Mensuel : Edition de juin 2010
Rubrique : Economie/Conseil
Titre : Repenser le Private Banking au Luxembourg
Article : Le mercredi 19 mai, Private Banker 2010 réunissait plus de 200 banquiers et professionnels du secteur, soit quasiment le double de ce qui était attendu au départ, pour faire l’état des lieux. Si le discours de Lucien Thiel (cf. portrait), député CSV et ancien président de l'ABBL, se voulait plutôt sans complaisance sur le thème des crises, il n’en a pas moins, malgré ses facteurs exceptionnels, souligné le fait que le Grand-Duché a déjà survécu à nombreuses crises dans le passé et devrait sortir renforcé de celle-ci.

La 1ère table-ronde fut introduite par Eric Bengel, Rédacteur en Chef du Magazine Gestion de Fortune, qui d’emblée a souligné le décalage existant entre le langage des financiers et les attentes des clients fortunés. Le principal enjeu de l’ingénierie financière n’est-il pas de rendre le métier et les produits et services du banquier privé plus intelligibles pour les clients? Serge Krancenblum, CEO de SGG, a mis en lumière les atouts indéniables du Grand-Duché qui permettent plus qu’ailleurs de répondre aux attentes des clients les plus exigeants. C’est notamment le cas des family fonds, un des exercices dans lesquelles SGG excelle. Philippe Burdeyron, Directeur Commercial de La Mondiale Europartner, a rappelé les points forts de l’assurance vie luxembourgeoise, notamment sa flexibilité et sa parfaite adéquation avec les enjeux de mobilité des patrimoines. Miriam Mascherin, Managing Partner d’Elite Adviser, a souligné de son côté le fossé entre la crise, quelle soit économique ou de confiance envers son banquier et le caractère sensible du patrimoine.

La notion de passion investment que l’on retrouve dans ‘Noble Crus’ et qui devrait prochainement donner lieu à un nouveau fond autour cette fois-ci des montres de prestige: un produit à suivre. Catherine Roux-Sevelle, Directeur-Adjoint de la Banque Privée Edmond de Rothschild Europe, a mis en exergue le rôle de confident du banquier privé tout au long de la vie de son client.

Une approche long-life banking en quelque sorte, tout comme il existe un long-life learning pour maintenir ses compétences à jour. Cela nous amène à la 2e table-ronde sur les talents de demain. Dans une introduction très remarquée, le Dr. Harry Hürzeler, CEO du Swiss Finance Institute, s’est livré à un simple calcul. Si l’on compare les marges dégagées par le secteur et le nombre d’heures travaillées on peut estimer le tarif du private banking à près de 1000 EUR de l’heure. Il est donc légitime de s’interroger sur le service qu’on offre au client pour ce prix. Pascal Meier, Managing Director d’Edouard Franklin nous a présenté une étude qui a démontré que la banque Pictet arrive en tête des sociétés dans lesquelles les banquiers privés souhaitent travailler, au Luxembourg et en France. Karine Scholtes, HR Manager-Senior de Pictet & Cie (Europe) SA, a souligné l’importance des relations humaines au sein de l’entreprise et notamment la communication avec la direction, le partage de valeurs communes et les bénéfices indirects pour les clients. La vision du renforcement des compétences présentée par Etienne Planchard, Membre du Comité de Direction et DRH de la Banque du Luxembourg est menée par la nouvelle donne instaurée par la crise qui met en avant la nécessité d’adopter une approche plus structurée et plus transparente. Cette approche est un projet de gestion des compétences lancé en 2008 par la Banque de Luxembourg en collaboration du CRP Henri Tudor.

Lucien Thiel a souligné de son côté les progrès fulgurants de la place en matière de formation, qu’il s’agisse de la FDEF (Faculté de Droit, d’Economie et de Finance) de l’Université du Luxembourg, de l’IFBL (Institut de Formation Bancaire Luxembourg), de l’ATTF (Agence de Transfert de Technologie Financière) ou de la LSF (Luxembourg School of Finance). Après le lunch, les participants se sont retrouvés pour un compte-rendu détaillé sur les nouvelles normes OCDE en matière d’échange d’informations en commençant par une introduction de Maître Thierry Afschrift, juriste européen, sur article 26 du Modèle de convention fiscale de l’OCDE sur le revenu et la fortune. Paul Chambers, Partner chez ATOZ, a ensuite donné les points importants sur l’évolution historique du secret bancaire au Luxembourg et les directives européennes en matière d’échange d’informations.

Rüdiger Jung, Head of Legal and Tax de l’ABBL a enchaîné sur le secret bancaire au Luxembourg face aux normes OCDE, suivi par Gérard Lommel, Président de la Commision Nationale pour la Protection des Données qui a informé plus particulièrement sur la protection des données à caractère personnel, ainsi que sur les limites de la coopération administrative et l’échange international de données en matière fiscale. André Serebriakoff, Head of Legal de KBL European Private Bankers a terminé cette table-ronde par quelques détails pratiques sur les procédures, les administrations concernées et les recours ainsi que les quelques premières expériences dans la matière.

La dernière et 4e table-ronde couvrait les nouveaux marchés du private banking. Comment Luxembourg peut se positionner en dehors de ses marchés traditionnels? Etienne Hirsch, Directeur Banking Advisory de PricewaterhouseCoopers a commencé cette table-ronde par une étude sur les où, qui, quoi, comment et pourquoi et des actions entreprises par les banques privées pour le développement de nouveaux marchés à partir de Luxembourg. Michel Buysschaert, Head of Dexia Private Banking a listé les marchés à haute croissance développés à partir du Luxembourg et de la Suisse. Il a été suivi par Roger H. Hartmann, CEO de VP Bank qui a continué le débat en pointant sur le besoin de se repositionner sur les marchés émergents (Asie et Europe de l’Est) par un engagement à long terme, une internationalisation qui doit être soutenue par l‘ensemble du groupe.

Une intervention saluée par le public pour un orateur hors pair. Cédric Roland-Gosselin, Head of Private Banking de ING Luxembourg a terminé cette dernière table-ronde de la journée en partageant avec nous les étapes parcourues par ING d’un business traditionnel vers un business orienté nouveaux marchés, avec un focus Europe de l’Est et notamment sur le marché polonais. Les informations reçues pendant cette journée de débats ont été discutées en petits groupes pendant le networking cocktail qui a clôturé ce premier évènement Private Banker, dont la prochaine édition sera annoncée prochainement.

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