Mensuel : Edition de février 2007
Rubrique : Informatique/ Internet
Titre : Les principaux événements en 2006 : analyse IT Asset Management
Une industrie du PC dans le désarroi
Article : Le marché du PC, qui reste l’un des principaux débouchés des technologies de l’information, a connu deux problèmes majeurs en 2006. Vista est le successeur tant attendu de Windows XP, sorti en 2001. Après de nombreux reports, ce produit était attendu avec impatience jusqu’à ce que Microsoft retarde sa sortie à fin 2006. Dans le même temps, Microsoft sort une flopée de produits, dont Office 2007 et ses produits dérivés. Dans les faits, ce retard envoie un message involontaire aux acheteurs professionnels et particuliers: "attendez 2007 pour acheter un nouveau PC et renouveler votre parc logiciel". Il n’est donc pas étonnant de constater que les stands PC dans les grands magasins étaient désertés en cette fin d’année.

Aux grands maux, i.e. la percée fin 2005 d’AMD sur le marché des micro-processeurs pour PC, les grands remèdes: Intel renouvelle d’un coup toute sa gamme. Seulement voilà, les premiers produits de la nouvelle génération, au label "dual core" ne parviennent aux fabricants de cartes mères PC taiwanais qu’à partir d’août 2006. Avec des acheteurs peu pressés d’acquérir des produits déclarés obsolètes par leur fabricant, Intel doit multiplier les promotions afin de se débarrasser de stocks qui s’accumulent dangereusement. Ainsi, à fin juin 2006, le ratio inventaires sur ventes trimestrielles d’Intel atteint-il les 54%, son plus haut niveau depuis les 45% de 2001, pourtant annus horribilis. Ces deux facteurs combinés ont lourdement pesé sur la chaîne alimentaire du PC. La stratégie historiquement gagnante de Dell, ne travailler qu’avec Intel, s’est retournée contre Dell qui a dû admettre AMD comme second fournisseur. Le report de Vista et d’Office 2007 se traduit pour Microsoft par un manque à gagner. Intel a connu l’une des pires années de son histoire. Au final, tout acteur avec une activité PC, est touché.

Le scandale de l’antidatage des stock options

Le nombre de sociétés américaines impliquées n’a cessé d’augmenter durant l’année: au 17 novembre, ce ne sont pas moins de 130 entreprises touchées et 50 dirigeants et administrateurs remerciés. Plus de 80 sociétés sont en cours d’investigation par la SEC. La dernière société phare touchée est Apple. Sur les marchés, le paroxysme est atteint durant l’été, quand est révélé que même Microsoft anti-datait ses attributions de stock-options. La fâcheuse coïncidence avec la correction générale des marchés est certainement un facteur clef expliquant pourquoi les valeurs technologiques ont été laminées.

Fusions & Acquisitions

Un élément plus positif joue, c’est le niveau d’activité des fusions et acquisitions. Nous soulignons ici les principales opérations, en excluant les affaires signées par les fonds de "Private Equity". Il est important de souligner que la vague des fusions&acquisitions atteint maintenant le monde du semi-conducteur et que les fonds de "Private Equity" jouent un rôle moteur. Ainsi, Philips Semiconducteur (maintenant nommée NXP) et Freescale (anciennement Motorola Semiconducteur) sont sorties de la cote. L’Asie n’est pas en reste: fin 2006, l’annonce que le fonds Carlyle Group faisait une offre sur Advanced Semiconductor Engineering, le leader du marché du "chip packaging and testing", fait l’effet d’une bombe. C’est d’ailleurs la plus grosse opération, si elle se confirme, jamais faite à Taiwan. Cette tendance favorable devrait continuer en 2007.

La nouvelle révolution d’Internet

Le cru Internet 2006 n’est pas fameux. Google termine certes en hausse de 11% mais toutes les autres grandes sociétés Internet sont dans le rouge: Amazon.com baisse de 16%, eBay de 30% et Yahoo! de 35%. C’est le ralentissement de la croissance qui inquiète le marché. Paradoxalement, le monde Internet n’a jamais été aussi dynamique, innovant et porteur de ruptures potentielles. Pour souligner certaines des grandes tendances, regardons le classement des 20 premiers sites Web dans le monde en audience (source : www.alexa.com). On y trouve bien sûr les protagonistes traditionnels : Yahoo! (1), MSN (2), Google (3), eBay (13), Amazon.com (20). Mais déjà les acteurs chinois font leur percée. Le moteur de recherche Baidu.com est classé quatrième. QQ.cn, le site de messagerie instantanée dominant est numéro 9. Les portails Sina.cn et Sohu.cn se classent quatorzième et quinzième. Le fait que seul Yahoo! arrive à classer dans le top 20 ses opérations en Chine révèle à quel point ce sont les acteurs locaux qui tirent les marrons du feu. L’irruption de la vidéo est illustrée par le classement en sixième position de Youtube, véritable phénomène, vieux pourtant de moins de deux ans. Nous n’avons certainement pas fini de parler de la vidéo, de son impact et des opportunités d’investissement. La force de l’aspect communautaire est illustrée par la présence de Myspace.com, au cinquième rang, le site où tous les adolescents américains se retrouvent pour partager leurs goûts et de Wikipedia, numéro 12, l’encyclopédie multi-langues en ligne entièrement réalisée et gérée par des volontaires.

Le retour des investissements des entreprises

Il convient enfin de rappeler que les investissements des entreprises sont de retour, après cinq ans de sous-investissements, succédant à la période folle de 1999-2000. S’agissant de tendances structurelles longues, ce mouvement a de fortes chances de se renforcer et de se poursuivre en 2007 et au delà.

Rapport de gestion

Le Fonds en 2006 surperforme largement son indice de référence, le MSCI Information Technology, pour la quatrième année consécutive. Les mouvements sur les marchés de change ont négativement impacté la performance du Fonds, libellée en euros. Ainsi, les dollars US et Taiwan, qui pèsent plus de 50% du portefeuille, baissent de 10,3% et 9,5% sur l’année. La forte baisse de 11,2% du Yen n’a par contre que peu d’impact. En absolu, le Fonds fait mieux que les marchés actions japonais, la même chose que les marchés américains mais moins bien que les marchés européens et émergents.

Les cinq meilleurs contributeurs à la performance sont Research in Motion (Canada, équipements de communication), Cisco Systems, Mercury Interactive (US, logiciel), Network Appliance (US, stockage) et Bea Systems (US, logiciel). Nous avons eu l’opportunité de détailler les histoires de Research in Motion, Cisco Systems et Mercury Interactive (en hausse de 94%, 87%, 60%) dans les dernières Lettres de novembre, décembre et août. Network Appliance, initiée début 2004, figure parmi les dix meilleurs contributeurs trois années sur quatre. La valeur est en hausse de 45%. Bea Systems était détenue pour son potentiel de repositionnement dans des marchés de niche de logiciels d’infrastructure. Le cours termine en hausse de 34% sur l’année. La position a été vendue en septembre, proche de son plus haut de l’année. Les cinq derniers contributeurs sont Analog Devices (US, semi-conducteur), Cambridge Silicon Radio (UK, semi-conducteur), Altran Technologies (France, services), eBay and Dell. Ces valeurs baissent respectivement de 8%, 31%, 27%, 30% et 16%. Aucune de ces positions n’a été vendue. La bonne performance du Fonds est due au stock picking ainsi qu’au choix de tirer parti de la correction estivale pour resserrer le portefeuille autour des valeurs au meilleur potentiel. Cette action a permis de fortement profiter du rebond du deuxième semestre.

Perspectives pour 2007

Les valeurs technologiques sous performent en 2004 et 2005 et les valorisations redeviennent très raisonnables. Début 2006, il parait fort opportun de revenir sur le secteur. Las … 2006 ne tient pas ses promesses puisque le retard du secteur technologique par rapport aux actions monde, malgré un fort rebond pendant le second semestre, persiste. Quid de 2007 direz vous? L’attractivité du secteur nous semble encore plus forte en 2007 qu’en 2006. Mais alors, si le discours n’est pas nouveau, pourquoi 2007 serait-il différent de 2006? Et quels seraient les catalyseurs? Rappelons tout d’abord que les deux principaux facteurs négatifs de 2006, les problèmes dans l’industrie du PC et le scandale de l’anti-datage des stock-options, sont derrière nous.

Le ralentissement économique américain est un facteur de risque très souvent mentionné, ceci dès 2004. En effet, de nombreux investisseurs, ayant raté le fort rebond du secteur technologique en 2003, sont depuis lors restés à l’écart, considérant qu’il valait mieux éviter de se repositionner sur un secteur "early cyclical" en "fin de cycle". L’arrivée tant redoutée du retournement du marché immobilier US déclenche la correction de l’été 2006, qui touche violemment les valeurs technologiques. Or, courant 2007, il est probable que la visibilité économique sera suffisante pour qualifier la nature du "nouveau cycle".

Autant de raisons pour les investisseurs de reconsidérer le secteur technologique. Le retour des investissements des entreprises, alors même que le marché s’est significativement consolidé, est le signe que nous attendons depuis l’éclatement de la bulle en 2000. Ne négligeons pas ce facteur très positif. Enfin, le mouvement de fusions&acquisitions devrait se poursuivre en 2007. Son extension dans le semi-conducteur est la bienvenue tant ce secteur est en retard boursièrement. Ainsi, le panier de valeurs de semi-conducteurs américaines SMH baisse de 17% sur ces trois dernières années, tandis que le Nasdaq100 progresse de 21% (USD, dividendes inclus).

Source: http://www.itasset.com

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