la-turquie/?utm_source=mailpoet&utm_me- dium=email&utm_campaign=les-newsletter-total-derniers-articles- de-notre-blog_2 6)Unchapitresurlesdispositionsfinancièresetbudgétairesavait étéouvert,commeleprévoyaitlepactemigratoire. 7) Nicolas Bourcier, Marina Rafenberg, “Entre laGrèce et la Tur- quie,lestensionss’accentuent”in LeMonde ,14novembre2022 https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/14/entre-la- grece-et-la-turquie-les-tensions-s-accentuent_6149805_3210.html 8) VoirNicolas Bourcier,Marina Rafenberg, “Entre laGrèce et la Turquie,lestensionss’accentuent”in LeMonde ,14novembre2022 https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/14/entre-la- grece-et-la-turquie-les-tensions-s-accentuent_6149805_3210.html 9) dpa, “Erdogan droht Athen indirekt mit Raketenangriff“ in FrankfurterAllgemeineZeitung,11.Dezember2022. , https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/erdogan-droht- athen-indirekt-mit-raketenangriff-18527687.html 10)Voir TRTWorld , https://www.trtworld.com/video/social-videos/erdogan-to- greece-if-you-go-further-you-will-pay-a-heavy- price/63135d2adfcf4c0017524f83,sd. 11)VoirEEASPressTeam, Turkey:StatementbytheSpokespersonon remarksbythePresidentagainstGreece,5September2022 , https://www.eeas.europa.eu/eeas/turkey-statement-spokesper- son-remarks-president-against-greece_en 12) Voir sn, “Le français Nexter vise l’acquisition du grec ELVO pour le remplacement du segment médian de l’Armée de Terre hellénique“in Meta-Defense.fr, 4avril2023 https://meta-defense.fr/2023/04/04/le-francais-nexter-vise-lacqui- sition-du-grec-elvo-pour-le-remplacement-du-segment-median- de-larmee-de-terre-hellenique/ 13)VoirNicolasBourcier,MarinaRafenberg,“EntrelaGrèceetla Turquie,lestensionss’accentuent”in LeMonde ,14novembre2022 https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/14/entre-la- grece-et-la-turquie-les-tensions-s-accentuent_6149805_3210.html 14) sn, “Russia-Ukraine war at a glance: what we know on day 434oftheinvasion“in TheGuardian, 3May2023 https://www.theguardian.com/world/2023/may/03/russia- ukraine-war-at-a-glance-what-we-know-on-day-434-of-the- invasion 15)PatrickWintour, “ ErdoğangainsfromliftingSwedenandFin- land Nato veto with US fighter jet promise” in The Guardian, 29 June 2022, https://www.theguardian.com/world/2022/jun/29/er- dogan-gains-from-lifting-sweden-and-finland-nato-veto-with-us- fighter-jet-promise 16) Rainer Hermann, “Die Türkei besinnt sich auf ihre Veranke- rungimWesten”in FrankfurterAllgemeineZeitung ,19.April2022 https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/russlands-ukraine- krieg-hat-folgen-fuer-die-tuerkische-aussenpolitik-17964258.html 17)SelonPierreServent, Lemondededemain, Paris,RobertLaffont, 2022,p.206,M.Erdoğann’apasreconnul’annexiondelaCrimée par Poutine, il a fourni des drones Bayraktar à l’Ukraine, mais continueàcommerceraveclaRussie.Ilamislajusticeetlabanque centraleauxordresdugouvernement,muselélapresse,lasociété civile et l’armée, et enrichi les oligarques qui lui sont dévoués. Il emprisonne les opposants, en particulier les Kurdes.A cause de lapolitiquemonétaireabsurdequ’ilmène,l’inflationauraitétéde 79%en juillet2022. 18)VoirRuthMichaelson ,“ TurkeypushesbackvoteonSweden and Finland’s Nato accession ” in The Guardia n, 14 January 2023 https://www.theguardian.com/world/2023/jan/14/turkey-pushes- back-vote-on-sweden-and-finlands-nato-accession 19) https://club.bruxelles2.eu/2022/05/carnet-de-la-geopolitique- europeenne-17-05-2022-defense-otan-diplomatie-crises-securite- pouvoirs/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_ca mpaign=b2pro-or-newsletter-post-title_2,17mai2022. B ank ofAmerica opens a newbranch in Luxembourg, further strengthening its capabilities and the value it offers to clients in coremarkets. The launchmeans the bank can support clients – cor- porate,commercialandNBFIs(non-bankfinancialins- titutions) – with setting up local bank accounts and provide in-country transaction banking products and services. In particular, as Luxembourg is the second largest investment fund centre in the world, after the United States, the bank will deepen its global cash management services to theseNBFIs. Fernando Vicario, CEO of Bank of America Europe DAC said, “This announcement marks a significant milestone for businesses in the region. Many multi- national companies have chosen Luxembourg as a European hub for their activities andwe are proud to support business opportunities and responsible growth in this important financial centre.” MatthewDavies, head of Global Transaction Services (GTS), EMEAandGlobal co-head of Corporate Sales, GTS said, “GTS has beenoperating inEMEA for over 90 years. The opening of the Luxembourg branch demonstratesourongoingcommitmenttosupporting clients in key countries where they have cash mana- gement requirements and providing strategic advice withbuilding resilient enterprises.” Bank of America opens Luxembourg branch © iStock AGEFI Luxembourg 20 Mai 2023 Economie / Banques

RkJQdWJsaXNoZXIy Nzk5MDI=