Agefi Luxembourg - octobre 2025
Octobre 2025 11 AGEFI Luxembourg Économie ParAdelinREMY,Editeur,AgefiLuxembourg (1) Comment le Luxembourg se situe-t-il auniveau international ? D ’un petit pays industriel et agricole au début du XXᵉ siècle, le Luxem- bourg est devenu un État à revenu élevé, forte- ment intégré à l’écono- mie mondiale, et se classe régulièrement parmi les meilleurs au monde dans de nombreux domaines. Bien-être & développement humain Développement humain L’Indice de développement humain (IDH) du PNUD combine l’espérance de vie, le niveau d’éducation et le revenu par habitant. L’IDHajusté aux inégalités (IDHI) prend en compte les dispari- tés internes. - Dans le Rapport sur le développement humain 2025 (données 2023), l’IDHdu Luxembourg est de 0,922 , ce qui le place dans la catégorie du « déve- loppement humain très élevé ». - Classement mondial : environ 25ᵉ . - En IDHI, le Luxembourg reste également dans le top 25, avec une perte due aux inégalités esti- mée à ~9 %. Bonheur Le World Happiness Report se base sur les enquêtes de perception et des moyennes plu- riannuelles. - En 2024 , le Luxembourg est classé 8ᵉ pays le plus heureux au monde (score : 7,122). - En 2025 , il figure au 9ᵉ rang mondial . (2) - Son score se maintient autour de 7,1 , parmi les plus élevés d’Europe et du monde. (3) Gouvernance, démocratie & libertés Démocratie L’ Indice de démocratie de l’Econo- mist Intelligence Unit classe les pays en « démocraties pleines », « démocra- ties imparfaites », etc. - En 2024 , le Luxembourg est toujours classé comme une démocratie pleine , dans la fourchette haute des pays d’Europe occidentale (score régio- nal : 8,38/10). (4) -Même si le classement précis par pays varie d’une année à l’autre, le Luxembourg reste parmi les meilleurs en matière de qualité institutionnelle. (5) Liberté de la presse & transparence - Selon le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 (Reporters Sans Frontières), le Luxem- bourgfigure parmi les États européens où la liberté de la presse reste solide. (6) - Indice de perception de la corruption (CPI) : en 2023, le Luxembourg a obtenu un score de 81/100 , se classant 5ᵉ mondial sur 180 pays. (7) Économie & finances Liberté économique L’ Index of Economic Freedom 2025 (Heritage Foundation) attribue au Luxembourg un score de 79,5 , ce qui le classe 5ᵉ économie la plus libre au monde . (8) Compétitivité & innovation - Le Luxembourg a réintégré le top 20 mondial dans les classements de compétitivité (World Eco- nomic Forum, WEF et autres indices), grâce à un environnement des affaires solide et une bonne ca- pacité d’innovation. (2) - Dans le European Innovation Scoreboard 2025 , le Luxembourg est classé 7ᵉ . Résilience économique - Selon l’ Indice de résilience 2025 de FMGlobal , le Luxembourgest la 2ᵉ économie laplus résilienteau monde (score 99,5), derrière le Danemark. (2) Finance internationale - Le Luxembourg demeure le 2ᵉ centremondial de fonds d’investissement (après les États-Unis) et le premier centre de distribution transfrontalière . - Il est aussi le principal centre européen pour les fonds islamiques et les fonds de microfinance. Coopération & aide au développement - Le Luxembourg est l’un des rares pays de l’OCDE à consacrer régulièrement plusde 0,7%de sonRNB à l’aide publique au développement (APD). - Depuis plus d’une décennie, il se situe souvent autour de 1%de sonRNB , confirmant son rôle de donateur majeur. Conclusion (perspective 2025) Le Luxembourg continue de se classer parmi les leaders mondiaux en matière de développement humain, bien-être, démocratie, liberté de la presse, liberté économique, compétitivité et résilience. Ses points forts peuvent être résumés ainsi : - un IDH très élevé (0,922) et des inégalités limitées ; - un rang constant dans le top 10 des pays les plus heureux ; - une démocratie pleine et des institutions so- lides ; - une place dans le top 5mondial de la liberté éco- nomique ; - un rôle central en finance internationale ; - une résilience économique exceptionnelle (2ᵉ au monde) ; - un engagement exemplaire en coopération au développement . (1) Adelin Remy, « Le classement international de Luxembourg/InternationalRankingofLuxembourg», Concierge N° 4, Les Clefs d’Or Luxembourg ∙ Sep 1, 2016 (2)LuxembourgTrade&I nvesthttps://www.tradeandinvest.lu/ (3) theGlobal Economy https://www.theglobaleconomy.com/ (4) EIUhttps://www.eiu.com/ (5) Democracy Index 2024 https://static.poder360.com.br/ (6) ReportersWithout Borders https://rsf.org/en/ (7) Transparency International https://www.transparency.org/ (8) TheHeritage Foundation https://static.heritage.org/ Editorial Classement international du Luxembourg 2015-2025 Par Philippe LEDENT, Senior Economist, ING Belgique-Luxembourg B ien que ce sujet ait été abordé à maintes reprises, revenons sur l'impact des droits de douane américains à l'importation sur l'éco- nomie européenne. Le fait que les droits de douane de- viennent de plus en plus ciblés - qu'ils soient spé- cifiques à un secteur ou même à une entreprise – nécessite sans cesse d’en réévaluer l’impact. Par ail- leurs, cet impact commence à se faire sentir sur les flux d’exportations et reste un élé- ment clé de tout scénario de prévi- sions. Alors, où en est-on ? Depuis le mois de juillet, l'UE et les États-Unis ont conclu un accord-cadre qui clarifie la ques- tion des droits de douane. La plupart des pro- duits ne faisant pas l'objet de tarifs sectoriels sont soumis à un droit d'importation général de 15 %. Attention, ces droits de douane sectoriels ne doivent certainement pas être négligés car ils sont élevés : une taxe de 50 % est prélevée sur l'acier, l'aluminium et le cuivre. Toutefois, la situation reste instable. Fin août, une liste de 407 produits dont la teneur en acier et en aluminium est soumise au prélèvement de 50 % a été publiée de manière inattendue. Le calcul de ce contenu est souvent si complexe et si long que les entreprises risquent de suspen- dre leurs exportations, ce qui est un exemple classique de barrière non tarifaire. Une liste d'exemptions pour les produits essentiels à l'économie américaine, tels que les vaccins, a suivi le 5 septembre. Enfin, le début du mois d’octobre a été marqué par l'annonce de nouveaux droits de douane de 100 % sur les produits pharmaceutiques de marque et brevetés, à moins que les produc- teurs ne puissent prouver qu'ils investissent ef- fectivement dans l'économie américaine. Cette annonce a été suivie d’un accord excep- tionnel entre Pfizer et le gouvernement améri- cain. Grâce à cet accord, certains produits de Pfizer ne sont plus couverts par les nouveaux droits. En contrepartie, Pfizer promet effective- ment plus d’investissements aux États-Unis et une baisse des prix des médicaments. De tels développements illustrent la rapidité et la sélectivité de l'évolution de la politique com- merciale américaine, avec des conséquences di- rectes pour les entreprises qui doivent réviser ou reporter leurs plans d'investissement. Malgré les annonces, le flou juridique persiste On soulignera cependant que l'incerti- tude juridique demeure. Le 5 novembre prochain, la Cour suprême des États- Unis devrait rendre un arrêt sur la léga- lité des droits de douane généraux, et non des droits de douane sectoriels. Certains considèrent par ail- leurs que les droits de douane sur les produits pharmaceutiques ne s'appliqueraient pas à la production et aux exportations euro- péennes, étant donné que l'accord-cadre continue de s'appliquer ici. Ce point est-il juridi- quement clair ? Pas vraiment… Un impact non négligeable Qu'est-ce que tout cela signifie concrètement pour l'Europe ? Le passage à des droits de douane sectoriels a pour conséquence que l'impact par pays dépend fortement du profil des exportations. La Slovénie, qui exporte relativement beaucoup de produits métalliques, pourrait connaître une augmenta- tion de 45 points de pourcentage du tarif appli- qué sur ses exportations, et non 15 points. Les grands pays comme l'Allemagne, la France et l'Espagne se situent autour de la moyenne européenne, avec une augmentation de 18,4 points de pourcentage. L'Irlande a été relative- ment épargnée, avec une augmentation de seu- lement 10,5 points de pourcentage, grâce aux exemptions sur les vaccins. L'impact économique direct ne peut être sous- estimé, car il représenterait 0,3 % de perte pour le PIB européen au cours des deux prochaines années. On peut s’attendre à ce que l'impact né- gatif se fasse rapidement sentir. Au début de cette année, les entreprises ont essayé d'aug- menter leurs exportations avant l'introduction des droits de douane. Par conséquent, les taux de croissance des ex- portations vers les États-Unis restent positifs pour cette année. Mais la tendance à la baisse a commencé et les exportations vers les États- Unis, toutes choses étant égales par ailleurs, pourraient chuter de 17 % à court terme. À plus long terme, les effets indirects pourraient aggraver les dommages et atteindre 0,86 % du PIB européen. Les droits de douane faussent en effet les processus de production, réduisent les investissements et affaiblissent la consomma- tion. En outre, ces droits de douane affectent les flux commerciaux mondiaux, exerçant une pression supplémentaire sur la demande de produits européens. En conclusion, la nouvelle politique tarifaire des États-Unis sous Trump constitue bel et bien une véritable menace pour l'économie européenne, à la fois à court et à long terme. Mais il ne faut pas voir cette menace comme un choc brutal, lourd, mais qui disparaît rapidement. Il s’agit plutôt d’un poison à action lente, dont l’écono- mie de la zone euro se serait bien passée. Tarifs américains : le poison lent de l’économie européenne
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