Agefi Luxembourg - décembre 2025

Décembre 2025 9 AGEFI Luxembourg Économie L a Banque centrale européenne (BCE) a proposé le 11 dé- cembre de modifier la structure des exigences et des coussins de fonds pro- pres des banques afin de simplifier la réglementa- tion mise en place après la crise financière de 2008 sans pour autant alléger le fardeau réglementaire global. Les banques se plaignent régu- lièrement des mesures jugées complexe et des pays, en parti- culier les États-Unis, font dés- ormais pression pour assouplir les règles en matière de fonds propres en partant du principe que la supervision limite l'acti- vité des banques. La BCE propose d'assouplir les exigences plutôt que de revenir sur le montant des fonds pro- pres que les prêteurs doivent détenir pour se prémunir contre d'éventuels chocs. Ces propositions, rapportées par Reuters le 9 décembre, doivent encore être approuvées par la Commission européenne, qui dispose du pouvoir de propo- ser des modifications au niveau du droit de l'Union européenne (UE) avec le Parlement européen et le Conseil européen. "Les propositions visent à sim- plifier le cadre du système ban- caire européen, tout en préser- vant sa résilience et en veillant à ce que les autorités (...) conti- nuent de remplir efficacement leurs objectifs", a déclaré la BCE dans un communiqué. La première recommandation de la BCE est de simplifier la structure des exigences et des coussins de fonds propres des banques, également connue sous le terme "capital stacks". L'objectif est de ramener le nombre de couches de cous- sins de fonds propres exis- tantes à deux : une réserve non libérable et une réserve libéra- ble que les autorités peuvent réduire en période de crise. Le nouveau coussin libérable résulterait de la fusion du cous- sin de risque systémique (SyRB) et du coussin de fonds propres contracyclique (CCyB), deux exigences de fonds pro- pres distinctes fixées par les autorités de surveillance natio- nales qui sont normalement constitués pendant les périodes calmes et libérés pendant les périodes de ralentissement. Toutefois, les orientations non contraignantes du deuxième pilier sur les niveaux de fonds propres resteraient distinctes, en plus du coussin de fonds propres libérable. La BCE souhaite également simplifier le cadre du ratio de levier de quatre à deux élé- ments, pour inclure une exi- gence minimale de 3% et un coussin de fonds propres unique, qui pourrait être fixé à zéro pour les banques de plus petite taille. La banque centrale propose aussi d'étendre "le régime existant pour les petites banques afin d'inclure davan- tage d'établissements et en simplifiant les règles qui leur sont applicables de façon pru- dente et harmonisée". Réforme des fonds propres additionnels ? La BCE recommande par ail- leurs de renforcer la capacité des fonds propres additionnels de catégorie 1 (Additional Tier 1, AT1) à absorber les pertes lorsqu'une banque fonctionne normalement, conformément aux normes de Bâle. Ces instruments ont fait la Une des journaux en 2023, lorsque Credit Suisse a effacé 16,5 mil- liards de francs d'emprunts AT1 lors du rachat de son concurrent UBS, orchestré par l'État. L'opération a ensuite été jugée illégale par un tribunal suisse, bien qu'un appel soit toujours en cours. Autre solution, "les éléments autres que de capital pour- raient être retirés des fonds propres en 'going concern', à condition que la conformité aux normes de Bâle ne soit pas compromise et que la neutra- lité en termes de fonds propres soit assurée". La BCE a également proposé de simplifier le test de résis- tance ("stress tests") des banques à l'échelle de l'UE afin de les rendre plus utiles à la fois pour la banque et d'un point de vue systémique. Les recom- mandations, approuvées par le Conseil des gouverneurs de la BCE, vont maintenant être pré- sentées à la Commission euro- péenne pour examen et tout changement effectif pourrait encore prendre des mois, voire des années. Source : Reuters ©Reuters Par Philippe LEDENT, Senior Economist, ING Belgique-Luxembourg L ’économie mondiale a fait preuve d’une résistance éton- nante face à plusieurs chocs sans précédent au cours de l’an- née écoulée. À l’approche de 2026, essayons de com- prendre quelles seront les développements économiques des pro- chains trimestres aux États-Unis, en Chine et en zone euro, au regard des dernières évolutions conjoncturelles. États-Unis : Attention aux apparences L’économie américaine a résisté aux tempêtes et devrait croître de 2 % cette année. Toutefois, ce chiffre masque d’importantes fluctuations des stocks et du commerce extérieur d’un trimestre à l’autre. Par ailleurs, plusieurs contrastes restent saisissants : les ménages à hauts revenus conti- nuent de tirer la consommation vers le haut, pro- fitant de la forte hausse des prix des actifs finan- ciers, tandis que les ménages à faibles et moyens revenus éprouvent des difficultés financières, notamment en raison du ralentissement du mar- ché du travail. Dans les entreprises, la situation est similaire. Les investissements dans les technologies et l’in- telligence artificielle (IA) sont en hausse, mais les autres investissements des entreprises sont en baisse depuis trois trimestres consécutifs. Le récent shutdown du gouvernement a provoqué des perturbations et pourrait faire baisser le PIB de plus d’un point de pourcentage au quatrième trimestre de cette année. Une grande partie de ce retard devrait être rattrapée au cours du premier trimestre 2026, à mesure que les arrié- rés seront rattrapés et que l’activité se normalisera. Finalement, 2026 devrait être marquée par les mêmes contrastes : les variables traditionnelles (production industrielle, créations d’emplois, taux de chômage…) peinent à accélérer, mais la vague d’investissements liée à l’IA masque une grosse partie de ce ralentissement. Ceci fait inévitablement peser un risque sur le scénario économique : une croissance fondée sur une vague d’investissements et l’effet richesse lié à la bonne performance des marchés boursiers est forcément plus friable qu’une croissance fon- dée sur des créations d’emplois, une hausse des revenus et une base plus large de consommation. Chine : À défaut de demande intérieure, les exportations devront faire le job La Chine a obtenu de meilleurs résultats que prévu en 2025 et a atteint son objectif de crois- sance d’environ 5 %malgré les tensions commer- ciales avec les États-Unis. La demande extérieure est restée le principal moteur, tandis que les entreprises nationales ont progressé dans l’inno- vation technologique et ont accru leur autosuffi- sance. Toutefois, la croissance a nettement dimi- nué au cours du second semestre de l’année. Le marché immobilier s’est affaibli, les investis- sements en actifs fixes ont diminué et le secteur du commerce de détail s’est essoufflé à mesure que les politiques de reprise perdaient de leur effet. La demande extérieure étant incertaine en raison des tensions actuelles, les décideurs poli- tiques doivent maintenant se concentrer sur le renforcement de la demande intérieure et le réta- blissement de la confiance des ménages et des entreprises. À court terme, ils ne peuvent cependant compter que sur un accroissement des exportations vers les marchés hors États-Unis (l’Europe en parti- culier), ce qui pourrait générer de nouvelles vel- léités protectionnistes de ceux-ci. Dès lors, la Chine devrait, en 2026, une nouvelle fois délivrer son objectif de croissance, sans excès ni panache… Zone euro : les moteurs tournent…mais au ralenti La zone euro a enregistré une croissance positive à chaque trimestre de 2025 et a terminé l’année avec un résultat meilleur que prévu (+1,4 % sur l’ensemble de l’année). L’industrie reste faible, mais la baisse des coûts de l’énergie lui donne un peu de répit. Un cessez-le-feu en Ukraine stimulerait la confiance, tandis que les mesures de relance alle- mandes - en particulier pour les infrastructures et la défense - devraient soutenir la croissance d’ici la fin de 2026. Néanmoins, des risques sub- sistent en raison de la fragilité des finances publiques, en particulier en France. En 2026, la combinaison d’une amélioration conjoncturelle dans l’industrie, d’une légère baisse du taux d’épargne des ménages et des politiques d’investissement et de dépenses publiques plus accommodantes serait en mesure de maintenir le rythme actuel de croissance éco- nomique proche (bien que légèrement inférieur) au potentiel de la zone euro. L’inflation a pour sa part été décevante en novembre (2,2 %, soit légèrement supérieure aux attentes), mais elle devrait bientôt passer sous la barre des 2 %. Malgré cette baisse, la croissance modérée et les pressions persistantes sur les prix signifient que la Banque centrale européenne considère son taux de dépôt de 2 % comme “un bon niveau” pour l’instant. Et puis… il y a les risques Tels sont les développements économiques attendus. Mais avec une réserve importante : il s’agit ici du scénario le plus probable au regard des développements conjoncturels. Ceci signifie aussi que d’importants risques sont identifiés et que leur matérialisation influencerait largement le scénario actuellement attendu. Parmi ces risques, les développements géopoli- tiques (surtout en Ukraine) sont de loin les plus importants. L’évolution du dossier ukrainien marquera clairement 2026. Mais il serait très hasardeux de « parier » aujourd’hui sur un déve- loppement particulier de ce dossier. Sur le plan financier, la valorisation élevée du secteur tech- nologique pose toujours question. Parallèlement, le marché du private credit est devenu très important dans la sphère financière. Tout questionnement autour de sa régulation ou de sa transparence pourrait affecter les marchés financiers et, in fine , l’économie réelle. Bref, l’année 2026 sera forcément marquée par de nouveaux chocs et tout ne se passera pas comme prévu. Mais au moins, réjouissons-nous du fait que le développement conjoncturel de l’économie mondiale n’est pas mauvais et per- met d’envisager 2026 avec un peu de sérénité. 2026 : on prend les mêmes et on recommence ? Get ed. t crip uns lu U11082217 - ing. AL embour C.S.L g •R. embour ux ,L-2965L e cede laGar ux gB.6041 •TV ING Wholesale Banking ,26Pla AgS embour ux INGL La BCE veut simplifier les règles sur les fonds propres des banques

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