AGEFI Luxembourg - juin 2025

AGEFI Luxembourg 30 Juin 2025 Fonds d’investissement Par Christopher DEMBIK, Senior Investment StrategyAdviser PictetAsset Management U n été boursier tranquille, ça n’existe pas. Presque tous les ans, une nouvelle inattendue – dévaluationmonétaire, coupde théâ- tre politique, guerre etc. Ce sera cer- tainement encore le cas cette fois-ci. Voici quelques conseils de bonne hygiène financière pour vivre serei- nement la période estivale. Cacophonie boursière Les derniersmois boursiers ont été chahutés. Tout avait pourtant bien commencé. En début d’année, tout le monde pariait sur les actions américaines. « Elles sont incontournables ». Cen’était pas l’avisdes fonds spéculatifs américains qui les ont vendus massive- ment dès les premières semaines de janvier car elles étaient jugées trop chères. Àla surprise générale, les actions européennes, délaissées depuis deux ans et fortement décotées, ont tiré leur épingle du jeu. Au premier trimestre, elles ont acquis des flux entrants de capitaux sans précédent depuisdes années.Mais ça n’a pas duré. Comme on pouvait le redouter, la baisse de la bourse américaine a fini par se répercuter sur l’Europe dans la foulée du « Jour de la Libéra- tion » de Donald Trump. Puis, renversement de situation. Finalement, la guerre commer- ciale n’est pas aussi brutale que prévu. Les États-Unis ont signé des accords avec le Royaume-Uni et laChine. D’autres sont à venir, en particulier avecl’Asie.Celaaravivél’appé- tit pour le risque et permis aux actions de rebondir. Sur un mois, le CAC 40 affiche une hausse de 7% tandis que le S&P 500 s’envole de 15%*. Nvidia, qui était la star de l’an- née2024,maisqui a connuune fortecorrectionboursièreaupre- mier trimestre, retrouve égale- ment des couleurs. Son action flambe de 40%en unmois ! Comment investir dans des marchés enmontagnes russes ? Cordialement,cequefontlespolicesJaponaises.C’est richeenenseignements.Sanssurprise,laphilosophie d’investissement japonais repose sur une approche radicalement différente de notre vision occidentale. Au Japon, tout commence par le chokin , l’épargne comme devoirmoral. Dès l’enfance, les Japonais ap- prennent à mettre de côté, non pas pour s’enrichir, maiscommevertusociale.Ilsinvestissentenmettant sur l’automatisation et la constance – via des verse- mentsrégulierssurdesfondsactionsparexemple,et en laissant le temps faire sonœuvre. Cette approche prudente et pleine de sagesse de l’épargne peut se résumer en trois principes clés : - L’humilité face auxmarchés : reconnaîtrequ’onne peut pas prédire lesmouvements dumarché à court terme. Chercher à battre lemarché est vain. Cela im- pliqueaussidenepascroiredansdesproduitsfinan- ciers miracles qui proposent des rendements trop élevés pour être vrais. - L’investissementmécanique : des versements pro- grammés chaquemoisdansdes fonds actions oudes produitsdetaux.Nulbesoindesetorturerpoursavoir quel est lemoment le plus opportunpour acheter. - La patience : un horizon d’investissement sur plu- sieurs décennies, sans modification notable de son plan d’investissement initial. Ilfautégalementajouterunebonnedosededétache- ment émotionnel. Quand les Européens paniquent faceauxcorrectionsdumarché et vendent parfois au piremoment,lesinvestisseursyvoientuneopportu- nitéd’achatàprixréduit.Lesfaitsdonnentraisonaux Japonais.Enavril,lesactionsmondialessesonteffon- drées.Ceuxquilesontachetésàcemoment-làontpu obtenirunrendementprochede10%lemoissuivant. Que faire à l’approche de l’été ? Il y a rarement des étés boursiers calmes. Prenons l’été 2015. Sans prévenir, la Chine dévalue à trois re- prises sa monnaie, gênant un électrochoc financier. L’andernier, ce fut ladécisionde laBanquedu Japon d’augmenter son taux directeur qui avait provoqué des remous. L’impact desmauvaisesnouvelles est systématique- ment amplifié pendant l’été à cause de la faiblesse des volumes. Ce sera pareil cette fois-ci. De nom- breuxanalystes craignent une évaluationunilatérale dudollarpar l’administrationTrump. Impossiblede savoir si ce scénario est crédible.Mais il est probable que les institutionnels allègent leurspositions sur les actions à partir dumois de juillet, juste au cas où.Ce seraégalement lebonmoment pour intégrerdesva- leurs défensives dans son portefeuille. Pour un particulier, il peut s’agir d’actions libellées en franc suisse (la devise helvétique remplit tou- jours son rôle de valeur refuge), d’actions des sec- teurs de la consommation et de la distribution qui ont la réputation demieux résister aux épisodes de forte préférence, ou de produits de taux. Cela peut représenter jusqu’à 10% de son allocation d’actifs, ce qui permet de constituer un petit matelas de sé- curité si l’été boursier est agité. *Source : Bloomberg, en date du 21mai 2025. Conseils d’hygiène financière avant un été boursier agité Par Michael John (MJ) LYTLE, CEO Tabula Investment Management (Janus Henderson Investors) L es fonds négociés en bourse (ETF) ont été créés pour offrir aux investisseurs, petits et grands, un moyen simple, peu coû- teux et efficace de structurer leur allocation d'actifs. Dans le monde complexe des titres à revenu fixe, l'ar- rivée des ETF obligataires a donc été accueillie à bras ouverts, en particulier par les acteurs moins spécialisés tels que les fonds multi-actifs et les petits investisseurs institu- tionnels. À première vue, les ETF obligataires semblent être une réussite : faibles coûts, afflux important de capi- taux, popularité croissante. Mais lorsqu'il s'agit de l'essentiel, à savoir offrir une exposition représen- tative et fiable au marché obligataire, les ETF obli- gataires passifs présentent souvent des lacunes. Les investisseurs n'obtiennent pas l'exposition qu'ils pensent obtenir en raison de données de marché inadéquates. Construire un indice obligataire n'est pas unemince affaire La constitution d'un indice repose essentiel- lement sur deux questions : quelles obliga- tions inclure et comment les pondérer ? L'objectif : créer un portefeuille à la fois repré- sentatif et liquide. Sur lesmarchés actions, cela est relativement simple. Les volumes de transactions sont accessibles au public et la capitalisation bour- sière donne une estimation raisonnable, bien que perfec- tible, de la taille de l'entreprise. Il en va autrement sur lesmar- chés obligataires. Les grands indices ne contien- nent pas des centaines, mais des milliers d'emprunts différents. L'indiceBloombergEuroCorporateBond, par exemple, compte plus de 3 500 obligations. Mais le véritableproblème résidedans la techniquede sélec- tion et de pondération. La plupart des indices se basent principalement sur la taille de l'émission ou le montant en circulation, tout simplement parce que ces données sont dispo- nibles. Même les indices « liquides » utilisent ces données pour sélectionner les obligations les plus importantes.Or, ladisponibilitén'est pas synonyme de pertinence. La taille de l'émission comme critère de liquidité est fondamentalement inadéquate. Lesgrands investis- seurs achètent souvent sur le marché primaire et conservent les obligations jusqu'à leur échéance. La liquidité réelle est donc fragmentée et difficile à appréhender dans les règles d'indexation. La pondération sur la base de la dette en cours fait également l'objet de critiquesdepuisdes années : elle récompense les émetteurs les plus endettés, ce qui peut fausser l'exposition. Plus généralement, elle est utilisée en remplacement dedonnéesdemarchéqui ne sont tout simplement pasdisponibles. La réplica- tion passive des titres à revenu fixe est donc intrin- sèquement imprécise. L'avantage des ETF obligataires actifs Les gestionnaires obligataires professionnels sont conscients de ces limites. Pour eux, la gestion active ne vise pas nécessairement la surperformance, mais surtout la précision. Surpasser l'indice de référence est un plus, mais le véritable objectif est de refléter fidèlement un marché difficile à définir, où la liqui- dité est difficilement mesurable. Cela nécessite une analyse approfondie dumarché, une infrastructure technologique et des systèmes permettant de comprendre toute la complexité, autant de ressources que l'on trouve principalement chezlesgrandsgestionnairesd'actifsdisposantd'une taille et d'une présence suffisantes sur lemarché. Les CLOet les limites de la gestionpassive Les obligations adossées àdesprêts (CLO) et lesprêts représentent une part croissante des marchés mon- diaux de la dette et méritent donc une place dans les portefeuilles bien diversifiés. Il existe désormais des indices CLO, mais le marché ne propose pratique- ment aucune offre d'ETF passifs dans cette catégorie. Tous les ETF CLO existants sont gérés activement. Les données, les systèmes et la diligence raisonnable nécessaires pour analyser et comparer correctement lesCLOvontbienau-delàdecequepeuventoffrirles fournisseursd'indices.Danslapratique,uneapproche passive consisterait principalement à suivre le stock des courtiers (les titres que les teneurs demarché ont eux-mêmesenportefeuille),sanstenircomptedefac- teursimportantstelsquelesconcentrationsderisques ou la diversification. La barre doit être placée plus haut,même pour les placements obligataires traditionnels Les limites de l'indexation ne s'appliquent pas uni- quement à des niches telles que les CLO. Les fonda- mentauxdetoutportefeuilleobligatairepeuventéga- lement bénéficier d'une approche active, fondée sur uneconnaissanceapprofondiedumarché.Lesinves- tisseurs qui recherchent un reflet fidèle d'un marché difficile à appréhender à travers les indices tradition- nelstrouverontdanslesETFactifsunealternativeplus précise et plus efficace. Les ETF actifs dynamisent les investissements obligataires By Damien PETIT, Head of Private Banking Investment, Banque de Luxembourg E quitymarkets rallied in the past fewweeks, reversing all the losses posted since President Trump announced steep tariff in- creases on 2April last. Signs of a gradual thaw in the trade war pitting the US against the rest of the world have reas- suredinvestors.Followingafirst trade deal between the United StatesandBritain,talksbetween USandChinese trade represen- tatives also made progress. A significant reduction in the recip- rocal tariffs for a period of 90 days wasagreed,liftingwhatamountedtoatradeembargo between the two countries. The US has slashed the reciprocal rate – on top of the existing tariffs – on Chinese imports from 145% to 30% (including the 20%imposed inMarchunderUS sanctions aspart of its drive to stamp out Fentanyl traffic) while the tariff onUS imports toChinawent from125%to 10%. The easing in tensions is a welcome respite helping to contain the adverse economic effects from the Trumpadministration’sprotectionistmeasures. But the economic fallout is already visible: a surge inUS imports in the first quarter, weaker sentiment indi- cators, and heightened currency market volatility. US economy stalled in the first quarter ThecontractionintheUSeconomy in the first quarter (0.3% on an annualised basis) should beseenincontext.It stemmedmainly from the steep rise in imports, especially of goods (up 50.9%), as US companies rushed to stockpile to avoid the additional costs imposed by Trump’s tariffs. The more moder- ate 1.8% growth in exports was not enough to offset the tariff-fuelled buying spree by importers boom in imports with the net result that international trademade a record negative contribu- tion, dragging down headline GDP growth by 4.8%. Given themajor inventory replenishment during the first quarter, the balance of trade should weigh less heavily onUS growthover the next fewquarters. Sentiment indicators slide Confidence indicators, ledby theUS consumer sen- timent index, continued to weaken in April. The expectationcomponentsof thevarious surveyswere the main drivers of the decline. Will the steep fall in sentiment ultimately be reflected in the economic data, particularly in consumer spending?Although spendingwas still up, the pace of growth slowed to an annualised 1.8% in the first three months of the year.TheslowdowninretailsalesinAprilconfirmed that US consumers are pulling back on spending at the start of the second quarter. Bigmoves in the currencymarkets The US dollar weakened considerably against its maintradingpartnercurrenciestumblingalmost8% since the start of the year. The biggest moves were againstAsiancurrencies:mostnotablytheTaiwanese dollar rose7%against thegreenback in just two trading sessions at the start of May. This surge over a very short peri- odof time seems to have been sparked by speculation that Taiwan would allowits currency to strengthen as part of a trade deal with the US. The increase in the Taiwanese dollar wasprobablyamplifiedbymarketpar- ticipants, such as insurers and export companies with high exposure to the US dollar, selling or hedging part of their positions to capture favourable interest rate differentials Excessive optimism in equitymarkets? While the prospects for trade deals are encourag- ing, it is clear that the tariff on goods entering the United States will not fall below 10%. Recent announcements put the average tariff at 15%.Andwhile this is certainly lower than the 25% imposed in April, it is still six times the average (2.5%) at the end of 2024! Is it fanciful to bet against tariff-induced negative consequences for company profits and the broader economy? We think it is. In our opinion, the major rally in equity markets is driven by a very generous dose of optimism Investor optimism returns Source:USBureauofEconomicAnalysis(BEA),BanquedeLuxembourg

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