Mensuel : Edition de avril 2007
Rubrique : Ressources humaines
Titre : Rencontre avec Gwladys Costant, Manager, Robert Walters Luxembourg
“Les professionnels des RH doivent faire preuve de plus en plus de créativité dans l’élaboration des packages”
Article : Pouvez-vous nous présenter votre société?

Robert Walters, présent sur cinq continents, est une référence mondiale en matière de sélection de cadres financiers. La cotation à Londres, élue "meilleure introduction en bourse" en 2000, a récompensé plus de 20 ans de créativité, de croissance et d’approche qualitative. Robert Walters est à Luxembourg depuis 2001 et n’a cessé de grandir.

Comment votre groupe s’est-il comporté en 2006?

En 2006, le cabinet a généré 100% de croissance et a recruté massivement pour renforcer ses deux divisions: l’"Executive Search", cœur de métier du bureau luxembourgeois et, les "Fonds d’investissement" en partenariat avec nos experts de Londres et Dublin. En effet, l’année 2006 a été un boom en matière de recrutement financier sur la Place. Nos clients ont pratiquement tous fait appel à nos services afin de les accompagner dans leur croissance. Le nombre de candidats placés a été multiplié par deux par rapport à 2005. Nos consultants sont également de plus en plus mandatés pour des missions de conseil en ressources humaines, d’études de rémunérations voire d’audits sociaux.

Quels sont les postes les plus sollicités en ce moment?

Le marché du recrutement à Luxembourg est actuellement très centré sur les candidats. Concernant les recrutements financiers, on aurait tendance à penser que les offres d’emploi sont donc supérieures aux demandes. Certaines fonctions reviennent régulièrement ces derniers temps prenant en compte une législation de plus en plus présente à Luxembourg. Ainsi, les candidats juristes, compliance et secrétaires généraux sont extrêmement sollicités. La connaissance des OPC et de UCITS III reste un avantage compétitif ainsi qu’une pratique courante de l’anglais. Avec le développement économique de l’Europe du Sud, on a noté une recrudescence des candidats parlant italien ou espagnol. De plus en plus exposés aux clients, les juristes sont souvent utilisés comme support aux commerciaux apportant une dimension technique rassurante. Il est donc devenu indispensable pour ces candidats d’être à l’aise lors de présentations en interne tant qu’en externe de l’entité.

En termes de gestion de carrière, ces fonctions progressent massivement vers des carrières à orientation "front et middle office" privilégiant les domaines commerciaux ou les relations clientèles (CRM). En pénurie également, les comptables: tout type de compétence est recherché, qu’il s’agisse de la comptabilité générale ou analytique avec une demande particulière pour les connaissances en IFRS. Les professionnels du secteur financier, les sociétés commerciales ou industrielles s’arrachent ces experts pour qui l’anglais n’est plus une option mais une nécessité bien réelle et les qualités de communication fondées sur une notion de service à la direction générale. On remarque également que l’industrie fiduciaire et les sociétés de gestion de fonds immobiliers booste ces demandes ainsi qu’en consolidation. Allant de paire avec une économie florissante, les commerciaux et les chargés de clientèles voient également leurs profils recherchés. Le temps des "beaux parleurs" est révolu ; nos clients sont friands, comme expliqué ci-dessus, de candidats aux compétences techniques solides (théoriques et-ou pratiques, notamment avec les CRM à orientation administration de fonds) et dont les qualités interpersonnelles sont exceptionnelles: communication, esprit d’équipe, prise d’initiatives etc... En matière de gestion fonds, les fonds immobiliers auront fait la part belle aux fonds classiques. Bien que les hedges funds soient toujours en développement, les fonds immobiliers, dont le lancement est souvent assuré par des sociétés allemandes et de plus en plus régulièrement de l’Europe de l’est, incarnent la tendance de l’année 2007. A noter également, le boom des SICARS (Société d'Investissement à Capital Risque) qui, constituée sous forme de société de capitaux, sont exemptées d'impôt sur le Fortune. Ces tendances impliquent une flambée des salaires pour toutes les fonctions décrites ci-dessus et on peut mesurer une tendance globale à la hausse de 8 à 12% en moyenne (voir notre études de rémunérations consultable sur http://www.robertwalters.com/ global_salarysurvey.do).

Quels sont les principaux enjeux des Ressources Humaines

Les grands enjeux auxquels les ressources humaines devront faire face sont majoritairement le recrutement et la rétention de leur personnel. En effet, les multinationales basent leur politique de recrutements sur des candidats forts d’un background universitaire reconnu, dont la carrière est résolument à vocation internationale et avec un potentiel à grandir et faire grandir une entité. Du coup, nos clients ont tendance à investir sur leurs nouvelles recrues dès l’embauche et ils hésitent moins à passer outre leurs grilles de salaires ou à mettre en place un système sur mesure à certaines situations personnelles comme le télé travail, la prise en charge d’un loyer etc… Par conséquent, l’employeur, en laissant plus de liberté à ses employés et en prenant plus en compte l’équilibre professionnel et privé (work life balance), attendra de son employé une flexibilité, également à la mobilité, et une dévotion certaine au travail. Ce concept de work life balance met en évidence le deuxième enjeux auquel les RH font déjà actuellement face: la rétention. Nombreux sont les candidats interviewés qui évoquent le manque de temps privé comme motif de départ. Afin de stabiliser leur personnel, les entreprises doivent donc prendre en compte le bien être de leurs équipes en privilégiant l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Pourtant, ils sont également nombreux les candidats qui nous confient vouloir saisir un autre challenge pour des raisons financières.

On voudrait alors travailler moins pour gagner plus?

A cette question, nos clients apportent moins souvent la réponse de l’escalade des salaires qu’en 2005. Du coup, les professionnels des ressources humaines doivent faire preuve de plus en plus de créativité dans l’élaboration des packages, par exemple avec les plans de pensions ou les stock options. Ces derniers doivent aussi fédérer les employés dont le taux d’ancienneté réduit favorise moins l’esprit d’équipe.

Quels conseils donneriez-vous pour réussir un entretien d’embauche?

Les deux secrets pour réussir un entretien résident dans l’authenticité et la préparation de l’entretien. Rien ne sert de jouer un jeu ou de masquer un échec, un recruteur averti sentira directement un manque d’authenticité dans les réponses fournies et sera amené à tirer ses conclusions par lui-même. Au contraire, assumer ses échecs et apporter des réponses transparentes, récompensent beaucoup plus et engage une relation de confiance, à long terme, entre le cabinet et le candidat. Les réponses auront idéalement été préparées suite à un travail d’introspection qui permettra au candidat de partager les leçons tirées des expériences précédentes. Nous recommandons de se renseigner sur l’entité ainsi que sur la fonction et de préparer une liste de questions, gage de curiosité intellectuelle et de proactivité. Un dernier conseil peut s’avérer utile: transmettez de l’enthousiasme, souriez, donnez envie au recruteur de vous retenir. En matière de recrutement, c’est souvent la personnalité qui prime sur la technicité.

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