Mensuel : Edition de juillet 2006
Rubrique : La Place
Titre : Le marché, la gouvernance d’entreprise, la mondialisation et l’innovation : éléments moteurs du développement durable
Article : Selon un rapport récent publié par PricewaterhouseCoopers et intitulé "Corporate Responsibility: Strategy, Management and Value", le développement durable va progresser de façon constante au cours des dix années à venir et six grandes tendances vont influencer l’économie au niveau international.

La création de nouvelles stratégies qui répondent aux besoins immédiats sans pour autant sacrifier les besoins des générations futures constitue un défi qu’il faudra relever en tenant compte de l’influence croissante de grandes tendances. D’après le rapport évoqué ci-dessus, il s’agit notamment des mécanismes du marché international, des évolutions en termes de gouvernance d’entreprise, du rythme soutenu des innovations, de la mondialisation, des exigences sociétales changeantes et de la communication.

"Les entreprises viables à long terme font cohabiter intérêts économiques et esprit citoyen. Les entreprises qui réussissent dans la durée sont celles qui intègrent des éléments d’appréciation éthiques dans leurs mécanismes de prise de décision et qui adoptent une gestion basée sur l’intégrité et sur des valeurs généralisées et appliquées au sein de l’entreprise", déclare Pierre Krier, Associé chez PricewaterhouseCoopers Luxembourg.

Les grandes tendances

- Influence grandissante du marché au niveau international, au détriment des politiques gouvernementales. Le rôle de plus en plus important que les marchés vont jouer dans le processus décisionnel s’explique par une demande en constante augmentation, une offre en baisse et un changement dans les schémas de demande de ressources naturelles.
- Revue du modèle financier utilisé dans l’établissement des stratégies adoptées par les entreprises et les gouvernements. Ce nouveau modèle reprendra de nouveaux scénarios, de nouveaux facteurs de risque et un nombre accru de facteurs intangibles et non financiers.
- Les innovations, en particulier dans les industries et métiers de base. L’évolution des conditions économiques va accélérer considérablement le rythme des innovations et influer non seulement la technologie mais aussi les comportements, la conception des produits, les chaînes logistiques et le contexte géopolitique.
- Mondialisation. Les institutions internationales seront responsables de l’élaboration de politiques à l’échelle internationale ; le rôle des institutions régionales ou nationales sera limité à la mise en œuvre de ces politiques.
- Une évolution et non une révolution. Le passage au développement durable se fera surtout de façon progressive. Les entraves à un changement rapide auront la vie dure, mais certains évènements pourront jouer un rôle catalyseur et donner lieu à des sursauts importants.
- Communication. Les médias internationaux pourraient avoir une influence sur les grands thèmes privilégiés par le monde économique et politique et accélérer le rythme des évolutions politiques et comportementales.

Selon Pierre Krier, le secteur économique doit envisager les choses de façon élémentaire et penser en termes d’intégration, d’action et de communication. Dans un premier temps, les sociétés doivent élaborer une stratégie claire en matière de responsabilité sociale et doivent intégrer cette stratégie à leurs activités principales – un peu comme un gène qui serait codé dans leur ADN et répliqué dans chaque cellule du corps de l’entreprise. Ensuite, elles doivent respecter les valeurs et les normes qu’elles ont élaborées pour elles-mêmes.

Ce n’est pas simplement en proclamant l’existence d’un code de conduite que les entreprises obtiendront des résultats s’inscrivant dans la durée ; elles devront également le mettre en pratique jour après jour. Enfin, elles doivent expliquer leurs actions publiquement, qu’il s’agisse de leurs réussites ou des défis auxquels elles sont confrontées. Elles sont les seules à pouvoir combler le fossé entre l’image que la société civile se fait d’elles et la réalité. C’est également à elles de préserver leurs réputations et de servir de modèle aux autres sociétés.
“Alors qu’elle occupait auparavant une place marginale dans le monde économique, la question du développement durable figure désormais au premier rang des préoccupations des actionnaires, des salariés, des organismes de surveillance et des clients. Toute erreur d’appréciation dans ce domaine peut avoir des conséquences sérieuses sur la manière dont le monde extérieur perçoit une société et évalue ses actions”, déclare Pierre Krier.

“On dispose de données de plus en plus nombreuses qui montrent que les sociétés adoptant un comportement responsable sont celles qui obtiennent les meilleurs résultats sur le long terme. D’après les recherches menées par PricewaterhouseCoopers, plus de la moitié des investisseurs institutionnels et analystes financiers estiment qu’une gestion saine des affaires de l’entreprise et que la communication d’informations sur les questions de développement durable sont des indicateurs déterminants de la valeur d’une société.”

Le rapport cité plus haut examine également les problématiques régionales et met l’accent sur les grandes tendances qui donneront une impulsion forte au développement durable. Certaines d’entre elles sont reprises ci-après.

- Europe : Les pays européens dont les économies sont basées sur la consommation font face à des pressions pour accroître leur efficacité, réduire leur impact sur l’environnement et mettre en œuvre des politiques et des pratiques plus axées sur le développement durable. Dans le secteur public tout comme dans le secteur privé, on exige des preuves de gestion saine des affaires, de comportement éthique et de bonne gestion des risques. On exige aussi une prise de responsabilité personnelle de la part des administrateurs et une transparence accrue.

- Etats-Unis: Plus de 80% de la demande américaine d’énergie est satisfaite par les combustibles fossiles et dépend en grande partie d’importations. Etant donné la taille restreinte du marché de biens et de services durables, les grandes sociétés n’ont fait que peu d’efforts en vue de leur développement ou de leur commercialisation. Le monde américain des entreprises est peu enclin à prendre des initiatives en matière de responsabilité sociale et laisse le soin aux ONG et autres parties prenantes de déterminer les mesures importantes dans ce domaine.

- Chine: Les multinationales qui ont des activités en Chine doivent avoir une bonne compréhension des exigences réglementaires locales et doivent faire face à l’absence de prise de conscience des questions de développement durable par les dirigeants locaux. Elles devront être attentives à leurs réputations dans leurs pays d’origine car elles ont des activités dans un pays qui ne considère pas les normes liées au respect de l’environnement et aux conditions de travail comme l’une de ses priorités.

- Inde: En dépit d’une croissance économique rapide, le fossé entre les classes défavorisées et les classes aisées a entraîné une consommation inégale. Le secteur privé nécessite un accès facilité au capital et au crédit sur les marchés internationaux. Il est essentiel de parvenir à une adéquation plus étroite entre investisseurs privés et autres parties prenantes et des efforts sont nécessaires pour améliorer la gestion des affaires.

- Afrique: Le continent africain commence à prendre conscience de la notion de développement durable. Les sociétés ayant des responsabilités sociales dans les collectivités au sein desquelles elles interviennent devront développer des stratégies en matière de développement durable et mettre en œuvre des systèmes de contrôle, de gestion des risques et de remontée de l’information.

- Amérique Latine: De nombreuses sociétés se retrouvent confrontées à un accès difficile au crédit et au capital, sont à la merci de pressions sociales et sont victimes de l’incertitude économique. Le manque de transparence économique et politique en Amérique latine a érodé la crédibilité des entreprises et accru les besoins de certification. L’instabilité politique qui règne dans ces pays a freiné le développement de stratégies saines en matière de développement durable.

Le rapport “Corporate Responsibility: Strategy, Management and Value” est disponible sur www.pwc.com.

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