AGEFI Luxembourg - avril 2024

Avril 2024 33 AGEFI Luxembourg Fonds d’investissement Par Alexis BIENVENU, Gérant, La Financière de l'Echiquier L e cacao réduit en poudre tous ses records. Début avril, le contrat à terme a touché 10.000 dollars la tonne à la bourse deNew York, alors qu'il en valait enmoyenne 3.000 ces dernières décennies. Une en- volée de 260%sur un an, surpassant la progression annuelle de la valeur fétiche dumoment, Nvidia! Unmotifderéjouissancepour certainsproducteurscertes,et certainement pour quelques spéculateurs, mais qui reflète surtout des difficultés pour toute la chaîne de production. Quant aux croqueurs de chocolat, déjà soumis à une inflation alimen- taire galopante ces deuxdernières années, ils voientleurrefugededouceurattaqué,mêmesileprix du cacaone constitue que 5 à 10%duprixfinal d'une tablette de chocolat. Comme dans tout phénomène extraordinaire de marché, ingrédients fondamentaux et spéculatifs se mêlent pour concocter cette potion amère. Les derniers ne font qu'amplifier les premiers, la spéculation ne s'épanouissant que sur un terrain favorable, lorsque les germes de la crise ont éclos. Quels sont ces germes, comment les traiter, et qu'y peuvent les marchés ? Les germes les plusmanifestes n'ont guèrede portée générale : trop de pluie, de soleil en- suite, ont accablé les principaux pays pro- ducteurs en Afrique. L'harmattan a fait régner sa loi. D'autres germes endisent davantage sur l'état du monde. En toile de fond, la dérive climatique, ampli- fiée ponctuellement par le cycle d'El Niño, s'est soudainement accéléréepour engendrer en 2023 un dérègle- ment quemême lesplus alarmistes des climatologues n'expliquent pas : 0,2°Cd'excédentdetempératuremoyennesur leglobe, uneamplitude record.Onpeut ydéceler les signes d'une perturbation du cycle de la végétation, qui n'augure pas de meilleures récoltes régulières pour les années à venir. Certaines seront meilleures assurément,mais la tendance ne plaide pas pour un retourdurableauxconditionsancestrales.Ilvafalloir s'y adapter ! Autre ingrédient fatal, en agriculture comme en fi- nance:lemanquedediversification.L'approchepro- ductiviste standardenagricultureadonnénaissance à des plantations industrielles de cacaoyers dépourvuesdediversité, ausolmécaniquement ap- pauvri,gagnéessurd'anciennesforêtsfertiles,parfois primaires. Il suffit alors d'un grain de sable dans le système, en l'occurrencedepluie oude vent, pour le perturber totalement puisque tous les arbres n'en sont finalement qu'un seul. Si les conditions s'y prêtent, les parasites prospèrent à l'excès, les mécanismes naturels d'auto-régulation par la diversité des espèces étant brisés. Le même phénomène affecte les plantations industrielles de pins en Europe ou auCanada par exemple. Une dernière défaillance de diversification se révèle à l'occasion de cette crise, comme elle se manifeste dans les crises industrielles, celle de l'approvision- nement. Tout comme la production de puces élec- troniques de pointe est concentrée à Taiwan, exposantl'économiemondialeàunepossibletension locale, la production de cacao est concentrée à près de 60%enCôte d'Ivoire et auGhana. Une meilleure répartition mondiale, aux dépens certes de la concentration des avantages productifs à court terme, donc du prix de revient, aiderait à équilibrer le risque environnemental, donc à lisser les prix sur le long terme. La crise du cacao révèle ainsi en creux les risques in- hérents à la monoculture et à l'industrialisation du vivant.Unerecettebienconnueexistepourremédier à cesmaux, industriels comme agricoles : ladurabil- ité. Complexe àmettre enplace, coûteuse audépart, politiquement difficile à assumer, elle permet pour- tant demaximiser la rentabilité à long terme. Diversification des espèces, rotation des cultures, jachère transitoire, prix soutenablespour lesproduc- teurs,spéculationsurveillée,restaurationdesmilieux et des cycles : les ingrédients sont à disposition, bien qu'ils ne soient pas spontanément mis enœuvre. Ce type d'approche réside en partie dans la main des marchés, qui peuvent infléchir les flux de cap- itaux vers une forme de rentabilité plus réfléchie. La preuve en est donnée par le groupe LBP AM, dont La Financièrede l'Echiquier fait partie, qui ren- force régulièrement ses ambitions de durabilité dans ses investissements, sans sacrifier les objectifs financiers. Une mise à jour de sa politique biodiversité vient ainsi d'être publiée, assortie de 6 engagements. Cela nerésoudracertespaslacriseactuelleducacao.Mais l'initiative montre du moins qu'une partie des in- vestissements peut être drainée vers des pratiques plussaines,doncplusrésilientesauxcrises.Unecon- dition pour que le futur soit moins amer... et que le chocolat reste une fête. Fève amère F rédéric Goblet, co-fondateur d’Ascot Investments (Hoeilaart, Belgique), était l’orateur invité fin mars dernier à la tribune d’Ecofin Club Luxembourg dans les salons du Cercle Munster. Le familyoffice AscotInvestmentsaétécréévoici une petite douzaine d’années par Frédéric Goblet et Rolf Sickman, ce dernier citoyen hollandais. Ces deux experts associés du monde financier et des place- mentsont,avecAscotInvestments, misenplace,pourdesinvestisseurs avertis, une stratégiequi s’écarte, ré- solument, de la gestion classique des portefeuilles d’investissement. Commel’expliqueFrédéricGoblet,ladémarche, fondatrice et originale, d’Asco Investments, fut d’aborddesemettreàl’écoutedessouhaitsfinanciers de leurs familles et de leurs proches. Lespréoccupationsde cesderniers, résume-t-il, se fo- calisaient sur trois critères : des placements en décor- rélation avec la volatilité des marchés boursiers, présentant un «risque modéré», ces placements de- vantparailleursprésenteruncertaindegrédeprédic- tabilité des rendements. L’objectifdeFrédéricGobletetdeRolfSick- man,gestionnairesexpérimentés(plusde 25 ans chacun dans le conseil aux fa- milles) dans le créneau des family offices , fut donc de proposer à ses clients une stratégie de diversification financière, parfois très opportuniste (nous le ver- rons), jusqu’ici pas oupeuusitée. Immobilier de niche Pourdémarrer ses activités, Ascot Investments s’est fo- calisé sur le marché des maisons de repos enAlle- magne et plus précisé- ment la consolidation de ce type d’actif. Via un fonds d’investissement dédié,Ascot,avecdespartenaires allemandsméticuleusement choi- sis, se constitue un portefeuille de maisons de repos qui, après 4 ou 5 ans, est revendu, souslaformed’unlotconsolidé,àuninvestisseurins- titutionnel soucieux d’occuper une position domi- nante dans ce secteur. Ces opérations successives de consolidation ont permis de dégager un rendement de l’ordre de 12%pendant une décennie. Autre marché de niche avec l’acquisition, aux États- Unis,d’immeublesd’écoles,àstatutsemi-public/semi- privé, garantissant une sécurité des loyers, du rende- ment et la prédictabilité de celui-ci. ToujoursauxÉtats-Unisetaveciciégalementdespar- tenaires triés sur le volet, Ascot Investments s’est as- socié plus récemment à une levée de fonds d’un groupe américain qui fédère près de 770 bureaux de postes dans des zones rurales. Ce portefeuille de bu- reaux last mile delivery est loué à long terme au gou- vernement américain «sans grand risque puisque ce service postal est garanti par la Constitution » précise FrédéricGoblet. Au-delà de ces actifs tangibles,Ascot Investments est entraindedévelopper,viaunfondsd’investissement ( litigation fund ), une stratégie de financement de bu- reauxd’avocatsdanslecadredelitigescommerciaux. «Des opérations qui peuvent s’avérer très rentables » sourit l’orateur. Cap sur l’Espagne Mais la stratégie la plus opportuniste du family office deHoeilaart se focalise aujourd’hui sur l’Espagnevia unfondsdédiédanslerachatd’immobilierrésidentiel auprèsd’unevingtainedebanquesnationalesouprê- teurs régionaux espagnols. Concrètement,Ascot,avecsespartenaireslocaux,aide ces banques à alléger leur bilan de biens immobiliers dontellesonthérité,malgréelles,aveclacrisede2009- 2014, biens souvent occupés illégalement. «EnEspagne, la procédureminimumest de trois ans pour obtenir un jugement d’expulsion d’un bien oc- cupé illégalement » explique FrédéricGoblet. Via son fonds spécialisé, Ascot négocie avec les banques propriétaires du bien l’acquisition de celui- ci, avecunedécotede l’ordrede 40à60%sous leprix du marché. Une fois le bien acquis, une autre négo- ciation,viadeuxintermédiairesespagnolsspécialisés etreconnus,s’ouvreavecl’occupantillégalquiestin- vitéàquitterleslieux,moyennantsouventunetrans- action financière «basée sur un accord mutuel, respectant l’éthiqueet la loi» insiste l’orateur. Lebien, choisi dans et autour des grandes villes du pays, est ensuiterafraîchietremissurlemarchéavecunesubs- tantielle plus-value. Depuis l’été 2021, la valeur cumuléedes biens immo- biliers résidentiels remis à la vente (près de 2.000uni- tés) est de l’ordre de 150millions €. Le fonds dédié à ces opérations immobilières espa- gnolesdenicheSpanishResidentialPropertyOppor- tunities Fund offre un rendement net de 8 à 12%. On estime aujourd’hui à près de 130.000 unités les loge- ments occupés illégalement sur le territoire espagnol. Ascot Investments a aujourd’hui sous gestiondes ac- tifsdel’ordrede400millions€aubénéficedequelque 400 familles et proches de celles-ci. Hugo LEBLUD Conférence Ecofin Club Luxembourg Ascot Investments ou l’art de pratiquer le niche investing L uxembourg remains, by far, the leader inglobal cross-border fund registra- tionswith amarket share of 54.6%, al- though experiencing aminor decline by 0.4% in the registrations of theGrandDuchy’s funds in 2023. The total number of global true cross-border funds reached 14,725 in 2023, up from14,607 in 2022.As for the num- ber of global cross-border registrations, it in- creasedby 1.6%to reach 140,635 in 2023, up from138,467 in 2022. Theinsightscomefromthe24theditionofPwCLux- embourg’s Global Fund Distribution (GFD) Poster, offeringacomprehensiveanalysisofglobalfunddis- tribution trends acrossmore than 40 countries. Keyfindings include: Overall trends: - Luxembourg and Ireland maintain significant market share, collectively managing EUR 7.5tn in UCITS assets out of the total EUR 13.1tn European UCITSmarket in 2023. - Luxembourg’s domicile share for cross-border funds is still dominant at 54.6%, while Ireland stands at 36.4%. - Equity funds hold the lion’s share (50%) of global cross-border assets, followedby bond funds at 27%. - UCITS funds command the majority (91.6%) of global cross-border funds, withLuxembourg in the lead with 54.5%, followed by Ireland with a 32.0% market share. - Within non-UCITS true cross-border fund registrations, bothLuxembourg and Irelandgained market share in 2023, increasing by 0.6% and 1.0% respectively. - Franklin Templeton and BlackRock maintain dominance in cross-border distribution, with Fidelity Investments, UBS, and JPMorganmoving up the ranks among top asset managers of true cross-border funds. RegistrationHot Spots: - Europe: Within Europe, Spain was the top country for new registrations (262) followed by Italy (251), Austria (225), andDenmark (217). - APAC: Singapore retains its position as the top marketfornewregistrations,followedbyHongKong andMacau. - Middle East: The UAE further underlines its front- runningposition in the regionwith 401 registrations. -Africa: AlthoughSouthAfrica continues tohave the highestnumberofregistrations(302),thetotalnumber of funds declinedby 8 in 2023. -Americas :Bermudaexperiencedsignificantgrowth with 48 new registrations, while Chile continues to lead the region in total registrations (1,754). Sustainable Finance: -SFDRArticle8:Luxembourgleadswith62.7%oftrue cross-borderfundsunderSFDRArticle8,followedby Ireland (24.9%) andFrance (4.4%). - SFDRArticle 9: Luxembourg dominates theArticle 9 market with 66.1% of true cross-border funds, followedby Ireland (22.2%) andFrance (6.3%). Robert James Glover, Advisory Partner for Global Fund Distribution at PwC Luxembourg said: “The appetiteforglobaldiversificationisundeniable.We’re seeing a surge in new fund registrations, particularly in Spain, as investors seek exposure to international markets. Equity funds remain the clear favourite, holding the majority of cross-border assets. Interest- ingly, UCITS funds continue their reign supreme, with Luxembourg leading the pack. While Non- UCITS haven’t reached critical mass yet, the rising marketshareinkeyjurisdictionssuchasLuxembourg andIrelandsuggestsapotentialshiftonthehorizon.” “We saw a balanced increase of 0.9% in both cross- border ETFs and mutual funds, and the number of registrations grewby 1.6% compared to last year. To thatend,thedistributionlandscapeshowsremarkable resilience, with growth continuing despite the head- winds of a volatilemacroeconomic environment im- pacting the global cross-border funddistribution”. PwCLuxembourgGFDPosterwebpage, https://www.pwc.lu/en/fund-distribution/gfd-poster.html Luxembourg remains key player with more than 76,000 global true cross-border fund registrations

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