Agefi Luxembourg - novembre 2025
AGEFI Luxembourg 20 Novembre 2025 Fonds d’investissement L es petites et moyennes capita- lisations sont encore large- ment inexploitées par le marché, estiment Stéphane V AN T ILBORG , Country Manager Bene- lux, et Nelly D AVIES , gérante d’Echiquier Smid Blend Euro SRI au sein de La Fi- nancière de l’Échiquier (LFDE) (cf. portraits). “Plu- sieurs dynamiques à l’œu- vre sur ce marché offrent, selon nous, des opportuni- tés intéressantes pour les investisseurs en quête de di- versification et de croissance à moyen terme.” Avec près de 4 milliards d’encours gérés sur les Small &Mid Caps (1) , La Financière de l’Échiquier figure parmi les plus grands ac- teurs européens sur cette classe d’actifs. Pouvez- vous nous rappeler vos fondamentaux ? “LFDE est en effet un acteur de premier plan sur les Small & Mid Caps, avec 35 ans d’expérience et une équipe chevronnée de six gérants-ana- lystes. Nous couvrons l’intégralité du spectre en proposant des fonds investis sur toutes les tailles de capitalisation boursière, de la micro à la grosse mid, sur tous les styles, croissance ou blend (2) , et toutes les zones, France, zone euro et Europe. La connaissance des entreprises, la proximité avec leurs dirigeants et l’accompagnement dans la durée sont ancrés dans notre ADN. Nous sommes aujourd’hui convaincus du potentiel de la classe d’actifs, au regard de plusieurs éléments porteurs. C’est pourquoi nous militons pour un retour progressif sur les Small & Mid Caps.” Le contexte macroéconomique marque-t-il un tournant pour les pe- tites et moyennes valeurs ? “Absolument. Les petites entre- prises, dont l’écosystème est très ancré localement, ont été délaissées ces trois dernières années et affichent une performance inférieure à celle des grandes valeurs, des deux côtés de l’Atlantique. En Europe, cette tendance s’explique par une éco- nomie dénuée de dynamisme, un couple franco-allemand affaibli et une crise énergétique majeure dé- clenchée par la guerre en Ukraine. L’année 2025 pourrait marquer un tournant, déjà visible au premier se- mestre avec un écart de performance significatif avec les grandes capitali- sations. Fin août, les indices MSCI EMU Small Cap et Mid Cap avaient pro- gressé respectivement de 19 % et 24 %, contre +14 % pour le MSCI EMU Large Cap.” “Plusieurs catalyseurs sont à l’œuvre. La montée des conflits et les tensions commerciales relancées par Donald Trump ont mis en lumière la dépen- dance de l’Europe au commercemondial, incitant les États à renforcer leur souveraineté écono- mique. L’Allemagne a lancé un plan de relance massif de 1.000 milliards d’euros. Ces mesures, diffusées dans l’économie locale, bénéficient da- vantage aux petites capitalisations, qui réalisent 60 % de leur chiffre d’affaires en Europe. Certains marchés comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne enregistrent des performances remarquables. Seule la France reste jusqu’ici un peu en retrait, pé- nalisée par son instabilité politique. En parallèle, les indicateurs de production industrielle s’amé- liorent graduellement, tandis que l’inflation est plus maîtrisée et que les taux d’intérêt se stabili- sent après leur forte hausse en 2022 et 2023.Autant de facteurs favorables à cette classe d’actifs.” Comment traduisez-vous ces perspectives en thèmes d’investissement ? “Certaines thématiques structurantes émergent, telles que la défense, qui représente désormais 5 %du budget européen, et les grands projets d’in- frastructure – transport, énergie, utilities , data centers. Les banques méritent également selon nous une attention particulière: très domestiques, elles bénéficient d’un environnement réglemen- taire stabilisé, d’une repentification de la courbe des taux et d’un début de consolidation, notam- ment en Italie. Ces dynamiques offrent, selon nous, des opportunités intéressantes pour les in- vestisseurs en quête de diversification et de crois- sance à moyen terme.” 1) Petites et moyennes capitalisations, chiffre au 30 août 2025. 2) Sans biais de style. L’année 2025 pourrait marquer un tournant pour les Small &Mid Caps Par Johann P LÉ , gérant de portefeuille senior, et Rui L I , gérante de portefeuille, AXA IM L es obligations vertes ont beaucoup évolué depuis leur création. Cette classe d'actifs ne cesse d'innover et, à environ 2 200 milliards d'euros, offre aux investisseurs un large éventail d'op- portunités. Les obligations vertes ont été initialement lancées sur le marché pour offrir aux émetteurs un outil de financement leur permettant de participer en toute transparence à des projets liés au climat et à la durabilité. Il s'agissait d'une nouvelle offre inno- vante conçue pour produire des effets positifs sur l'environnement et l'Accord historique de Paris sur le changement climatique, conclu en 2015, a considérablement stimulé la demande. Au cours des dix années qui ont suivi, le besoin de projets bénéfiques pour l'environnement n'a fait que croître, tout comme la volonté des entre- prises et des pouvoirs publics de les financer. Lorsque le marché des obligations vertes était encore embryonnaire, les solutions énergétiques intelligentes (énergies renouvelables et projets d'efficacité énergétique) dominaient le paysage. Des projets dans les secteurs des transports et du bâtiment, pour lesquels la décarbonation est une priorité absolue, ont ainsi pu être mis en œuvre. En tant qu’investisseurs de la première heure sur cemarché, nous avons été témoins de la croissance de cette classe d'actifs et du riche éventail d'op- portunités qu'elle offrait. Bien que les solutions énergétiques intelligentes, le transport bas carbone et les bâtiments écologiques restent des théma- tiques phares, d'autres thèmes sont également apparus, comme la biodiversité et la nature, l'adaptation au changement climatique, la préven- tion de la pollution, ou encore la gestion de l'eau et des déchets. Le marché des obligations vertes a fait preuve de résilience, traversant avec succès les périodes de turbulences pour atteindre une envergure signi- ficative en termes de volumes d'émissions annuels. Même pendant les mois extrêmement mouvementés de 2020 par exemple, les obliga- tions vertes ont résisté, l'offre se maintenant à des niveaux similaires à ceux de 2019 avant de s'accé- lérer au second semestre de l'année pour dépasser les volumes historiques. Sur le marché primaire, la demande est restée relativement stable, signe que le marché s'était déjà constitué une base d'in- vestisseurs solide et fiable. Après une année 2024 record en termes d'émissions, l'année 2025 est res- tée résiliente en cumul annuel, avec des volumes globalement similaires à ceux enregistrés ces der- nières années. La situation actuelle Le paysage de la finance durable a pris une ampleur considérable ces dix dernières années. Les investisseurs ont assisté au développement de nombreux nouveaux instruments comme les obli- gations de transition, sociales, durables et liées au développement durable, même si les obligations vertes restent au cœur du marché des obligations labellisées. Contrairement aux idées reçues, les obligations vertes ne sont pas cantonnées à un petit nombre de secteurs concentrés ou de types d'émetteurs. Au début des années 2010, les obligations vertes étaient des produits spécialisés, émis en grande partie par les banques de développement et une poignée de grandes entreprises. Aujourd'hui, comme lemontre le graphique, leur univers com- prend des États souverains, des organisations supranationales, des banques, des sociétés de ser- vices aux collectivités et des entreprises sur les marchés développés et en développement. Des normes plus exigeantes L'évolution du marché des obligations vertes, qui est passé du statut de placement de niche à celui de marché grand public multi-émetteurs, est nuancée et régie par plusieurs facteurs : la dyna- mique politique, la demande des investisseurs et un écosystème croissant de normes et de contrôles. Introduits en 2015, les Principes applicables aux obligations vertes de l'International Capital Market Association (ICMA) fournissent un cadre pour ces obligations qui a été largement adopté. Ce cadre porte sur les critères d'éligibilité des pro- jets, leur gouvernance, l'affectation des fonds et l'établissement de rapports d'impact. Sans être juridiquement contraignants, ces principes ont contribué à instaurer une certaine comparabilité et crédibilité, tandis que l'introduction et l'évolu- tion de ces normes et contrôles ont constitué un moteur indispensable pour le marché. Au-delà de ces normes, d'autres changements réglementaires sont venus renforcer le marché. La volonté de l'Union européenne (UE) de mettre en place une norme unifiée pour les obligations vertes et un cadre plus large pour la finance dura- ble, y compris des obligations d'information fon- dées sur la taxonomie, a placé la barre très haut en termes de crédibilité et de confiance auprès des investisseurs. Dans ce contexte, le Danemark est récemment devenu le premier État souverain à émettre une obligation verte de l'UE. Bien que cette émission soit libellée en monnaie locale (couronne danoise), elle adresse un signal positif aumarché, démontrant que malgré le « vacarme » réglemen- taire qui règne en Europe, les émetteurs tiennent à faire valoir l'exceptionnalisme européen et adhèrent à des normes plus strictes qui contri- buent à renforcer encore davantage la qualité et la crédibilité du marché. À travers le monde, les États ont développé ou adopté des taxonomies et des normes qui varient en termes d'importance et de portée, même si les cadres internationaux et européens continuent d'être fréquemment cités et souvent adaptés à des contextes nationaux ou régionaux spécifiques. Il en résulte un mélange de normes, allant des obli- gations « alignées sur la taxonomie » aux obliga- tions certifiées dans d'autres cas. Le paysage est ainsi plus complexe, mais aussi plus solide, dans la mesure où les acteurs du marché prônent une plus grande cohérence dans les rap- ports d'impact et les conventions d'émission. Le débat sur ce qui est considéré comme « vert » est également nettement plus nuancé, obligeant les gérants d'actifs à adopter une vision plus claire de leur philosophie en matière d'investissement vert. Diversification du portefeuille Autre évolution majeure, le choix géographique et sectoriel proposé aux investisseurs s'est élargi. Au départ, les émissions étaient essentiellement concentrées au sein des marchés développés et des secteurs verts traditionnels. Ces dix dernières années, la région Asie-Pacifique (de la Chine à l'Australie en passant par Singapour et l'Indonésie) a émergé comme une nouvelle source d'émission d'obligations vertes. Dans les secteurs de l'énergie, de la banque, de l'immobilier et des transports, les entreprises émettrices ont recours aux obligations vertes pour soutenir un large éventail d'investissements sou- cieux des enjeux climatiques. Ces émissions vien- nent en complément des obligations vertes sou- veraines et apparentées, dont l'influence sur la construction de ces marchés, tant à l'échelon local qu'international, ne doit pas être sous-estimée. De notre point de vue, cette diversité géographique et sectorielle a permis de mieux répartir les risques et d'élargir les possibilités d'investissement dans les obligations vertes. Bien entendu, que l'inves- tissement soit sans contrainte ou à courte duration, le marché des obligations vertes continue d'offrir des solutions transparentes et crédibles visant à contribuer à l'objectif de zéro émission nette et à relever les grands défis environnementaux. Perspectives L’expansion du marché des obligations vertes est appelée à se poursuivre àmoyen terme sous l'effet des politiques d'incitation, de l'évolution des taxo- nomies et de la quête permanente d'un finance- ment diversifié et modulable en faveur de la lutte contre le changement climatique. Cette évolution se manifeste déjà sous la forme de nouvelles prio- rités thématiques, avec l'introduction récente des obligations bleues, une sous-catégorie des obliga- tions vertes qui cible des projets liés à l'eau douce et aux écosystèmes marins. Dans cette sous-catégorie encore embryonnaire, la plupart des émissions proviennent de la région Asie-Pacifique. Pour autant, ce phénomène témoigne selon nous de l'appétit croissant pour les obligations liées à la nature et des opportunités potentielles à saisir dans ce domaine. Cette ten- dance devrait continuer à soutenir la dynamique positive que connaît la classe d'actifs. Une crois- sance et une diversification plus marquées devraient contribuer à renforcer la demande des investisseurs. À ce jour, cette demande a contri- bué à accroître la liquidité des marchés secon- daires et amélioré l'accès au financement des pro- jets climatiques. Des défis restent bien entenduà relever, et les inves- tisseurs doivent être attentifs aux rapports d'impact insuffisants et aux risques d'écoblanchiment sus- ceptibles de compromettre l'intégrité du marché. Lemaintien de la confiance des investisseurs exige des efforts constants, de sorte qu'il est essentiel de veiller à ce que les fonds soient déployés en faveur de projets climatiques vérifiables qui font état de réelles réductions d'émissions, ainsi que d'émet- teurs affichant des ambitions crédibles. C'est pour- quoi le recours à un processus d'investissement solide pour les obligations vertes nous semble tout aussi nécessaire aujourd'hui qu'il y a dix ans. Les dix prochaines années seront vraisemblable- mentmarquées par une plus grande normalisation, la production de données d'impact de meilleure qualité et normalisées, et une plus forte intégration dans les objectifs plus généraux de la finance dura- ble et dans les cadres de gestion des risques. Si ces conditions perdurent, les obligations vertes devraient conserver une place centrale dans la mobilisation des capitaux en faveur d'une écono- mie bas carbone et plus résiliente. Au regard de la situation actuelle du marché, nous estimons que les obligations vertes sont déjà susceptibles de constituer une allocation obligataire de base attrayante d'un point de vue fondamental, tout en offrant des avantages supplémentaires. Marché des obligations vertes : de placements de niche à obligations incontournables Émissions annuelles d’obligations vertes (enMdsUSD) Source :AXAIM,Bloombergau04/11/2025 Source :AXAIM,Bloombergau04/11/2025 Émissions d’obligations vertes par secteur (en%)
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