Agefi Luxembourg - décembre 2025

AGEFI Luxembourg 12 Décembre 2025 Économie Par dr. Andrei RADULESCU, Macroéconomiste international senior L ’Université des ForcesAériennes de Pologne et leCentre des Exposi- tions deVarsovie ( Zarząd Targów Warszawskich ) ont organisé, le 4 dé- cembre àVarsovie, la confé- rence internationale intitulée La nouvelle génération dans l’aviation , à l’occasionde la Journée internationale de l’aviation civile (7 décembre). J’y ai présenté une intervention en séance plénière portant sur l’im- pact des tendancesmacroéconomiques mondiales sur l’aviation civile. L’aviation civile représenteunvecteur fondamental de liberté,mais aussi unmoteur essentiel de connec- tivité et de mondialisation, surtout aujourd’hui, alors que l’économie mondiale est profondément affectéepar lapersistancedes tensions géopolitiques et commerciales. D’unpointdevuemacroéconomique,l’aviationcivile constitueunebranche cycliquede l’économie, jouant un rôle croissant dans l’économiemondiale. Les sta- tistiques les plus récentes indiquent un impact total (direct, indirect, induit et catalyseur) de l’aviation ci- vile d’environ 4%du PIBmondial, ce secteur soute- nant plus de 86millions d’emplois. Par ailleurs, plus de 30 % de la valeur du commerce international de biens est transportée par voie aérienne. Depuis le début de ce siècle, et surtout après la Grande Crise Financière, on observe un processus de démocratisation de l’aviation civile à l’échelle mondiale. Ainsi, le nombre total de passagers est passé d’environ 1,7 milliard en 2000, à 2,2 milliards en2009,pouratteindre5milliardsen2025 (un niveau record, selon les estimations del’Associationdutransportaérieninter- national – IATA), comme illustré dans le graphique ci-dessous. Cette forte tendance à la hausse dunombre depassagersdansletransportaérienmon- dialaétésoutenueparplusieursfac- teurs, parmi lesquels : l’amélioration du niveau de vie, reflétée dans la progres- sionduPIBpar habitant ; les accordsd’ouverturedes es- paces aériens ; le dévelop- pement urbain, tant dans les capitales que dans les villes de rang 1 et de rang 2 ; ledynamismedescompagniesaé- riennes à bas prix (low-cost) ; l’innovation dans l’in- dustrie aéronautique. Nombre de passagers dans l’aviation civile mon- diale (enmilliards) Source:représentationbaséesurlesdonnéesdelaBanquemondialeetde l’IATA Larelationdirectementproportionnelleentrelenom- bre de passagers dans l’aviation civile mondiale et la dynamiqueduPIBpar habitant à l’échelle globale est présentée dans le graphique ci-après. Nombre de passagers dans l’aviation civile vs. PIB par habitant dans lemonde Source:représentationbaséesurlesdonnéesdelaBanquemondialeetde l’IATA J’attirel’attentionsurlefaitquelenombredepassagers dans l’aviation civile mondiale a enregistré, ces der- nières décennies, un rythme de croissance annuel moyen supérieur à celui de l’activité économique mondiale. Cependant, lors des annéesmarquées par des crises ou des chocs économiques mondiaux, le nombre de passagers a évolué moins favorablement que le PIBmondial. Les perspectives pour l’évolution de l’aviation civile mondiale sont positives à moyen et long terme, le nombre total de passagers pouvant dépasser le seuil de 18 milliards à l’horizon 2050, selon les prévisions que j’ai élaborées. Ce scénario est soutenupar une série de facteurs, no- tamment les perspectives démographiques et écono- miques de l’Asie et de l’Afrique, l’amélioration de l’efficacitédescompagniesaériennes,l’intégrationdu progrès technologique (qui soutiendra la tendance à la réduction des émissions de carbone) et un accent accru sur la qualité. Il est bien connu qu’une piste de 3 kilomètres peut être réalisée bien plus rapidement qu’une autoroutede 1 000kilomètres. Ce scénarioest également appuyé par la stratégie actuelle de la Banquemondiale, axée sur cinq secteurs, dont les in- frastructures, le tourisme et les branches industrielles manufacturièresàfortevaleurajoutée.Lesprévisions lesplusrécentesdeBoeingindiquentquelesconstruc- teursaéronautiqueslivrerontplusde43000avionsci- vils au cours des vingt prochaines années, la flotte totalemondialedevantcroîtred’environ27000appa- reils l’année dernière à près de 50 000 en 2044. Enfin, lors de la conférence, j’ai attiré l’attention sur le fort potentiel de développement de l’aviation civile danslespaysd’Europecentraleetorientale.Lelance- mentdenouvellesroutesetledéveloppementdenou- veaux aéroports contribueraient à améliorer la connectivitéintrarégionale,maisaussicelleentrecette région et le reste dumonde, avec un effet d’entraîne- ment sur d’autres secteurs économiques. Ledéveloppement de l’aviationcivile enEurope cen- trale et orientale contribuera à renforcer la conver- gence économique entre les pays de la région, un facteur fondamental de stabilité dans un contexte mondial dominépar les incertitudes. Lesdonnées les plusrécentesdel’IATAindiquentunecontributionto- tale de l’aviation civile au PIB inférieure à 2% en Po- logne et en Roumanie, bien en dessous des niveaux observésenAllemagne,enFranceetenItalie,comme illustré dans le graphique ci-dessous. Contribution totale du transport aérien auPIB Source :représentationbaséesur lesdonnéesde l’IATA Journée internationale de l’aviation civile La nouvelle génération dans l’aviation L e 2 décembre, leminis- tre de l’Économie, des PME, de l’Énergie et duTourisme, LexDelles, a présenté la nouvelle contri- butionde l’État aux frais de réseau électrique ainsi qu’un état des lieux des avancées nationales enmatière d’éner- gies renouvelables. Le gou- vernement poursuit trois objectifs : garantir une élec- tricité abordable, sécuriser l’approvisionnement et ac- croître la productiond’éner- gie renouvelable au Luxembourg. Àpartirdu1 er janvier2026,etpour au moins trois ans, l’État prendra enchargeunepartimportantedes fraisderéseau.Cettemesure,auto- matique pour tous lesménages et entreprises,représenteuninvestis- sement de 150 millions d’euros pour la seule année 2026. Elle vise àallégerlafactured’électricité,tout enpermettant lamodernisation et la digitalisation du réseau, essen- tielles pour un système énergé- tique fiable et durable. LexDellessoulignequecetteinter- vention publique offre stabilité et visibilitéàl’ensembledesconsom- mateursgrâceàunebaissedurable des coûts. Dès 2026, l’État assumera aussi intégralement la contribution finançant le développement des énergies renouvelables, aupara- vant prélevée sur chaque client d’électricité. Cette prise en charge complète s’ajoute à l’aide sur les frais de réseauetmarqueun tour- nant dans le financement de la transition énergétique. Concrètement, sans aides, un ménage consommant 3.900 kWh par an paierait en 2026 un prix moyen de 33,9 ct€/kWh, soit 1 322 euros par an. Grâce à la réduction des frais de réseau (-3,8 ct€/kWh) et à la prise en charge du méca- nisme de compensation (-3,6 ct€/kWh), le prix baisse de 7,4 ct€/kWh pour atteindre environ 25,8 ct€/kWh. La facture annuelle descend ainsi à 1.006 euros, soit plus de 300 euros économisés. Parallèlement, le gouvernement poursuit sa stratégie de renforce- ment des capacités renouvelables. Le programme « Einfach, Séier, Erneierbar » accélère les procé- dures pour les projets solaires et éoliens,privilégiantleszonesàfai- ble impact comme les autoroutes, toitures ouparkings. Les résultats sont déjà visibles : le photovoltaïque connaît une crois- sance exceptionnelle, avec 150 MW installés en 2024 puis à nou- veau fin2025. Lepays atteint dés- ormais près de 700 MW et plus de30.000 installations, équivalant à la consommation de 137.500 ménages. L’éolien progresse éga- lement avec 7,2 MW ajoutés en 2024 et 16,9MWen2025, pourun total de 230 MW répartis sur 74 installations, couvrant quelque 125.000ménages. Au total, la production renouve- lable nationale atteint 1,6 TWh, dépassant largement la consom- mation électrique résidentielle estimée à 1 TWh. Pour Lex Delles, ces résultats démontrent une transition éner- gétique solide, appuyée sur des investissements publics visant à renforcer l’indépendance énergé- tique, protéger le pouvoir d’achat et soutenir la compétitivité des entreprises. De nouveaux appels d’offresphotovoltaïques, ledéve- loppement continu de l’éolien et laplanificationderéseauxdecha- leur viendront encore consolider cette dynamique. Source : avec le ministère de l'Économie De nouvelles aides pour alléger la facture d'électricité (de g. à dr.)MarcoHoffmann, ministère de l’Économie ; LexDelles, ministre de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme ; OlafMünichsdorfer, ministère de l’Économie ©ME L ’« Enquête annuelle de la Banque européenne d’in- vestissement sur l’investis- sement »* (EIBIS), qui vient de paraître, montre que, bien que les entreprises luxembourgeoises investissent activement, le ni- veau total d’investissement dans le pays reste inférieur à celui d’avant la pandémie. Environ 85 % des entreprises interrogées au Luxembourg ont déclaré avoir mené des activités d’investissement, mais on observe dans le même temps une pru- dencecroissantequantàl’avenir,enparti- culier dans les secteurs des services et du bâtiment, où les perspectives sont les plus négatives. Debora Revoltella, économiste en chef de la BEI : «Nous constatons clairement que les défis géopolitiques auxquels l’Union européenne (UE) est confrontée se reflètent dans l’environnement des affaires au Luxembourg. Même si les perspectives ne sont plus aussi positives que les années précédentes, les entre- prises luxembourgeoises continuent de faire preuve de résilience. Le taux élevé d’adoption des technologies numé- riques est également un signe encoura- geant, qui montre que le pays figure toujours parmi les chefs de file de l’in- novation dans l’UE. » L’enquête, menée auprès de plus de 12.000 entreprises de l’UE et de plus de 800 entreprises américaines, interrogées entre avril et juillet 2025, indique égale- ment que les entreprises s’attendent prochainement à une détérioration de l’accès au financement. Par rapport à la précédente enquête EIBIS (2024), un plus grand nombre d’entreprises anticipent une détériora- tion tant du financement externe (solde net : -20 % contre -4 %) que du finance- ment interne (-11 % contre -2 %). Malgré ces défis, 16 % des entreprises restent optimistes quant à leurs perspec- tives commerciales pour l’année à venir, chiffre largement supérieur à la moyenne de l’UE. Autre point positif, l’adoption de l’in- telligence artificielle (IA) gagne du ter- rain. Environ 43 % des entreprises luxembourgeoises interrogées utilisent désormais des outils d’IA générative dans aumoins un domaine de leur acti- vité, ce qui est supérieur à la moyenne de l’UE, qui s’établit à 37 %. Ces outils sont surtout utilisés dans le cadre de processus internes (63%), d’activités de marketing et de ventes (56 %) ainsi que des services clients (53 %). S’agissant des obstacles à l’investisse- ment, les défis d’ordre réglementaire semblent augmenter : 69 % des entre- prises se disent préoccupées par l’ap- parition de nouvelles règles et normes (ce qui est supérieur au chiffre de l’an- née dernière – 47 % – et à la moyenne de l’UE – 59 %). Parmi les importateurs / exportateurs, 52 % déclarent rencontrer des pro- blèmes liés aux douanes et aux droits de douane. Ce chiffre représente plus du double de celui de l’an dernier et est conforme à la moyenne de l’UE. Il est à noter que 15 % des entreprises impor- tatrices s’attachent effectivement à réduire leurs importations, contre 7 % en moyenne dans l’UE. * Les résultats de l’enquête sont intégrés dans le rapport annuel sur l’investissement, la publication phare du départementAnalyseséconomiquesduGroupeBEI,qui examine les perspectives d’investissement pour l’écono- mie européenne. Le rapport complet concernant le Luxembourgestdisponib lesurhttps://short.do/DoPa60 Les entreprises luxembourgeoises investissent de manière très active mais restent prudentes quant à l’avenir BOMEXUL VIEWROVE RUT S NMETSEVNB I IE GRU 520Y 2EV PIB par habitant (‘000 dollars) (axe de droite) Nombre de passagers (milliards)

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