Agefi Luxembourg - novembre 2025
AGEFI Luxembourg 10 Novembre 2025 Économie L a Chambre de Commerce a organisé, le 16 octobre 2025, une conférence consacrée au thème de la lutte contre la crimi- nalité financière abordant le sujet de la lutte contre le blanchiment, le financement du terrorisme, la corruption ainsi que des sanctions financières. L’objectif de la conférence s’inscrivait dansunevolonté continuedeprévenir et sensibiliser les entreprises luxembour- geoises aux thématiques abordées. En effet, la Chambre de Commerce souhai- tait ainsi poursuivre ses efforts dans les domaines de la prévention et de la sensi- bilisationde ses ressortissants afinde leur permettre d’appréhender au mieux les risques encourus et d’éviter, autant que possible, l’exposition à des sanctions administratives et pénales. Dans son mot de bienvenue, Katarina Gerard, Senior Legal Advisor à la Chambre deCommerce, a souligné l’im- portance accordée par la Chambre de Commerce aux sujets traités. D’une part, une grande majorité de ses ressortissants est soumise à la législation en matière de la lutte contre le blanchi- ment et le financement du terrorisme, et, d’autre part, enmatière de la lutte contre la corruption transnationale, toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, pourraient être confrontées aux problématiques de la corruption. Consciente des enjeux liés aux sanctions économiques dans un environnement international marqué par des tensions géopolitiques et des crises économiques, laChambre deCommerce a rappelé que ces dernières ne sont pas de simples for- malités administratives et que leur non- respect peut entraîner des sanctions pénales sévères. La conférence visait ainsi à présenter les résultats du rapport de l'évaluation nationale des risques de la lutte contre le blanchiment et le financement du ter- rorisme, à dresser un état des lieux des sanctions économiques en 2025, à pré- senter le sujet de l’évasion de sanctions et du financement du terrorisme ainsi qu’à sensibiliser aux risques associés à la corruption transnationale. La conférence comportait quatre présentations Tout d’abord, Laura Reiff de la direction de lutte contre le blanchiment et le finan- cementduterrorismeauprèsduministère de la Justiceaouvert la sessionenprésen- tant le rapport de l'évaluation nationale des risques de la lutte contre le blanchi- ment et le financement du terrorisme. Ensuite, GérardZolt, Managing Partner au sein de la société de conseil 5Z Partners a dressé un état des lieux des sanctions économiques en 2025 et a guidé les participants quant à lamise en place d'un système de compliance en matière de sanctions économiques. Max Braun, directeur de la Cellule de renseignement financier a consacré sa présentation au sujet de l’évasion de sanctions et du financement du terro- risme. Enfin, Maître Sandra Birtel, avocate à la Cour, Partner au seinde l’étudeCMLaw et présidente de l’Association luxem- bourgeoise pour la préventionde la cor- ruption (LutCor) a clôturé la conférence en abordant le sujet de la lutte contre la corruption transnationale et endressant un aperçu des risques pour les entre- prises et des mesures de prévention, le tout dans une approche pratique. La Chambre de Commerce remercie chaleureusement les intervenants pour la qualité et la richesse de leurs contri- butions, ainsi que les nombreux partici- pants pour leur intérêt. Leur engage- ment a largement contribué au succès de l’événement. Source : Chambre de Commerce Lutte contre la criminalité financière : Blanchiment, financement du terrorisme, corruption et sanctions financières sous la loupe ©ChambredeCommerce Françoise Thoma quitte le Comité de direction L e nouveau cadre straté- gique de Spuerkeess, annoncé le 10 novem- bre, et le dispositif y affé- rant, définis par leConseil en 2025 en réponse à une demande dupropriétaire de la Banque, reposent sur plu- sieurs piliers fondamentaux conçus pour garantir la soli- dité et le leadership à long terme de la banque dans un paysage financier et ban- caire en rapidemutation. Ce cadre stratégique permettra à la Banque de renforcer samission d’intérêt publicde contributionau développement économique et social du Luxembourg tout en accélérant les programmes de mise à niveau réglementaire de Spuerkeess. Ces piliers incluent : - Un leadership proactif sur le marché : renforcer sa position de banque de premier plan pour la clientèledes particuliers, des PME et du secteur public au Luxembourg grâce à une innova- tion continue et une expérience omnicanale de pointe. Pour des segments ciblés de la clientèle banque privée et institutionnelle, augmenter davantage la spéciali- sationdes services. - L’excellence opérationnelle et technologique : une modernisa- tion décisive de l’infrastructure technologique de la Banque pour améliorer l’efficacité, la sécurité et lacapacitéàdéployerdenouvelles technologiesainsiquedesservices avancésbaséssurlesdonnées,afin d’optimiser le service au client, renforcer le dispositif de contrôle des risques et consolider la rési- lienceopérationnelledelaBanque. - Une culture de conformité et de gestion des risques de premier ordre : établir un cadre proactif de gestiondesrisquesetdelaconfor- mité, ainsi qu’une culture du risquefermementancréeàtousles niveauxde la Banque. - Un employeur de choix : pro- mouvoir une culture dynamique etinclusivequiattire,développeet fidélise les meilleurs talents, per- mettant de développer continuel- lement les compétences profes- sionnellesnécessairespourmaîtri- ser les défis futurs. Une transformation de cette pro- fondeur et s’étalant sur un hori- zonmoyenet long terme, appelle un changement générationnel au niveau du Comité de direction. Pour faciliter et accélérer ce pro- cessus et pour préparer des suc- cessions en vue de prochains départs à la retraite, Françoise Thoma, directeur général, a convenu avec le Conseil d’admi- nistrationde quitter leComité de directionavant lafinde sonman- dat. Elle restera en fonction jusqu’à lanominationde son suc- cesseur. Par la suite, elle assu- meraunemissionde conseil stra- tégique, sous l’autoritéduConseil d’administration. Elle se concen- trera sur l’impact potentiel des futures tendances légales et régle- mentaires ou des évolutions sec- torielles dans les domaines de la finance et de la banque pour Spuerkeess. Son travail sera cru- cial pour permettre à la Banque de se préparer demanière proac- tive et opportune aux ajuste- ments nécessaires. « Nous respectons la décision de Françoise Thoma et lui sommes extrêmementreconnaissantspour son engagement de longue date et son dévouement au service de Spuerkeess. Son leadership a été essentielpourrenforcerlaposition de la Banque sur le marché et sa missionfondamentale.Ellerestera une personne de confiance dans le cadre de sesmissions, » déclare Camille Fohl, président du Conseil d’administration. « Le nouveau cadre stratégique est une étape ambitieuse et importante dans l’histoire de la Banque. Je suis fière de ce que nous avons accompli ces der- nières années chez Spuerkeess. C’est également un moment opportun pour moi de passer le relais à une nouvelle génération de dirigeants. Je suis convaincue que Spuerkeess est idéalement positionnée pour prospérer dans la décennie à venir, en s’ap- puyant sur des fondations solides. Je suis ravie de pouvoir continuer à contribuer au déve- loppement de laBanque en assu- mant une nouvellemission tour- née vers l’avenir, » déclare Françoise Thoma. Le Conseil d’administration va maintenant lancer un processus structuré pour identifier le suc- cesseur auposte deCEO, confor- mément à la procédure définie par la loi de 1989 sur Spuerkeess et dans le respect du cadre de gouvernance prévu pour une banque systémique. Transformation stratégique de Spuerkeess FrançoiseThoma © Spuerkeess ParHalimMEGHARBI, SeniorManager au sein du cabinet Partnrs O n s’était habitués au silence. Les réflexes s’étaient relâ- chés. Et soudain, le boome- rang est revenu : non seulement le terrorisme, mais surtout lama- nière dont on le finance. C’est là que tout se joue. Le pro- blème, c’est qu’il n’existe toujours pas de définition universelle du terrorisme en droit international. Quali- fier un acte ouunemenace reste donc complexe. Peu importe, au fond : la réalité parle d’elle-même. Dans un paysage géopolitique devenu un véritable labyrinthe, les flux d’argent continuent de circuler librement Leretourdufinancementduterrorismen’ariend’un emballement médiatique. Il résulte d’une série de facteurs qui s’additionnent. En Ukraine, l’économie deguerreetlacirculationd’armesouvrentlavoie àdes traficsversdesmarchés illégaux. EnSyrie, la recomposition politique maintient des zones d’instabilité, notamment entre les auto- rités syriennes (anciennement le groupeHTC) et les combattants étrangersdeDaesh toujours retranchés aux abords d’Idlib.Au Sahel, l’or et la contrebande continuent d’alimenter des ré- seaux parallèles. En Europe, de nouvelles menaces « hy- brides»émergent,mêlantsabotage,cy- berattaques et criminalité organisée. Dans ce contexte, les circuits de fi- nancement ressemblent de plus en plus à ceux du crime traditionnel : de petites sommes, fragmentées, rapides,quipassentsouslesradars quand on ne surveille que les gros volumes. Au Luxembourg, lamise à jour de l’EvaluationNa- tionale des Risques côté blanchiment fixe une base de travail solide. Elle rappelle surtout une chose sim- ple : lefinancement du terrorismen’est pas un sous- chapitre du blanchiment. C’est une mécanique à part. Lesmontants sont souvent plus faibles, l’appé- tit pour le cash reste élevé, et l’équilibre entre canaux formels et informels évolue augrédes opportunités. On parle de dons en ligne parfois sur des plate- formes chiffrées, de réseaux de valeur de type ha- wala (système informel de transfert de fonds), d’abusd’associations, demicro-paiementsvia les cir- cuits bancaires et, quand c’est possible, d’achats ou transferts encrypto-actifs endehorsdesplateformes enregistrées. Enclair : quandoncherche lesmillions, on passe à côté des petits billets. Les processus modernes s’écrivent aussi à travers le numérique : appareils partagés, réutilisationd’emails et de numéros, bascule vers des plateformes crypto nonenregistrées,indicesd’usagede“mixers”.Prisiso- lément,cessignauxneprouventrien.Misboutàbout, surtoutquandilss’ajoutentàdesincohérencesdepro- filoudegouvernance,notammentdanslemondeas- sociatif,ilsprennenttoutleursens.L’enjeun’estpasde toutbloquer,maisdecomprendrecequel’onobserve, derecouperlessourcesetdedémontrerpourquoiune opération est, ounon, déclarée à laCRF. Pour les acteurs régulés, l’urgence est double. S’ali- gner, d’abord : comprendre et anticiper le volet « fi- nancement du terrorisme », au lieude le subir.Agir, ensuite : transformer laboussolepublique enactions concrètes. Revoir les évaluations de risques par pro- duit, canal et pays ; faire évoluer les scénarios dedé- tectionvers des «patterns »depetitsmontants et de fortes fréquences ; relier le client à la réalité de ses flux ; former les équipes au plus près du terrain. Danscecontexte,lescabinetsdeconseiljouentunrôle clé.Ilssoutiennentlesacteursrégulésdansl’anticipa- tion, lamise enœuvre et le suivi desmesures liées au financementduterrorisme,enalliantexpertiserégle- mentaireetconnaissanceduterrainluxembourgeois. Finalement, ce qui fait la différence, ce n’est pas la quantitédeslides,maislarépétitiondesbonsréflexes. Au fond, il ne s’agit pasd’un“retour aufinancement du terrorisme” au sens strict du terme mais d’une évolutionde sesmodes opératoires. Le phénomène s’est diffusé. Il progresse peu à peu, du cash à la crypto, des collectes caritatives aux systèmes infor- mels. La réponse, elle, tient en trois mots: voir plus petit. C’est là que se cache l’essentiel, et c’est là que la Place peut faire la différence, en restant à la fois conforme aux standards, mais surtout efficace. Car aubout ducompte, ce qui compte, cene sont pas les grandes déclarations mais les décisions prises au bon moment, fondées sur des faits et suivies jusqu’au bout. Sources:Europol,GAFI,ministèredelaJusticeLuxembpourgeoise,CSSF Financement du terrorisme : un risque discret qui gagne du terrain
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